Voici donc une compilation qui vient à point nommé remettre sur le tapis des débats l’importance de la première vague underground de Death Metal centre européen…Non que nous doutions de son importance au regard de la production de ses homologues américains et suédois, mais on a souvent tendance à oublier que l’Allemagne, ou l’Autriche ont eux aussi apporté leur pierre à l’édifice du mausolée…C’est d’ailleurs du côté de Klagenfurt que l’histoire nous ramène, et le mot est d’ailleurs bien choisi. En abordant le cas des DISASTROUS MURMUR, je savais que je m’attaquais à une des légendes les plus opaques de l’underground, eut égard à leur contribution au style, mais aussi à leur parcours chaotique. Fondé en 1988, ce trio (Manfred Perack - batterie, Elmar Warmuth - Chant/guitare et le petit dernier depuis 2014, Mike Hell - basse) ne s’est pas contenté de prémices, mais a bien géré son parcours, même si un hiatus de trois ans a sanctionné leur colère. Avec quatre longue-durée à leur actif (Rhapsodies In Red, 1992, Folter, 1994, …And Hungry Are The Lost, 2001 et Marinate Your Meat en 2006), on peut parler d’un héritage conséquent laissé à la nouvelle génération, qui doit certainement regarder d’un drôle d’œil ce combo au passé presque illustre pour une poignée de passionnés qui n’ont pas oublié…Mais oublié quoi au juste ? Les débuts des autrichiens, cette période reliant 1989 à 1991, durant laquelle le trio a quand même propagé ses idées nauséabondes au travers de deux démos et d’un single, pour poser les bases de sa philosophie morbide. Nous retrouvons donc sur Skinning Beginning (1989-1991) les deux maquettes initiales, Empryotic Uterogestation et Flesh... Is What I Need, ainsi que le single de 89 Extra Uterine Pregnancy, et rien que l’énoncé des titres doit vous indiquer à qui vous risquez d’avoir affaire…
Bien évidemment, personne n’a le monopole ni le copyright des analyses anatomico-gore les plus immondes du marché, mais admettons quand même que les précurseurs de CARCASS furent les premiers à adopter un certain vocabulaire de pathologiste averti pour baptiser leurs morceaux. Et c’est sans surprise que nous retrouvons sur cette entame de compilation l’influence des légistes anglais, via leurs œuvres les plus cultes Reek of Putrefaction et Symphonies of Sickness, qui se retrouvent tous deux gerbés dans un même tas de viscères fumantes à même le carrelage saignant. Ce Death sourd et primaire, très basique dans la forme mais gravissime dans le fond, qui se satisfait d’une production parfaitement abjecte, laissant grésiller les cymbales et frappant de mutisme la basse, que des 80’s mourantes ont découvert à l’agonie, retrouve ici une seconde jeunesse post-mortem absolument délicieuse. Difficile en effet d’éviter la comparaison, spécialement lorsque le son se perd dans un magma de bile régurgitée d’un estomac mortifié, sur « Bloated Corpses In A State Of Putrefaction », qui emprunte même les trémolos si caractéristiques de la guitare de Bill « meat grinder » Steer. Le chant étant au moins aussi également incompréhensible et gargouillesque que celui de Jeff Walker, le parallèle crève les tympans, et les laisse en l’état, dégoulinant de cette substance rouge qui bientôt ne coulera plus dans nos veines, mais sur la table de dissection. Il serait aussi tentant de rapprocher les DISASTROUS MURMUR de leurs frères d’armes de PUNGENT STENCH, dont ils adoptent la rigidité inique en choisissant de traiter la mort comme une façon avant-gardiste de perdre la vie, mais les points communs sont plus rares, et si d’aventure leur pays d’origine n’avait pas été le même, le jeu de dupes aurait été rapidement hors-contexte.
Au-delà de toutes ces considérations, il est très facile de jauger du potentiel d’un groupe encore en gestation, mais déjà assez campé sur ses positions. Si les niveaux changent d’une production à l’autre, la démarche reste la même, chancelante et gémissante, et exhalant dans un dernier râle une odeur pestilentielle de pourriture mortelle. Ainsi, dès l’horrible « Extra Uterine Pregnancy », et ses échos secs et mats, le doute n’est plus possible, nous nageons en plein home made travaillé à la cuisson, qui handicape une batterie dont la grosse caisse imite à la perfection les trépidations d’un chat enfermé derrière ses peaux, tandis que la musique se dégage plus ou moins de ses références passées pour se diriger vers un Death moins clinique, et plus symptomatique des MORGOTH, sans la technique ni la délicatesse. « Flesh…Is What I Need » nous entraîne vers un professionnalisme qu’on sentait déjà pointer sur le single précédent, et augure des premiers LP du groupe qui auront tôt fait d’asseoir leur réputation. Arrangements plus fouillés, parties plus alambiquées, atmosphère glauque et renfermée, pour une adaptation des standards en vogue à l’époque, sans refuser cette singularité qu’on pouvait trouver sur les travaux les plus directs des… PUNGENT STENCH, qui cette fois-ci servent de caution valable pour signer le bail. Mais la violence, aussi palpable soit-elle n’occulte absolument pas le fait que les musiciens avaient alors en deux ans grandement mis leur temps à profit, et progressé d’un point de vue instrumental, ce qui leur permettait de proposer des titres plus construits et évolutifs, à la limite d’un progressif encore trop perturbé par son manque de moyens pour être vraiment concret. Mais l’entraînant « Satisfaction (In The Morgue) » et son beat percutant, dégénérant soudainement en orgie nécrophile, ou l’opaque « Masked Killer » et ses plans s’entrechoquant comme deux clavicules arrachées à la volée, démontrent que les DISASTROUS MURMUR n’étaient pas là pour amuser la galerie, mais bien l’agrémenter de quelques suicides, si toutefois l’allusion vous parle…
Loin d’être anecdotique, Skinning Beginning (1989-1991) s’avère témoignage d’importance sur une ère de transition, et brosse le portrait d’un groupe qui mérite vraiment d’être reconnu. Bien sûr, depuis ces temps reculés, les autrichiens ont changé, mais il n’y a aucun mal à se pencher sur sa fougueuse jeunesse tout en continuant à avancer. Et comme ils n’ont pas produit grand-chose depuis 2006 (hormis le live 25 Years of Slaughter Rock il y a quatre ans), autant se rabattre sur cette pitance qui a de quoi satisfaire les systèmes digestifs les plus délabrés. Gore basique, Noise atypique, et Techno-Death critique, la visite guidée des couloirs de la morgue est variée, et laisse avec une vieille odeur de formol dans le nez. Espérons seulement que les DISASTROUS MURMUR ne se laissent pas embaumer…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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