Une pochette sympathique, une musique qui ne l’est pas moins, parfois, ça suffit pour se lancer dans une chronique qu’on imaginait difficile à trouver. Et je l’avoue, je n’avais jamais entendu parler des californiens d’ANGELS CUT, cet argot évoquant les vapeurs de whiskey durant la distillation…Mais cette erreur est réparée, puisque je viens ce matin vous entretenir de leur premier LP, disponible sur toutes les plateformes officielles depuis cet été, et qui risque de faire craquer les amateurs de Rock N’Roll classique mais couillu qui sommeillent en vous. Et avec une telle dose d’énergie et d’implication, gageons que cette inclinaison ne va pas rester en veille longtemps…
Les ANGELS CUT nous viennent donc de Humboldt County, Californie du nord, et s’articulent en quintette, autour de Mike Molina et Utah Blue aux guitares, Aaron McLaughlin à la basse, Joe Barney au kit et la belle Stephanie Johnson au micro. Leurs ambitions ? Somme toute assez raisonnables, vous faire fondre de leur Rock à tendance Hard assez formel, qui brasse une myriade d’influences donnant une couleur très particulière à leurs morceaux. Ici, l’ouverture est reine, et on ne refuse aucune référence, pour peu qu’elle amène quelque chose de plus à cette petite étincelle qui fait décoller des chansons simples, mais efficaces. Et n’est-ce pas le propos même du Rock tel que nous l’avons toujours connu ? Bien sûr que si, et les douze segments de ce malicieusement baptisé Sick, Sick, Sick sont autant d’hymnes à reprendre on stage, lorsque le groupe arpente les planches d’un club local, un vendredi ou samedi soir de préférence.
ANGELS CUT, c’est un peu le retour du band next door, de celui que vous pourrez apercevoir dans un club enfumé, sans vous y attendre, et qui vous attirera dans ses filets sans artifices inutiles, juste avec le pouvoir très concret de son contact artistique immédiat. On retrouve sur ce premier longue-durée ce qui a fait la gloire de tous ces groupes locaux, qui très humbles, n’ont jamais eu d’autre désir que de vous procurer du plaisir avec des titres directs et sans ambages, construits autour d’un riff fédérateur et de lignes de chant séductrices et veloutées, à toute heure. De la nuit s’entend, celle qui nous unit dans un même élan de folie…
La folie, ce Sick, Sick, Sick n’en manque pas, quoiqu’il reste très raisonnable dans les faits. Récemment signés par Bungalo Records et bénéficiant d’une distribution valable via Universal, les californiens vont donc pouvoir savourer les fruits de leur travail acharné, testé sur les scènes américaines à convaincre le public du bien-fondé de leur démarche classique, qui consiste à défendre et roder un répertoire live. Et de « Sick, Sick, Sick », hit imparable, à « Paper Airplane », conclusion idoine, tout est là pour suggérer que le passage en studio s’est fait de matière naturelle, sans user d’overdubs et autres astuces sans brio, pour proposer une musique brute de chez brut, qui frappe en plein cœur, et qui retranscrit sans doute à merveille l’attitude du quintette en direct. Evidemment, tout ça reste très classique, et certains thèmes ont ce petit quelque chose de déjà entendu, mais dans un créneau assez perméable à toute référence, avouons que Stephanie et ses boys se défendent plus que bien, et parviennent dans un même effort à nous rappeler les ZZ TOP, MATCHBOX 20, Alannah Myles, tout en revendiquant eux-mêmes l’ombre de CCR, des EAGLES, mais aussi de DISTURBED, de RANCID, VAN HALEN, LED ZEP et autres SYSTEM, ce qui nous oppose donc un panel assez large pour un crossover de Classic Rock qui émarge à une bonne hauteur de décibels.
Niveau instrumental, les bougres s’en sortent plus que bien, tout en restant fidèles à des plans simples et des accroches immédiates. On remarque immédiatement le timbre de voix rauque et un peu voilé de Stéphanie, mais la complémentarité des deux guitaristes est aussi manifeste, tout comme la solidité d’une paire rythmique qui ne cherche jamais l’esbroufe. On se rappelle même à certains coins de couplets de nos SHAKIN’ STREET, en version plus light et moins Heavy, bien que certains chœurs très Pop nous éloignent d’une piste durcie qui n’a pas forcément lieu d’être (« Lose It »). Beaucoup d’énergie donc, de la sueur, mais aussi une jolie sensibilité, qui vient frapper à la porte de la Country nationale la plus chérie, pour une acoustique charmante, délicate et partie-prenante, à l’image de ce « One More Day », qui fait partie des réalisations les plus brillantes du combo. Mais ils ont plus d’un tour dans leur sac, et si un certain systématisme dans les arrangements nous perd parfois dans les méandres des similitudes, les ANGELS CUT parviennent toujours à tirer de leur chapeau un lapin au pas médium, qui nous entraîne dans son sillage (« Paper Airplanes »). Et lorsque le ton se durcit, on sent que les californiens sont loin d’avoir tout dit, ce que prouve avec épilepsie le tressautant « Count Me », qui ose enfin taquiner les bourrasques Punk-Rock et Pub-Rock, pour un coup de coude en coup de sang, qui nous persuade que le quintette en conditions de concert doit avoir l’allure fière.
La sueur perle des sillons sur cette première réalisation longue-durée, qui ose même quelques allusions DC des seventies éclairées, via un « Line’Em Up » au riff très fat, et à la basse grondante, et qui confirme cette passion bluesy via l’écho de guitares qui s’imposent sur un beat très penaud sur l’ombragé « Bad Jameson ».
Rock direct, pour quelques sinuosités indiquant que la direction globale pourrait sinon changer, du moins se nuancer, Sick, Sick, Sick est en effet un diabolique diagnostic de malades du Rock qui ne souhaitent absolument pas guérir, mais bien s’enfoncer encore plus dans leur pathologie et leurs tics. Un album très honnête, porté par des musiciens capables et une chanteuse charismatique, qui se veut conclusion d’un parcours que beaucoup connaissent et ont connu, à passer des heures en salle de répète pour affiner un répertoire qui se veut pourtant brut. Et bruts, les ANGELS CUT le sont, mais pas des brutes, et leur musique s’écoute comme on respire des effluves de whiskey, qui s’évadent du fut pour nous griser de leurs fragrances viriles et enivrantes.
Avec un bon deal dans la poche, ces VRP Rock pourraient bien toucher un public de plus en plus vaste, et pourquoi pas, se rapprocher de chez nous histoire que l’on puisse vérifier s’ils ont de quoi nous mettre à genoux. En attendant cet hypothétique jour, sevrez-vous de leur vidéo « Sick, Sick, Sick », visible sur Youtube, et qui vaut le détour.
The number of the beast ? Pas forcément, mais un numéro qui en vaut son pesant. De Rock bien sûr.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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