Derrière ce prénom féminin et francophone de MARTHE, se cache un autre prénom, plus latin celui-là. On retrouve en effet aux commandes de ce projet la musicienne italienne Marzia, résidente de Bologne qui officie en tant que batteuse au sein des groupes D-beat KONTATTO et TUONO ou comme guitariste au sein du combo Deathrock HORROR VACUI. Une instrumentiste à l’emploi du temps chargé donc, adepte de violence musicale, mais qui depuis des années n’a qu’un seul rêve : enregistrer un pur album de Metal sous son propre chef. C’est ainsi que la batteuse/guitariste s’est décidé depuis deux ans à fixer sur bande ses idées, et à transformer son appartement en studio d’enregistrement, faisant tout elle-même pour respecter cet esprit DIY qu’elle affectionne tant. En collectant tous les riffs enregistrés sur son téléphone depuis quelques années, et en maniant la batterie électronique, Marzia a fini par accoucher d’un EP l’année dernière en autoproduction, suscitant l’intérêt du label underground Caligari Records. Le label a donc ressorti le produit en version cassette de luxe, tirant cent-cinquante exemplaires de l’objet en question, qui n’est pas dénué d’un certain charme amateur. Il est toutefois assez difficile de cerner l’esprit du concept, puisque la musique de MARTHE est assez complexe à définir avec acuité, empruntant les chemins d’un Heavy très Doom, tout autant qu’un démarquage de la NWOBHM la plus occulte. Avec seulement quatre titres au compteur cet EP/Démo donne donc un aperçu des capacités en solo de Marzia, qui se retrouve dans un minimalisme mélodique assez enivrant, même s’il reste encore très perfectible.
Ce qui m’a donné envie de parler de Sisters of Darkness ? Son atmosphère très particulière, sa rudesse de ton, et son côté très underground qui m’a rappelé le bon vieux temps du tape-trading des années 80. La sincérité qu’a insufflée la musicienne dans son projet est d’autant plus touchante que les quatre morceaux proposent une approche homogène, avec quelques variations notables. Ayant trouvé l’inspiration pour ses textes dans les nombreux voyages dans les Alpes qu’elle effectuait pour rentrer chez elle, Marzia nous propose donc un peu de son vécu et de son intimité, ce qui ne fait que conférer un peu plus d’âme à cet EP décidément à part dans la production actuelle. Le fait aussi que Sisters of Darkness n’était pas forcément à la base fait pour être écouté à grande échelle donne le sentiment de partager un secret entre initiés, ce qui est loin d’être désagréable. Toutefois, enregistrer chez soi n’a pas que des avantages, la musicienne ayant éprouvé toutes les peines du monde à capter son chant, et a dû utiliser une batterie électronique pour ne pas effrayer les voisins. Elle a enregistré elle-même toutes les parties de guitare, de basse, et le résultat est tout à fait cohérent, dans un registre de Heavy Metal lancinant et mélancolique. On sent parfois l’influence du BATHORY le plus majestueux, dans des proportions certes moins emphatiques et progressives, mais avec un long et hypnotique morceau comme « Awake Arise Silence », MARTHE parvient à se hisser à la hauteur de pas mal de groupes Doom actuels, avec beaucoup moins de moyens mais certainement plus d’envie. On peut rester de marbre face à ce Metal d’antan joué avec des capacités limitées, mais il s’en dégage un parfum de nostalgie assez prenant, et ce, dès « Sisters of Darkness ».
Sans jouer le revival à tout prix, Marzia a agrémenté ses morceaux d’effets divers, de strates vocales évanescentes, de feedback contrôlé, le tout sur fond de riffs très épurés, à l’image de la naissance de la scène Black/Doom des années 80. Elle désirait d’ailleurs retrouver l’esprit « bricolage » du début des nineties et c’est avec brio qu’elle s’est acquittée de sa tâche. Ce premier titre, le plus énergique du lot, est une véritable déclaration d’intention, et un moyen de s’éloigner de ses obsessions habituelles. Loin du déluge rythmique du D-beat, « Sisters of Darkness » évoque une sorte de Proto-Heavy des années 70 remis au goût du jour, évoque COVEN, et pas mal de groupes vintages d’aujourd’hui, sans sombrer dans les travers de la séduction Pop. La voix de Marzia est d’ailleurs assez agréable à l’écoute, un peu fondue dans le mix, mais les mélodies en circonvolution des guitares sont assez bien faites, tout comme la batterie qui reste bloquée sur un tempo bien défini. L’ensemble ne manque donc pas de panache, avec des chœurs lointains en incantations, et un son certes abrasif, mais parfaitement intelligible. En mode lourd et pesant, MARTHE s’en sort bien aussi, sans renoncer à son épure de base, et « Married to a Grave » de proposer une digression insistante sur les thématiques Heavy/Doom, avec breaks classiques et progression personnelle. Certes, les cassures sont bien marquées, on sent à chaque instant que le tout a été enregistré dans des conditions d’amateurisme, mais l’effet produit est assez captivant, entraînant une sorte d’addiction un peu sauvage qui pourrait valoir à la musicienne une demande pour un produit plus long, mais pas forcément plus élaboré ou sophistiqué. En l’état, Sisters of Darkness reste une anecdote charmante, un peu comme ces cassettes qu’on recevait de la part de correspondants du monde entier, toujours avides de vous faire découvrir l’underground de leur pays.
Titres de l’album :
01. Sisters of Darkness
02. Married to a Grave
03. Ave Mysteris
04. Awake Arise Silence
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