De Calgary, Alberta, déboule HYPERIA, une horde thrashante pas vraiment mesurée ni polie, prête à débarquer sur le monde comme une jolie tempête baptisée d’un prénom féminin délicat. Quoique l’utilisation du mot « débouler » ne soit pas vraiment juste, puisque ces canadiens agacés rythmiquement accusent aujourd’hui quatre ans d’existence, ce qui nous a largement laissé le temps de nous préparer à leur invasion venue du froid. Fondé en 2018, ce quatuor mixte a déjà publié les bans de son union avec un Thrash féroce et bestial, via un premier long, Insanitorium, qui avait explosé en plein vol en 2020 comme une bombe à fragmentation.
Scott DeGruyter (basse), Colin Ryley & David Kupisz (guitare), Gord Alexander (batterie, session studio) soutiennent donc toujours le chant rageur de la petite Marlee Ryley, sorte de cadette de Dawn Crosby et Angela Gossow, qui en tant que frontwoman assure dans les grandes largeurs. La voix de cette femme est tout simplement diabolique, et nous ramène évidemment aux grandes heures des vocalistes Thrash de la trempe des deux précitées, mais aussi de notre chère Sibylle Colin-Tocquaine, de Nicole Lee, et toutes ces pionnières qui ont un jour décidé que les hurlements et autres cris stridents n’étaient pas l’apanage des mâles.
Grand bien leur en a pris, puisque une fois encore, ces tonalités stridentes et complètement possédées transcendent une trame Thrash classique, au point d’atteindre l’intensité d’un Bonded By Blood multipliée par la rage d’un Recognize No Authority.
Vous l’aurez donc compris, les HYPERIA ne sont pas là pour épousseter les meubles ou déplacer un vaisselier, mais bien pour tout fracasser dans un tonnerre de violence rythmique et un déluge de riffs acides. Et loin d’un simple pain dans la tronche nostalgique, les canadiens nous dispensent une réactualisation des canons d’antan, en mélangeant dans leur panse à colère des ingrédients tous plus bouillants et corrosifs. L’énergie qui se dégage de ce Silhouettes of Horror pourrait alimenter en électricité une petite ville canadienne, et dès « Hypnagogia », le triphasé fonctionne à plein régime, et les cheveux frisent sous la décharge.
Entre Thrash vraiment fumasse et Death pas totalement exalté, Silhouettes of Horror fonce dans le tas du Crossover la tête en avant et les manches de guitares en baïonnette. Reposant sur une vitesse de croisière souvent déraisonnable, ce second longue-durée est un modèle de tête brûlée, un hybride entre film d’action HK et horreur américaine débridée, sorte de torture-porn pour les oreilles, qui n’a cure du sort des victimes, du moment qu’elles souffrent le plus possible.
Ce qui n’exclut évidemment pas une certaine forme de finesse instrumentale qui s’articule autour de passages de basse ronds et généreux, de breaks Heavy vraiment puissants, et de mélodies directement héritées de la scène Néo-Death scandinave, comme le démontre le très habile et vicieux « Experiment 77 ». A la manière de l’ASSASSIN d’Interstellar Experience, HYPERIA se veut aussi lapidaire que souple et fluide, et synthétise la brutalité germaine et l’intelligence dans la bestialité américaine. Loin des canons actuels de la vague old-school, le quatuor canadien pousse les curseurs au maximum pour surchauffer l’ambiance, sans jamais risquer la sortie de route. Avec quelques blasts pour corser la sauce, une poignée de riffs plus classiques et de soudaines crises de folie totalement hystériques (« Whitecoat », on ne se remet pas facilement d’un cri d‘intro pareil), ce deuxième album est un véritable modèle du genre, un patient de sanatorium après une consommation excessive de poppers, un psycho-killer l’écume aux lèvres se jetant sur sa proie come un pitbull sur un pauvre chat errant.
Si bien sur les deux guitaristes et la section rythmique donnent tout ce qu’ils ont dans le bide, c’est évidemment la monstrueuse présence vocale de Marlee Ryley qui impressionne le plus, allant presque jusqu’à faire la nique aux tarés de CLOSET WITCH, dans un style totalement différent.
Mais autant le dire sans détour, ce second LP est un véritable coup de boule asséné par un tordu qui vous fend le crâne, mais pas que. Car ces quatre-là savent se montrer fins et beaucoup plus retors, lors de morceaux aux ambitions plus évolutives, comme ce monstrueux « Pleonexia », placé en fin de parcours pour accentuer encore plus les blessures.
On soulignera par contre que la reprise finale de la scie radiophonique disco des ABBA n’était pas indispensable, avec un poussif « Gimme Gimme Gimme », que les anglais d’ABATTOIR (les anglais, pas les américains des années 80) reprennent d’une façon beaucoup plus convaincante. Mais en dépit de ce dernier (léger) faux-pas, la statue ne vacille pas, et la lame tombe sur votre nuque comme celle d’une guillotine tournant à plein régime.
Silhouettes of Horror est indéniablement l’un des albums Thrash de ce premier trimestre, aussi fou que professionnel.
Titres de l’album:
01. Hypnagogia
02. Intoxication Therapy
03. Experiment 77
04. Severed
05. Prisoner Of The Mind
06. Terror Serum
07. Whitecoat
08. Silhouettes of Horror
09. Operation Midnight
10. Pleonexia
11. Gimme Gimme Gimme (ABBA Cover)
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22