Il fait beau et chaud, et inversement. Le printemps cogne enfin à nos portes, et avec autre chose que des déluges de grêle. Les tenues s’adaptent, les sourires pullulent, la joie plane dans un air pur, et les enfants peuvent attendre sereinement les congés de Pâques, sans avoir à craindre l’angine ou le rhume de saison. Mais sincèrement, qui aime le soleil et les vacances quand on peut rester cloîtré dans un vieux mausolée familial avec pour seule compagnie le moisi et les asticots ?
Les japonais de COFFINS ne sont pas du genre à sortir la nappe de pique-nique dès que le soleil nous darde de ses rayons. D’ailleurs, le soleil est leur ennemi le plus juré, celui qu’il faut annihiler à tout prix, ou tamiser au maximum en scotchant les ouvertures dans le caveau de répétition. Oui, car les lascars ne répètent pas dans un local, mais bien dans un cimetière, pour mieux saisir l’humeur de mort qui flotte à tout moment dans les allées. COFFINS, c’est en effet l’anti-joie par excellence. Le remède contre la bonne humeur, la grosse calotte qui fait disparaître les rictus autres que morbides. Une sorte de garde du corps de la mort qui filtre à l’entrée, et finit par laisser passer tout le monde pour grossir les rangs.
Et surtout, plus important, un repère fiable dans le brouillard Doom/Death qui nous entoure.
Depuis 2005 et Mortuary in Darkness, le quatuor mené de guitare de fer par Uchino, seul membre d’origine s’obstine à retrouver l’essence même de la putréfaction à l’américaine, avec un soupçon de fantaisie post-mortem asiatique. On s’est souvent plu à voir en COFFINS l’AUTOPSY japonais, ou l’INCANTATION du soleil mourant, et ce postulat est toujours aussi vrai aujourd’hui.
Ce sixième album à la pochette coup de poing respecte donc tous les impératifs qu’un disque de Death lent et oppressant se doit de suivre. Un son énorme mais granuleux, une profondeur dans les graves, et une attitude stoïque, le tout sur lit de riffs putrides et faisandés. Des figures imposées que le quatuor adore, jusqu’à la mort, et qui nous permettent d’apprécier en 2024 un titre aussi infâme que « Sinister Oath ». Graveleux, grognon, salement méchant, ce title-track symbolise toute l’horreur d’un genre qui illustre à merveille le monde de l’au-delà, quand les trépassés les moins excusables franchissent les portes de l’enfer.
Mais un album ne tourne pas uniquement autour de son title-track, et le nouveau répertoire nippon est toujours aussi peu fripon. Cinq ans après leurs dernières exactions, les quatre musiciens (Uchino bien sûr, et Satoshi - guitare, Jun Tokita - chant et Masafumi Atake - basse) gardent le cap sur la fosse commune, et se repaissent de cire humaine, de chairs décomposées, et d’histoires à mourir debout autour d’un feu de camp. L’atmosphère est toujours aussi répugnante, et développe de solides arguments morbides, que les MYTHIC et autres CIANIDE/WINTER ont utilisé dans le passé, et qui fonctionnent toujours.
Une indéniable lancinance lorsque la vitesse grimpe dans les cotes (« Chain », parfaitement répugnant, au moins autant qu’un Chris Reifert vomissant sur les pompes de Martin Van Drunen), une propension à flirter avec le Doom d’une façon très poussée, allant jusqu’à l’agression, via le monumental et pachydermique « Everlasting Spiral », qui pourrait être la concrétisation musicale d’une douleur persistante sur les tempes, l’estomac et le cerveau. En mode dresseur de zombies, les japonais s’y entendent comme personne pour attirer les hordes de morts-vivants dans leurs filets, leur passant même le micro pour qu’ils geignent leur mal-être.
Toujours peu amènes en soins prodigués à une sépulture vieillissante, pour la laisser se déliter plus rapidement, les COFFINS nous refourguent encore un cercueil de qualité moindre, qui ne résiste que peu de temps à l’attaque du temps. Les liquides dégoulinent, la sueur perle au front, la paranoïa laisse place à la résignation, et à l’acceptation d’une fin définitive qui ne promet aucun paradis ni autre monde plus clément.
On se laisse bercer près du mur par une guitare toujours aussi inspirée et à la mine basse, Uchino n’ayant pas oublié en cinq années comment lâcher des riffs rigides et suintants. Le leader connaît bien son groupe, et continue d’explorer les bas-fonds de la mort comme un pervers arpente les squares. On le sait de plus en plus maître de son destin, et généreux en motifs sentencieux, quelque part entre le purgatoire le plus dégoutant et l’enfer le moins ragoutant.
Les flammes brûlent donc toujours, et même plus vives, puisque « Things Infestation » nous réchauffe d’un âtre Severed Survival plus en pierre de taille que nature. Alternant les humeurs, mais restant toujours sur son terrain de chasse, Sinister Oath est plus qu’un nouvel album, c’est un vœu pieux que l’on respecte dans le silence des cimetières ruraux. Un vœu qui autorise quand même quelques fantaisies en syncopes (le proto-Disco-Death de « Headless Monarch », qui groove comme du BOLT THROWER en plein deuil), et un final encore plus lourdingue que les promesses d’un trente-huit tonnes (« Domains Of Black Miasma »).
Toujours aussi fasciné par les nineties et les défricheurs, COFFINS continue son chemin, clopin-clopant, sans béquille ni déambulateur. Les japonais sont toujours aussi verdâtres, le teint cireux, mais la mine fière et le menton tenu haut. Tout ça sera plus pratique pour l’embaumeur qui pourra peut-être rentrer chez lui avant la nuit.
Ou rester là où il est, puisque lui aussi est décédé depuis longtemps.
Titres de l’album:
01. B.T.C.D.
02. Spontaneous Rot
03. Forced Disorder
04. Sinister Oath
05. Chain
06. Everlasting Spiral
07. Things Infestation
08. Headless Monarch
09. Domains Of Black Miasma
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