Dernière sortie Frontiers du mois (du moins pour moi), avec le second album du projet RESURRECTION KINGS, qui daigne enfin nous offrir une suite à son premier album éponyme. Pour rappel, ce concept est né dans la tête bouillonnante d’idées de Craig Goldy (DIO, GIUFFRIA), qui à l’époque avait enregistré quelques démos avec le chanteur Chad West (JASON BONHAM BAND, FOREIGNER, TRIBE OF GYPSIES, WEST BOUND), démos qui ont évidemment attiré l’attention de ce cher Serafino, trop heureux de voir deux légendes du Heavy Metal s’associer pour le meilleur et le pour le Rock. Avec l’ajout du mythique cogneur Vinny Appice, alors frappeur au sein de LAST IN LINE, RESURRECTION KINGS prit des allures de supergroupe, centré sur les capacités d’un chanteur au timbre puissant, d’un guitariste volubile et d’un batteur au beat implacable. Et c’est donc très logiquement que Frontiers est resté fidèle au trio, lui adjoignant une fois encore les talents de couteau suisse du maître de maison Alessandro Del Vechio pour veiller au bon développement de la partie artistique.
Le line up n’a donc pas changé, avec toujours ce bon vieil Alessandro à la production, la basse et les claviers, mais aussi à la co-composition, pour un second album très attendu par les fans, qui ne risquera toutefois pas de les surprendre.
Les arguments promotionnels ont d’ailleurs mis leur plus beau costard pour présenter ce Skygazer, qui n’est pas sans rappeler le « Stargazer » de RAINBOW. Mais dans les faits, la comparaison s’arrêtera à cette similitude, puisque le petit laïus introductif parle plus volontiers de DIO et WHITESNAKE, citant des albums comme 1987 ou Dream Evil. Et la réalité ne pourrait pas en être plus éloignée, le combo ressemblant plus volontiers à une mixture plus ou moins intelligente de BLACK COUNTRY COMMUNION et THE WINERY DOGS, avec un petit feeling seventies plus prononcé. Goldy ne s’est guère écarté de ses obsessions, et continue de nous gratifier de riffs tous plus classiques les uns que les autres, et de soli évidemment flamboyants.
Rythmique solide, comme toujours dans le cas de Vinny, chant puissant et parfois lyrique, arrangements sobres et production béton, le résultat est évidemment au-dessus de tout soupçon, mais laisse un arrière-goût amer dans la bouche. On attendait de cette association de mercenaires capés un peu plus qu’une simple relecture des canons eighties revus et corrigés à la sauce de la décade précédente, et finalement, Skygazer aussi bon soit-il, n’est que bon justement, alors qu’il aurait du/pu toucher à l’exception. Les performances individuelles ne sont évidemment pas à blâmer, chacun ayant sorti ses tripes pour enregistrer ses parties, mais le classicisme de la composition, qui n’est pas sans rappeler une habile copie Coverdale des standards de DEEP PURPLE nous ramène en plein dans le creux de la vague nostalgique actuelle, qui tente désespérément et en vain de retrouver le feeling d’antan.
La musique est fort agréable, mais prévisible au possible, et certains auront sans doute du mal à se faire aux poussées vocales de Chas, qui donne le sentiment de vouloir s’imposer « chanteur du mois » à chaque morceau. Une fois encore, la production totalement anonyme de Del Vecchio vient ruiner tous les espoirs de démarcation, comme si les produits Frontiers devaient immédiatement être reconnus en tant que tel. Certains diront que j’ai la dent dure, mais avec Goldy et Appice dans le bateau, je m’attendais à plus qu’une simple balade sur les eaux calmes du Hard n’Heavy made in 80’s, et à autre chose qu’une repompe en règle des plus grands classiques du genre. On pourrait même envisager cet album comme du WHITESNAKE moderne chanté par un clone de DIO très habile, ce qui n’est pas forcément une sensation des plus agréables.
Mais il est objectivement impossible de détruire cet album pour cause de formalisme aigu. Les chansons, prévisibles au possible, sont plaisantes, routinières mais efficaces, et les soli troussés par Craig nous permettent de nous rappeler quel grand guitariste il est. Et comme dirait Max Yme, le feeling étant l’apanage des shredders, alors admettons que Craig en déborde puisqu’il nous gratifie de centaines de notes à la minute. Ceci étant posé, et toute ironie mise à part, certains titres permettent de s’extirper du marasme de prévisibilité, comme le plus lourd « Angry Demons », plus intimiste, et doté d’une sacrée ligne de basse de Del Vecchio, pour nous rapprocher des grandes heures de DIO.
Le reste est à l’avenant selon l’humeur des musiciens, entre Hard Rock efficace et traditionnel, et Heavy plus prononcé et sacré. Mais on attend désespérément l’étincelle qui allumera l’incendie des sens, étincelle qui ne vient que très rarement et qui allume plus volontiers de feux d’espoir que des brasiers de jubilation. Chant systématique dans ses inflexions, structure stables, refus d’inédit flagrant, et quelques moments d’émotion, eux aussi sous influence. J’en prends pour exemple « Don’t Blame Our Love » qui pique à l’éternel « Dream On » son intro mélodique, mais qui reste quand même un moment de sensibilité agréable.
On finit par comprendre que rien ne viendra nous bousculer, et on accepte à contre cœur cette accumulation de titres dont certains auraient pu être laissés sur la table de montage, à l’image de « Is This The End » qui ne fait que répéter en moins persuasif des discours déjà largement développés.
Bien sûr, impossible de taxer Skygazer de la condamnation « mauvais album », ce qu’il est loin d’être. Mais on sent que les trois musiciens se reposent sur des lauriers chèrement acquis, et qu’ils ne proposent que ce qu’ils savent faire de mieux depuis des décennies. Le tout étant standardisé pour répondre aux critères de production Frontiers, on peut se passer de ce second longue-durée, qui ne fait pas vraiment le poids face à d’autres sorties du label italien de ce mois.
Titres de l’album:
01. Skygazer
02. World’s On Fire
03. Tears
04. Fight Against Our Pride
05. Angry Demons
06. Savior Of Souls
07. Don’t Blame Our Love
08. Is This The End
09. Troubled Soul
10. Set Me On Fire
11. Calling All Angels
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