Avant d’aller plus en avant dans cette chronique et aborder l’aspect musical de la chose, je tiens à décerner à SAVAGE GRACE le prix de la pochette la plus laide de l’année, alors que nous n’en sommes encore qu’au printemps. Le groupe américain a toujours été connu pour son mauvais goût flagrant en termes d’artwork, réussissant à damer le pion à tous ses adversaires en termes de machisme cheap et misogynie crasse, mais même sans bas-résilles et autres victimes non consentantes accrochées à une moto de police, le résultat est toujours aussi catastrophique et digne d’un stagiaire de 3ème apprenant les bases du montage sous Photoshop.
Ceci étant posé, occultons donc cette image atroce pour pouvoir aller de l’avant sans avoir de haut-le-cœur. Trois ans après son second comeback, le combo de Los Angeles/New-York toujours mené par l’intrépide Chris Logue nous offre enfin un nouvel album, le troisième de sa collection, et visiblement, le meilleur si l’on en croit son concepteur. Très confiant, Logue affirme que Sign Of The Cross est l’acmé de sa carrière, avec un paquet de titres tous aussi forts les uns que les autres, loin devant Master of Disguise et After the Fall from Grace. Ces deux longue-durée bénéficiant d’un statut culte auprès des fans, la déclaration n’en est que plus culotée, et si ce troisième tome affiche en effet des qualités indéniables, il est aussi handicapé par une approche anonyme qui retire au groupe tout son sel et son piquant.
Surfant sur la vague des reformations 2K, SAVAGE GRACE nous propose donc via Massacre Records un disque up in time, soit un lien entre un passé glorieux et un présent qu’on aimerait heureux, et sans (systématiquement) renoncer à son style, l’actualise pour le rendre plus efficace et puissant. Et sous cet aspect-là des choses, l’opération est réussie. Au prix d’une singularité totalement abandonnée, ce qui est rarement bon signe.
Autour de Chris Logue s’agitent trois nouveaux venus, Fabio Carito à la basse (PASTORE, SUPREMA, TREND KILL GHOSTS, TIM RIPPER OWENS (live), ex-ADDICTED TO PAIN, ex-Warrel DANE, ex-Roland GRAPOW (live), ex-RAVENLAND (live), INSTINCTED, ex-FURIA INC., ex-SHADOWSIDE), Marcus Dotta à la batterie (HATEMATTER, ex-ADDICTED TO PAIN, ex-Warrel DANE, ABOUT2CRASH, GAIJIN SENTAI, HEAVEN AND HELL - DIO TRIBUTE, ex-VIKRAM, ex-LEATHER (live), ex-Tiago DELLA VEGA (live), ex-TIM RIPPER OWENS (live), ex-THRAM, ex-Leather LEONE (live), ex-Roland GRAPOW (live)), et Gabriel Colon au chant (CULPRIT, ex-FAST TAKER, LYNCH MOB, ex-GOTHIC KNIGHTS). Du beau monde donc pour revenir sous les spots de la scène et dans le cœur des fans. Mais même si SAVAGE GRACE nous avait offert un EP pour son premier comeback, admettons que près de quarante ans se sont écoulés entre son dernier véritable album et ce Sign Of The Cross.
Et quel est donc ce signe de la croix que portent les américains pour mériter l’attention ? Un Power Metal tricoté avec un certain flair, mélodique à souhait, qui laisse parfois la place à un Hard-Rock taillé pour les charts, ou à un Heavy Metal noble et survitaminé, quelque part entre DIO et la scène explosive des années 90.
Mixé par Roland Grapow, qui connaît bien les musiciens pour avoir partagé la scène avec eux, Sign Of The Cross est agréable en oreilles, pour peu qu’on oublie qui l’a composé et mis sur le marché. La rythmique est performante, Chris toujours aussi incisif en riffs et en soli, et la voix incroyable de Gabriel Colon se situe à mi-chemin des gosiers de Geoff Tate et Rob Halford. Des atouts donc, pour une diversité de ton et de fond qui fait plaisir à entendre, mais qui éloigne parfois l’album de son véritable dessein : replacer le Heavy Metal américain violent sur le trône qu’il n’aurait jamais dû quitter, à la manière d’un RIOT de la fin des années 80.
Et l’opération fonctionne, la plupart du temps. Grâce au talent de frappeur de Marcus Dotta qui cogne comme un
Jörg Michael pleine bourre, mais aussi grâce à la dextérité renouvelée de Logue qui nous a réservé certains des riffs les plus germains du répertoire américain. Entre Thundersteel et Painkiller, SAVAGE GRACE frappe fort, mélodique, agressif et viril, à l’image de l’incendiaire « Slave Of Desire », qu’on imagine hurlé dans les oreilles d’une pauvre conquête féminine n’ayant pas vraiment demandé à être traitée comme une groupie énamourée.
SAVAGE GRACE présente donc un visage lifté, aux contours rajeunis mais à l’ADN (presque) garanti. Les lourdeurs d’antan ont laissé place à des envolées plus lyriques, et lorsque les BPM se contrôlent, la fièvre du Metal US des mid eighties revient nous frapper de plein fouet pour réchauffer nos neurones méchamment abimées par le temps passé (« Land Beyond The Walls », boogie-Metal survitaminé et limite thrashé).
Tout n’est certes pas exempt de reproches, mais le résultat global est inversement proportionnel à cette pochette immonde qui fait pleurer les yeux comme un bouquet d’oignons foireux. En misant sur la modernité matinée de passéisme revendiqué et justifié, Chris a fait le bon choix, et délivre un message fort. Mais en optant pour un recadrage central, il a aussi abandonné tout ce qui faisait le piquant de ce groupe si erratique en live, et inconstant en studio.
La grâce est donc beaucoup moins sauvage, plus conventionnelle, mais efficace. « Barbarians At The Gate » est le burner dont nous avions besoin pour cette reprise de contact musclée, « Rendezvous » incarne la minute pratique pour Hard-rockeur gymnaste, « Stealin’ My Heart Away » ose la colle avec la scène Glam américaine d’il y a trente ou quarante ans, mais le tout tient debout, et reste enthousiasmant pour qui n’a pas vraiment idée de ce que SAVAGE GRACE a pu représenter pour nous, rockeurs quinquagénaires.
La meilleure option serait de vendre ce CD sans sa pochette. Parce qu’en l’état, Sign Of The Cross est un énorme cèpe caché sous une gigantesque bouse.
Titres de l’album:
01. Barbarians At The Gate
02. Automoton
03. Sign Of The Cross
04. Rendezvous
05. Stealin’ My Heart Away
06. Slave Of Desire
07. Land Beyond The Walls
08. Star Crossed Lovers
09. Branded
10. Helsinki Nights (Bonus Track)
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