Le terme m’a grandement intrigué. On ne tombe pas tous les jours sur un groupe pratiquant un Blackened Speed avant-gardiste, et la curiosité l’a donc emporté sur les doutes quant à la viabilité de la classification. Après tout, des éléments à charge étaient déjà disponibles, sous la forme d’un premier EP et d’un full-lenght, il n’était donc guère difficile de savoir si la description n’était qu’un écran de fumée promotionnel ou une réalité tangible.
Et si SOLIPNOSIS ne joue pas vraiment un Blackened Speed avant-gardiste, il n’en reste pas moins singulier dans sa démarche, entre Black/Thrash sauvage et Black Speed progressif.
SOLIPNOSIS, c’est le nom sous lequel officie en solo Gabriel Gallardo, alias Centavri, membre de divers collectifs dont PUTREFACTIO, REX MORTVVS, ou UGRA DINGIR. Ce musicien chilien omnipotent n’est donc pas du genre à se reposer sur ses lauriers ou à se contenter du minimum, et cette extension solo est certainement l’une des plus séduisantes de son répertoire. Entre méchanceté tout sauf gratuite, ésotérisme renforcé par des parties de guitares tournoyantes, et hermétisme noir comme l’âme du malin, SOLIPNOSIS se pose en point de jonction, et nous entraîne sur un drôle de chemin.
Mais une fois emprunté, l’aventure prend tout son sens et nous réserve des surprises de taille.
Et s’il est impossible de baliser avec précision le champ d’action, admettons une fois pour toute que le tout se veut aussi expérimental qu’un inédit de DEATHSPELL OMEGA. Sans point commun entre les deux groupes autre que cette singularité, le défi relevé par Centavri est de ceux qu’on n’affronte qu’avec un minimum d’arguments. Et ceux présentés sur Síntesis Silenciosa sont solides, étranges, et pour le moins décalé. « Separación del Qué y el Quién » en est sans doute l’illustration la plus parfaite, tant on se demande dans quel direction le compositeur a souhaité aller, autre qu’une combinaison aléatoire de points cardinaux.
J’ai beaucoup aimé ce petit disque, car il nous éloigne des facilités en vogue dans le petit monde du Black/Thrash. Loin de la simple copie d’HELLHAMMER, POSSESSED ou de l’école brésilienne la plus teigneuse, Síntesis Silenciosa est une œuvre personnelle, complexe, dense, mais terriblement enrichissante. On ressort de l’écoute galvanisé par le culot d’un musicien très capable, qui compose aussi bien qu’il ne joue. Et c’est assez rare pour le souligner.
D’autant que le chilien a agencé son travail de façon à offrir un voyage étrange à ses fans. On s’imagine fort bien s’enfoncer dans une forêt quelconque, à la recherche d’une tribu mythique ou d’un secret bien gardé, l’esprit bien ouvert et les yeux écarquillés. Une basse énorme qui joue des parties solo, une rythmique évolutive, une guitare qui lamine sans discontinuer, et un chant largement écorché pour faire bonne mesure, et l’affaire est soigneusement emballée, entre folie douce et expérience occulte un soir de lune morte.
Je renoncerai donc à coincer le projet entre deux termes trop restrictifs. Síntesis Silenciosa est largement assez original pour se définir lui-même, entre violence de biais et puissance surnaturelle (« Permanencia de Memoria Inmediata », une sacrée gigue qui donne le tournis) et écran de fumée pour bande sonore de film ésotérique avec mystère garanti et personnages perdus dans les limbes.
A aucun moment Gabriel Gallardo ne lève le pied pour se montrer plus conventionnel. Pourtant, sa soif d’expérimentation n’émousse pas l’efficacité de sa musique, loin de là, et c’est cet équilibre entre expérimentation et puissance qui ajoute une plus-value immense à l’ensemble.
« Poder Absoluto Individual », dernier vrai morceau de cet EP, est un véritable festival qui mixe les débuts du Speed/Thrash, le plus complexe du Black progressif, et l’essence même du Thrash bestial, pour une dernière ronde avant le lever du jour. Cette façon d’agencer les plans et de les assembler comme s’ils étaient unis par une suite logique, cette manière de refuse de vulgariser le propos pour le rendre plus universel font de ce nouvel EP l’une des plus belles surprises de cet été 2023, trop chaud pour qu’on se contente d’une nostalgie bas de gamme.
Síntesis Silenciosa annonce avec fracas et morgue l’arrivée imminente d’un deuxième longue-durée. Je serai parmi les premiers dans la queue pour suivre les aventures de SOLIPNOSIS, projet solo intrigant, stimulant, et pourtant, d’une efficacité lapidaire.
Comme une synthèse de ce que l’underground sait proposer de plus créatif et attachant.
Titres de l’album:
01. Cola de Serpiente, Torso de Hombre
02. Descender en Alas de Quimera
03. Capaz de una Obra Mayor
04. Separación del Qué y el Quién
05. Divagaciones en Disminuida
06. Permanencia de Memoria Inmediata
07. Poder Absoluto Individual
08. Reflexiones en Frigio
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09