Accepter la mission de chroniqueur, puisque c’en est une, c’est aussi endosser une responsabilité. Faire le lien entre les artistes et leur public potentiel, mais aussi se porter garant d’un avis émis à un instant T sur la durée. Lorsqu’on parle d’un premier album, on ne sait jamais vraiment ce qu’il peut advenir du groupe qui l’a mis sur le marché. Entre les one-shot, les déceptions, les oublis, le deal n’est pas vraiment formalisé dès le départ, mais il devient tacite avec les années, spécialement lorsque la relation entre un artiste et un journaliste est forte et sincère. Ou plutôt l’inverse. Entre un journaliste et un artiste, puisque les artistes ne nous doivent rien. C’est nous, journalistes qui leur devons notre existence, puisque sans eux, nous n’aurions rien à dire. Alors, quelle plus belle façon de les remercier que de suivre leur carrière de près, d’alerter les fans, et de prendre le temps de dire tout le bien qu’on pense de leur travail. C’est cette optique que j’ai choisie, refusant de fait de traiter du cas de groupes ou d’albums ne m’intéressant pas ou ne me touchant pas. Je préfère dire des choses positives sur des artistes qui le méritent plutôt que de descendre en flèche des groupes qui n’ont rien demandé, et c’est ainsi que depuis maintenant presque quinze ans, je soutiens de toute ma ferveur les limougeauds de 7 WEEKS. Parce qu’ils m’ont séduit dès leur première démo, complètement conquis avec leurs albums successifs, mais aussi parce que leur talent ne s’altère pas avec le temps, bien au contraire. En 2011, 7 Weeks Plays Dead of Night m’avait même permis de parler de chef d’œuvre à propos de leur travail, mais depuis, Carnivora ou A Farewell to Dawn ne les ont pas fait descendre de leur piédestal, eux justement qui sont trop humbles pour accepter d’y monter. Je m’inquiétais d’ailleurs de leur absence, et quelques mails récents m’avaient rassuré ; les mecs étaient de retour avec un nouvel album, le premier en quatre ans. Voilà qui promettait de faire taire le silence, et de me délecter d’avances d’inédits que je jugeais à priori avec bienveillance. Et pour cause, les 7 WEEKS ne m’ont jamais déçu, et Sisyphus ne risquait pas de changer cet état de fait.
Ainsi Sisyphe est condamné à rouler un énorme rocher en haut d’une montagne, qui retombait à chaque fois de l’autre côté et que Sisyphe devait ramener de nouveau au sommet. Ainsi le traite, le malin, le rusé Sisyphe roula son rocher jusqu’à la fin des temps.
Cette mythologie grecque est donc à prendre comme une analogie dans le cas des 7 WEEKS. Cette proverbiale pierre à faire rouler en haut de la montagne, représente donc la somme d’effort que les musiciens ont eu à subir depuis leur formation pour avoir le privilège d’être encore là en 2019. Les tournées incessantes, les changements de line-up qui ont fragilisé la formation, mais aussi par extension, cette opération séduction à mener à chaque bataille, envers les fans évidemment, mais aussi envers leur propre muse pour avoir à proposer de nouveaux morceaux régulièrement, et se montrer toujours aussi créatifs. Mais est-ce vraiment un problème pour le quatuor encore renouvelé (Julien Bernard - chant, guitare, basse ; Jérémy Cantin-Gaucher - batterie ; PH Marin -clavier, guitare ; Fred Mariolle - guitare) ? Pas vraiment lorsqu’on commence à écouter ce sixième album qui fait montre des mêmes qualités que les précédents lors de ses premières minutes. Après quatre années de silence, les limougeauds semblent ne pas avoir changé d’un iota leur formule et leur approche, avec toujours ce Rock joué d’une manière Heavy, empruntant à Seattle de quoi rendre à KYUSS, sans jamais s’embarrasser d’une étiquette trop précise pour ne pas être rangé dans une trop petite case. Mais après tout, peu importe le regard que vous jetez sur eux, et l’opinion de genre que vous en retirez. Tout n’est qu’une question de Rock, parce qu’après tout, qui aurait osé dire à Lemmy qu’il jouait du Heavy Metal ?
