Jusqu’à maintenant, les suédois faisaient tout mieux que tout le monde, mais le faisaient au moins comme des suédois. Visiblement, ils savent aussi faire mieux que les autres en le faisant comme des américains, et là, ça devient gênant. Enfin, mieux, disons, tout aussi bien. C’est en tout cas la leçon que l’on doit tirer du premier album du projet local NIGHTBORN, qui a visiblement beaucoup écouté le Thrash de la Bay Area, et qui s’ingénie à en reproduire les sonorités assez fidèlement. Mais au moins, ont-ils l’honnêteté de ne pas s’en cacher.
D’ailleurs, les influences sont revendiquées et assumées, de la page Facebook au Bandcamp, alors, l’honneur est sauf. Elles sont reproduites quasiment in extenso, et sont multiples, puisque l’inspiration qui a guidé ce premier LP l’est aussi. Nous avons donc droit à un listing assez exhaustif de la suprématie métallique mondiale de ces trente dernières années, avec les noms reproduits de METALLICA, SLAYER, SEPULTURA, EXODUS, TESTAMENT, MEGADETH, SODOM, XENTRIX, HEATHEN, EVILE, KREATOR, TANTARA, KING DIAMOND, MERCYFUL FATE, PARADISE LOST, SENTENCED, DISSECTION, DEATH, et je pense en avoir oublié quelques-uns, ce qui n’est pas le cas de celui qui se cache derrière ces emprunts…
Car derrière le nom de NIGHTBORN se planque celui beaucoup plus énigmatique et solitaire d’Arda K., le maître d’œuvre de Skyless. L’homme aime travailler dans son coin, et s’est occupé de la composition, des arrangements, mais aussi de l’interprétation, en gravant les pistes de guitare, de batterie et de chant, et en se montrant assez convaincant dans tous ces domaines.
N’en sachant pas plus sur son histoire et son passé, je ne pourrais guère tenter de vous proposer une bio, l’homme étant assez discret sur son parcours. Il souhaite visiblement que l’on se concentre sur son projet présent, qui lui a de quoi alimenter quelques lignes, pour plusieurs raisons.
D’une, en termes de qualités. Car Skyless ne fait pas semblant de thrasher, mais va aussi voir un peu plus loin si la violence n’est pas modulable. Vous n’aurez donc pas droit à une énième resucée des grands classiques enrobée dans une production plus vintage que les t-shirts comics de Kirk Hammett ou les shorts longs de Scott Ian, mais bien à un album de Metal agressif et puissant bien dans son époque, mais respectueux du passé.
Musicalement, l’affaire est parfaitement honnête, et Arda a bien écouté les plus grands albums du genre, qu’il prend un malin plaisir à restituer à sa sauce. Et si le suédois ose placer quelques pistes s’écartant de la tradition Thrash sur sa route, ça n’est pas pour faire joli, puisqu’il agrémente ses rythmiques farouches de nombreux breaks et passages plus atmosphériques et sombres qui contrastent sa musique sans l’édulcorer.
Instrumentalement, Arda assure dans tous les secteurs, et s’emballe fréquemment en solo pour nous distiller des interventions qui sentent bon les cordes qui chauffent. Son niveau de batterie est largement suffisant pour assumer un tempo extrêmement rapide, qui flirte parfois avec l’ultraviolence du Thrashcore (« The Hellbound »), mais qui la plupart du temps reste dans une norme Thrash tout à fait supportable, quoique soutenue.
Les mélodies qui enjolivent les riffs saccadés sont assez bien troussées, et permettent à l’album de se rapprocher d’un hybride entre le Thrash US en vogue à la fin des 80’s, et la scène Néo-Death scandinave de la décennie suivante, relativement convaincant sur l’ensemble. En variant la vitesse de croisière et sans hésiter à appuyer sur le médium ou l’intermédiaire, Arda/NIGHTBORN permet à son premier disque de se montrer suffisamment aéré pour ne pas lasser dès son premier tiers, ce qui garantit à l’auditeur une écoute confortable. Néanmoins, l’homme a tenté un pari risqué, puisqu’il a visé l’heure de jeu dès sa première tentative, ce qui le fait tomber dans le piège de la redondance, spécialement lorsque ses idées restent à la surface d’un HM un peu trop guilleret.
Six minutes en moyenne par morceau, avec des pics à sept, c’est faire preuve d’un bon culot, mais admettons quand même que la plupart tiennent largement la route, même s’ils auraient pu être ponctionnés parfois d’une ou deux minutes. De plus, si la guitare et la batterie vont à l’auteur comme un gant, le chant est quant à lui plus aléatoire, surtout dans les moments les plus mélodiques où la fausseté pointe le bout de ses couacs (« Unmarked Burial », qui ressemble pourtant comme deux gouttes d’eau à un très bon inédit de FORBIDDEN).
Il est certain à contrario que les fans d’EXODUS, période indifférente, seront ravis de tendre les oreilles sur un brulot comme « Hemorrhage of the Soul », qui s’emmêle quand même les pédales sur son refrain, et qui percute la guitare et les lignes vocales dans une approximation involontaire. Une fois encore, Arda nous soigne un pur solo aux petits oignons, évoquant même un BLIND GUARDIAN beaucoup plus hargneux que la normale.
Ceux qu’un féroce métissage attire, sauront se repaitre du progressif et ambitieux « The Sorrow Room », qui une fois de plus n’hésite pas à trop en faire, sans pour autant paraître trop démonstratif, malgré un solo qui explose de toute part.
Et les autres, qu’une sale cavalcade affolée emporte au paradis de violence se jetteront sans retenue sur l’impitoyable « Bloodgrown Darkness », qui prouve que notre suédois du jour est décidément très à l’aise dans la débauche à la DARK ANGEL/VIKING. Double grosse caisse écrasante, riffs aussi terrassant que mélodisant, et chant beaucoup plus convaincant que dans ses errances harmoniques chancelantes.
Niveau production, Arda K n’a pas à rougir de son boulot, et même s’il a reçu un coup de main final de Jens Bogren (qui a travaillé avec SEPULTURA, KREATOR, PARADISE LOST, KATATONIA, AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY, OPETH, ou AMON AMARTH, entre autres). Il s’est offert un son tout à fait correct, qui pêche parfois un peu sur les graves de la batterie, mais qui garantit à la guitare un tranchant très effilé qui sied très bien à sa musique.
Cette dernière prend parfois des détours étonnants, en suggérant des accointances AT THE GATES/TESTAMENT/PANTERA (« Withdrawal of the Senses »), mais n’oublie jamais le Thrash dans un coin du studio (« Midnight Theory »). C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’Arda/NIGHTBORN se montre plus convaincant, ses progressions mélodiques étant encore un peu trop hésitantes et fluctuantes pour vraiment s’imposer.
On peut aussi lui reprocher en étant exigeant une trop grande complaisance dans la concrétisation de toutes ses idées, qui résulte en un timing trop étiré, mais en dehors de ces quelques reproches mineurs, et en considérant que l’homme à presque tout fait seul, Skyless reste au final une jolie prouesse et surtout un LP qui dégaze sévère dans les fourrés et qui risque de réchauffer la Scandinavie à l’amorce de l’été. Un peu plus d’autodiscipline la prochaine fois permettra à Arda de gommer quelques erreurs de jeunesse et peut-être de sortir un second disque qui fera tout aussi référence que ceux qu’il cite lui-même.
Titres de l'album:
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