Attention. Avant d’aller plus en amont de cette chronique, veuillez ne pas confondre ce CONJURER-là (Indianapolis, USA), de ce CONJURER ci (Rugby, UK). Et la différence est de taille. Si les premiers jouent du Sludge/Doom, les seconds jouent du Sludge/Doom/Post Metal, ce qui n’est pas exactement la même chose. La différence entre les deux est proportionnellement la même qui sépare un dimanche de pluie déprimant d’un dimanche de pluie déprimant avec une visite de votre grand-tante venue vous montrer les photos de baptême de sa petite-fille. Je sais que cette tirade d’un esprit chafouin pourra choquer les amateurs du style, mais n’étant pas forcément spécialiste de la cause, j’ai toujours beaucoup de mal à faire la différence entre deux combos lourds et poisseux, même si leur musique est dissemblable. Mais intéressons-nous donc au cas des américains aujourd’hui, formés en 2010, et nous ayant déjà gratifié d’un premier longue-durée en 2015. Après quelques réalisations en format court, dont un split et un single, les CONJURER nous en reviennent donc avec un nouveau chapitre de leur histoire glauque, et marquent un léger changement de direction qui ne sera concret que pour les passionnés capables de faire la différence entre une blanche et une blanche pointée. Si Old World Ritual était encore empreint de formalisme NOLA, Sigils se concentre plus volontiers sur des arabesques plombées et répétitives, légèrement teintées de mélodies chargées, et tourne sa tête en direction d’un Progressif plus ou moins marqué. A vrai dire, et n’ayant pas à ma disposition une expérience suffisante pour jauger du potentiel d’une œuvre aussi concentrique, j’affirmerai sans doute de façon un peu péremptoire que ce second LP fait montre d’un gros potentiel de compression, et offre suffisamment de variations discrètes pour ne pas rebuter les néophytes, sans trahir les accros. Ce qui en substance, est un argument largement assez solide pour vous convaincre d’y jeter une oreille.
Quintet sur les photos et au line-up mentionné sur la toile, mais quatuor annoncé sur leur page Facebook (Dustin Mendel, John Rau, Gabe Whitcomb, Brian Wyrick), CONJURER n’est pas franchement disert au moment de décrire son art. Leur biographie est succincte (We are CONJURER from Indianapolis, IN. We play Doom/Sludge Metal and we started in the winter of 2010), leur parcours plus ou moins discret, et leur musique parle d’elle-même, via des accents emphatiques et des répétitions/itérations que le genre réclame comme figures imposées incontournables. Dès lors, il est difficile d’analyser un disque que les spécialistes du genre connaîtront et reconnaîtront dès les premières notes, si ce n’est en s’attachant à quelques détails qui le différencient du reste de la production. Et les détails étant infimes et difficiles à mettre en avant, la tâche n’en est que plus ardue. Pour avoir tendu l’oreille à de multiples reprises sur Sigils, je dirais que la première impression fut celle d’un groupe suggérant un NEUROSIS reprenant à son compte des compositions abandonnées par MASTODON (la créativité en moins), produites par MY DYING BRIDE, et interprétées par Jaz Coleman, au sein d’une mouture fatiguée de KILLING JOKE. L’image est pour le moins fantaisiste, mais pourtant colle à la réalité des faits, et encercle l’inspiration d’une musique monolithique, déprimante mais pas trop, et résignée à plier sous le poids d’un passé qui proscrit trop d’audace. En gros, du classique, du formel, bien tourné, mais qui finit par tourner en rond évidemment, l’effet produit et recherché étant le même.
Vous me direz, à juste titre d’ailleurs, quel intérêt de chroniquer un disque qui ne fait que répéter ce qu’ont déjà affirmé des dizaines de disques avant lui ? Disons d’une part qu’il faut bien élargir ses horizons, et de plus que Sigils a ce petit plus de linéarité morbide et désabusée qui lui permet de se hisser un peu plus haut que le bord des sables mouvants de la vie routinière. Si l’inspiration est clairement à cheval entre les origines européennes et les digressions américaines plus tardives, on sent en filigrane une déviance psychédélique dans le fond, et une envie harmonique dans la forme, malgré des guitares qui pleurent leurs litanies graves, et un chant qui se contente d’un raclage en bonne et due forme, au gros grain, mais au spleen prenant. Sans aller jusqu’à dire que chaque morceau présente un caractère affirmé, les variations étant mesurées et chiches, l’auditeur pourra quand même apprécier des chapitres en se disant qu’il n’écoute pas exactement la même chose que quelques minutes auparavant. De là, la frontière effective entre Doom et Sludge étant particulièrement difficile à repérer, il conviendra de le faire avec subjectivité, et de classer les CONJURER dans une catégorie intermédiaire, même si le tempo global ne varie pas d’un iota de sa marche processionnelle vers des enfers personnels. Pourtant, quelques arrangements funèbres mais appréciables (« Will Of The Hag »), permettront de rentrer de plain-pied dans la maison des horreurs américaine, d’en accepter la pesanteur, et même de s’enthousiasmer pour sa persistance à nier quelconque forme d’accélération, pour se bloquer sur un tempo lourd, lent et éprouvant (« Across The Void »). Pas de doute, les mecs connaissent leur boulot, et proposent une déviation minime mais concrète sur leur premier effort, se montrant parfois juste assez agressifs pour friser une violence larvée.
En restant honnête, et au regard de la qualité de ce second album, je dirais que Sigils est à réserver aux plus puristes des puristes du Sludge à tendance Doom, et que les autres pourront toujours se raccrocher à un titre ou deux à ajouter à leur playlist. Rien de vraiment notable ou essentiel, mais une qualité stable, et une production qui permet d’apprécier l’oppression globale sans trop souffrir des tympans. Une redondance sympathique, qui vous permettra de patienter entre deux sorties plus fondamentales, mais rien de plus qu’un exercice de style respectueux des codes qui ne fait rien pour les moduler ou les transcender. Un dimanche pluvieux comme les autres en somme.
Titres de l'album :
01. Will Of The Hag
02. Rusted Crown
03. Incantate
04. At Last
05. Across The Void
06. Light Of Death
07. Servitor
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