Enregistré au Improve Tone Studio à Lezoux, coproduit et mixé par Pascal Mondaz (SINNER SINNERS, 7 WEEKS, LA MAISON TELLIER) puis masterisé par Simon Capony (J.C SATAN, BY THE FALL, PAIN-NOIR), Sisyphus a le son idoine. Les guitares sont comme d’ordinaire bien grasses, la basse roule et tonne avec des airs fuzzy, la batterie est toujours aussi solide en assise, et le chant de Julien Bernard toujours aussi passionné, presque atone par moments, mais adapté à une musique indéfinissable. En se basant toujours sur des structures Rock, le groupe se permet aujourd’hui des adjonctions qui valent le détour, sonnant parfois psychédélique et Pop, et rappelant le Haight-Ashbury de 67 sur « Gone » ou « Breathe ». « Gone » d’ailleurs chatouille les tympans, et citant l’AIRPLANE, mais aussi les BLUE CHEER nous ramène à une époque où les querelles de genre n’existaient pas encore, et où le Stoner n’était qu’une des manières possibles de décrire le Rock du désert, celui des rythmiques lourdes et des guitares épaisses. On note un léger allègement de l’ambiance, et on comprend assez vite qu’une fois de plus, l’album sera fait d’humeurs et non de lignes directrices précises. Les chœurs sont en place, délicatement planants, le mixage est terriblement bien équilibré, et les envolées unissent les BEATLES et HAKWIND, sans avoir besoin de buvard pour planer. Mais les 7 WEEKS ont toujours aimé le mélange des genres, et n’ont cure d’une quelconque frontière, et c’est sans doute pour cela que leur musique se veut jonction des créatives seventies et des épures nineties. On le sent sur le modulé « Idols », qui profite d’un pattern de batterie inventif et de guitares gardées sous contrôle, mais aussi sur « Solar Ride », qui fait la nique à l’Indie Rock de la fin des années 90/début 2000 de son riff pataud et de son ambiance groove un peu alternative.
Toujours adeptes de morceaux courts et percutant, les musiciens n’hésitent jamais à ralentir la cadence sans trop l’alourdir. « Sisyphus », de par son déhanché évoque cette pierre qui roule et roule encore en haut et en bas de la montagne, et l’effet de balancier est hypnotique, les mélodies deviennent amères, les pauses brisent l’électricité qui reprend doit de cité par des fulgurances soudaines. Il y a aussi des évidences sur le parcours, comme « The Crying River » qui pourrait dater des débuts du groupe, avec son atmosphère du sud des Etats-Unis, mais le but du jeu n’est pas de rappeler ou pas une période déterminée, mais de présenter le groupe avec un instantané fidèle, actuel. Actuel, mais éternel, puisque le groupe n’a pas vraiment chamboulé la donne, acceptant aujourd’hui son radicalisme Rock incrusté dans un contexte de grandiloquence qui rappelle évidemment Dead of Night (« 667 Off »). Et tous ces éléments, d’hier, d’avant-hier, d’aujourd’hui et de demain font ce que Sisyphus est. Non une épreuve qui se répète jour après jour, inéluctable et cruelle, mais tout simplement une métaphore de la vie d’artiste en tant que telle. Un éternel recommencement, qui n’est pourtant qu’une continuité. Le temps qui passe. Quelques rêves aussi. Mais la foi de toujours se lever et de continuer le chemin. Et tant que les 7 WEEKS marcheront, j’écrirai.
Titres de l’album :
01. Gone
02. Idols
03. Solar Ride
04. Sisyphus
05. Magnificent Loser
06. Breathe
07. Insomniac
08. The Crying River
09. 667 Off
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