Skopofoboexoskelett continue l’exploration entreprise sur les précédents albums, et se concentre sur la notion d’autoréflexion, d’intuition, ainsi que les manifestations internes et externes des phobies, et leur lien singulier avec le monde.
Ajoutez à cette description un passé bien connu des aventuriers de l’underground, et évidemment, un parrainage de Sentient Ruin, l’un des labels les plus culottés du circuit, et vous obtenez un album intrigant, agaçant, irritant, mais incroyablement riche. D’Osaka, 夢遊病者 (que l’on traduira par somnambule) revient donc nous agiter les neurones et perturber notre sommeil avec des questions étranges qui restent parfois sans réponse, la principale étant le pourquoi du comment de cette musique si expérimentale que les mots manquent au moment de la décrire.
Alors, on se la joue facile, comme d’habitude, en invoquant l’esprit de l’avant-garde, en convoquant le fantôme de l’expérimental, et en souriant au faciès tordu du psychédélisme, histoire de s’en tirer sans trop forcer. Mais pour qui connaît l’histoire des japonais, et celle d’albums comme 5772, 一期一会 ou Noč Na Krayu Sveta, les questions ne se posent plus, et seule compte la joie de se replonger dans un monde étrange, entre Black Metal sévère et extrême sans limites.
Et une fois encore, le collectif s’est surpassé pour ne rien évoquer d’évident ou de facilement assimilable, même si un ou deux passages permettront aux plus mainstream de s’accrocher aux rideaux.
Outre le trio de base constitué de PBV (guitare acoustique, fretless, guitare, chant, dulcimer, effets, enregistrements de terrain), NN (basse fretless, basse, xylophone, piano, chant) et KJM (batterie, percussions, objets, chant), Skopofoboexoskelett ouvre sa porte à une myriade d’invités, venus mettre leur talent et leur folie au service de ce nouvel album aux proportions d’EP. Une myriade d’invités jouant du saxo, de la nyckelharpe, de l’harmonium, du violoncelle, du basson, chantant dans les chœurs, racontant l’histoire, ou traduisant même des textes en allemand et polonais, pour un voyage qui ne ressemble à nul autre, entre la liberté psychédélique des seventies et la rudesse abstraite du BM le plus expérimental de l’écurie Sentient.
Capable de passer d’une sévérité de ton à une souplesse harmonique sans transition, le trio japonais nous étonne encore de sa capacité à broyer les influences pour régurgiter un gâteau au poivre. Sans jamais loucher vers les icones de l’avant-garde, et en conservant donc sa singularité et son libre arbitre, le trio concasse, repasse, écrase et récupère le jus des fruits du mal, pour accoucher d’une œuvre unique, en circonvolutions de basse, en acidité de guitare, et en colère de percussions.
Seul titre a éventuellement pouvoir prétendre élargir la fanbase, « The Bad Luck That Saved You From Worse Luck » est une merveille de construction évolutive qui croise le chemin de KING CRIMSON et de DEATHSPELL OMEGA. Une transposition seventies haute en couleurs et basse en monochrome, qui mélange le Rock, le Jazz, le Post Metal et le Black Metal abrasif, pour produire un barouf au moins équivalent à celui d’un chantier fraichement implanté dans une rue passante d’une capitale quelconque en été.
Difficile de se raccrocher à quelque chose de fixe en écoutant ce disque qui sinue constamment, nous échappant telle une anguille entre nos doigts. Avec ses idées fuyantes, ses inflexions indescriptibles, Skopofoboexoskelett est à l’image de son titre, et reste abscons, intraduisible, et difficilement descriptible avec des mots simples sur une page blanche. Alors, je préfère vous inviter à plonger dans le monde étrange de ce groupe d’Osaka, qui en cinq albums s’est construit un univers de caverne sombre, chaotique, aux dédales mortels. A l’image d’une allégorie de la caverne renforcée, 夢遊病者 est un sale monstre qui sort de sa tanière pour se montrer encore plus effrayant que les rumeurs courant sur lui.
On n’a pas forcément envie de tomber dessus, mais admettons que son discours est adapté à son image, sans qu’on sache vraiment si ses intentions sont néfastes ou bienveillantes. Mais le mystère ne fait qu’ajouter à la mystique d’un orchestre qui d’année en année (toutes passées dans le giron de Sentient Ruin) nous surprend de sa férocité et de sa liberté. Car l’avant-garde n’est pas toujours un onanisme réservé aux élites qui adorent se regarder le nombril en se persuadant qu’il a été dessiné par Magritte et qu’il n’est donc pas un nombril.
Titres de l’album:
01. Mirrors Turned Inward
02. Silesian Fur Coat
03. The Eagle Flies
04. The Bad Luck That Saved You From Worse Luck
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