La théorie du chaos contribue à « trouver de l'ordre caché sous un désordre apparent ».
Cette petite phrase sibylline définit à elle seule le contenu de ce nouvel album du collectif international SLEEPWALKING (夢遊病者). Plutôt que de collectif, il convient de parler d’un trio cosmopolite, unissant d’un trait discontinu le Japon, la Russie et les Etats-Unis, dans un but clair : repousser les limites du Free Black Metal, union du Jazz, du Progressif, des échos funestes du Black Metal, pour produire une musique sombre, froide, hermétique et avouons-le, profondément déstabilisante.
Après plusieurs albums et EP’s, le trio réconciliant le FLOYD, DODECAHEDRON, MAHAVISHNU ORCHESTRA et x autres influences, se propose de se pencher sur plusieurs théories, entre réflexion personnelle, intuition, et phobies. En résultent quatre pistes de bonheurs divers et de durées variées, avec pour symétrie deux morceaux de huit minutes et cinq secondes placés aux extrémités.
Evidemment signé sur Sentient Ruin, toujours à l’affut d’une bête immonde tapie dans l’ombre, Skopofoboexoskelett permet à PBV (guitares acoustiques et électriques, chant, dulcimer, harmonica, effets, enregistrement de terrain), NN (basse et basse fretless, xylophone, piano, chant) et KJM (batterie, percussions, objets, chant) de continuer leur aventure sans faire la moindre concession, et de jouer avec les limites du chaos pour développer des arguments logiques et fondés, le tout sur fond d’instrumental polymorphe.
Scopophobie : trouble anxieux caractérisé par une crainte morbide d'être vu ou observé par les autres.
Chaos et phobie, le tout se tient et finalement, propose des pistes assez intéressantes musicalement parlant. D’autant que ce nouvel effort de la troupe est toujours aussi difficile à traduire en mots, la musique le composant étant absconse, violente, viscérale, mécanique, dissonante, atonale, et osons le terme : énigmatique. Chacun apporte ses idées, qu’il passe à son voisin, qu’il passe à son autre voisin, avant de mettre le tout en forme entre Osaka et New-York.
« Mirrors Turned Inward », et son précepte de départ saugrenu (des miroirs tournés vers eux-mêmes) développe une partie de la philosophie générale, résultant d’un big-bang cacophonique aux nombreuses ramifications. Partant du sempiternel argument du battement d’ailes du papillon, Skopofoboexoskelett analyse le chaos et ses conséquences, tout en se montrant réticent à être exposé à la vue du monde. D’où le secret entourant ce projet, et ses intentions réelles. Une fois encore, une pléiade d’invités ont apposé leur griffe sur la commode (une bonne quinzaine), mais c’est bien le trio de base qui a dirigé les opérations, pointant vers le néant pour mieux remplir les blancs.
Alors, du saxophone, des boucles Jazz pures et dures, une basse qui louvoie, tourne, se mord la queue en mode Ouroboros, des percussions en perpétuelle agitation, et pour faire bonne mesure, des lignes vocales abstraites et gravissimes pour souligner le caractère opaque de l’ensemble.
Peut-on partir d’un petit détail (ou gimmick), pour arriver à une déconstruction systématique et systémique de la musique moderne ? Telle est la question, et ce Black avant-gardiste et contemporain se veut art ultime, et liberté de ton absolue. Néanmoins, ne vous attendez pas à ce genre de disque foutoir qui pense être génial parce qu’il multiplie les plans qui ne veulent rien dire une fois assemblés. Non, ici la logique est subtile, le fil conducteur tendu, mais le cheminement est tout sauf linéaire, et peut parfois vous perdre dans la forêt de l’inconnu. Ainsi, « Silesian Fur Coat » qui intervient après la souffrance « Mirrors Turned Inward », accepte un legs Post-Rock plus simple pour parvenir à ses fins : un gros travail en solitaire pour une osmose de trio.
Il est évident que les fans de BM classique rejetteront en bloc cette philosophie libertaire et non conventionnelle. D’ailleurs, il devient difficile d’affilier SLEEPWALKING à une scène quelconque, puisque le concept navigue à vue entre les différents courants et récifs. Appelez-donc ça comme vous voulez, l’étiquette sur le manteau usé n’ayant aucune importance.
Mais écoutez cet album, ne serait-ce que pour élargir votre champ de compréhension. Et pour peut-être, oser vous présenter en public, des dizaines de regards posés sur vous, vous obligeant à affronter vos peurs les plus enfouies. Ici, le désordre est apparent, mais pas réel. Et l’ordre est dessiné en filigrane, mais pas totalement appuyé. Alors, faites en autant et ne vous révélez pas facilement. Ça obligera les autres à réfléchir avant d’agir.
Titres de l’album:
01. Mirrors Turned Inward
02. Silesian Fur Coat
03. The Eagle Flies
04. The Bad Luck That Saved You From Worse Luck
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