Je connaissais les OMNITRON, et Slash bien sûr, mais je ne savais pas que les deux avaient fauté pour donner naissance aux Etats-Unis à un enfant illégitime, qui finalement, ne ressemble à aucun des deux parents.
Mais finalement, et après écoute suivie, j’ai vite compris que les OMNISLASH n’avaient rien à voir avec cette comparaison douteuse, et se voulaient plus fidèlement trait d’union entre les USA et l’Europe, et jonction extratemporelle entre la NWOBHM et la Bay-Area, en se revendiquant d’un Heavy Thrash excessif et efficace, que nombre d’entre vous connaissent et adorent peut-être déjà.
Plus concrètement, cette horde de barbares qui n’ont ni la langue dans leur poche, ni leur humour dans la braguette existent depuis 2012, et nous ont déjà offert un premier longue durée en 2015, Call To Arms qui ne cachait rien de ses intentions.
Lesquelles ?
Nous violer l’âme et les oreilles d’un Heavy saignant et mordant, devant tout autant son inspiration à PANTERA qu’à DIAMOND HEAD, tout en taquinant la modernité vintage d’un ENFORCER, le lyrisme guerrier d’un MANOWAR ou la préciosité technique instrumentale d’un SYMPHONY X.
Vous avez du mal à y croire ? Moi aussi au départ, et pourtant, dites-vous que je n’exagère rien et que la vérité est au bout des six minutes flamboyantes de « Empires Fade », qui en trois cents secondes vous résume avec emphase la philosophie très démonstrative du combo.
Car les OMNISLASH ont laissé l’humilité et la timidité au placard. Les cinq comparses (Jeremy Phoenix – chant, Robbie Whiplash – batterie, Jeff Russell et Nick Bernholz – guitares et Brian Forestiere – basse) n’ont cure de l’ombre et veulent se faire une place au soleil du Heavy européen durci d’un Thrash ricain, et y parviennent sans difficulté, eut égard aux hymnes proposés sur ce second longue durée, sobrement baptisé Slash 'Em All!, en tout simplicité.
Mais à quelle sauce ces originaires du Maryland veulent t’ils nous slasher ? En suivant leurs influences revendiquées ou pas, on les découvre proches d’IRON MAIDEN, ENFORCER, HOLY GRAIL, METALLICA, SYMPHONY X, MEGADETH, SAVATAGE, JUDAS PRIEST, XANDRIA, HATCHET, SONATA ARCTICA, BLIND GUARDIAN, STRATOVARIUS, SLAYER, PANTERA, ARIES, EDGUY, AVANTASIA, et/ou KAMELOT, mais certainement plus par affinités que par réel mimétisme, même si certains exemples cités sont parfaitement en adéquation avec la débauche d’énergie étalée.
Il faut dire que le quintette ne fait pas les choses à moitié, et que son enthousiasme fait plaisir à entendre. Et le pire, c’est qu’en puisant dans des registres aux sonorités souvent éculées, les bougres parviennent à proposer une indéniable originalité, et surtout, une musicalité étonnante de crudité. Pas mal pour de gentils farceurs en quête de gloire et de poings serrés…
Lyrisme, excès, foi dans un Metal tout sauf timoré, tels sont les qualités explosives d’un groupe qui n’a honte de rien et qui a bien raison. D’un niveau technique tout à fait supérieur à la normale, les OMNISLASH sont tout sauf une blague rapidement racontée, et s’avèrent être de redoutables compositeurs qui connaissent les meilleures harmonies par cœur.
Evoluant dans un créneau Power Metal enflammé, Slash 'Em All! module au gré de l’inspiration, sinuant entre un Heavy vraiment nostalgique, un Speed magique et un Thrash light tout sauf tragique. Même si certains morceaux auraient gagné à être légèrement raccourcis (un seul sous la barre des quatre minutes, et la plupart au-delà des six, il faut du culot vu le style), la plupart débordent d’exubérance et d’idées, et nous embarquent dans un voyage mouvementé dans la galaxie Metal, sans frontière ni cahier des charges à respecter.
On pense bien évidemment à BLIND GUARDIAN, EDGUY dans les moments les plus guillerets, au PRIEST pour cette violence qui ne se sépare jamais d’une musicalité appuyée, en gros, à de sérieuses références qui gonflent le CV sans le faire mentir.
Et si le fil conducteur reste dans des balises assez nettes, l’inspiration ondule au gré d’impulsions parfois méchamment violentes, comme le démontre avec puissance le terrassant « Nuke The Moon », qui peut même se targuer de narguer les sommets autrefois conquis par FLOTSAM & JETSAM ou METAL CHURCH.
Mais pour être clair et rester honnête, autant admettre que le Thrash n’est pas la composante majeure de ce second longue durée, qui se montre aussi séduisant qu’échevelé. Le terme de Power Metal est donc choisi à dessein et parfaitement dans le contexte, dans une philosophie hybride à la PANTERA de Cowboys From Hell qui brosserait les PANIC dans le sens du poil, en noyant la mélodie dans une hargne persuasive (« Gothenburg », qui suggère aussi quelques accointances nordiques assez prononcées…).
Certes, j’en conviens, de temps à autres, l’inspiration stagne dans des eaux assez calmes et de faible profondeur, et les quatre derniers morceaux, culminant tous à six minutes et des bouées ont parfois tendance à ressasser les mêmes idées, en les nuançant un minimum. Ainsi, « Blood Feud » sonne comme un pastiche involontaire des STRYPER revenus des enfers le rouge aux joues, mais cette faute est rapidement excusée implicitement par la déferlante « Not One Step Back », sorte de mini opéra Power Thrash à la basse claquante et aux tierces à la MAIDEN savoureuses.
« Russian Roulette », et son clin d’œil à ACCEPT nous offre même une splendide intro synthétique grandiloquente, avant de sombrer dans les affres d’une violence symphonique assez remarquable. On peut évidemment trouver ça un peu too much, mais il est difficile de résister à l’énergie développée par les OMNISLASH, qui n’ont jamais peur de friser le ridicule pour atteindre la splendeur d’un Heavy chaud attisé d’un Power costaud.
Guitares tranchantes et mouvantes, riffs d’acier et rythmique pilonnée, voix veloutée au vibrato musqué, production énorme qui fait briller les chromes, Slash 'Em All! n’est rien de moins que le massacre annoncé de la tiédeur et de la tergiversation, et un recueil de préceptes définitifs reléguant la modération au placard des pleutres.
Il est parfaitement possible de rester de marbre face à cette débauche de testostérone musicale, mais il est impossible d’en occulter les qualités en pointant du doigt ses défauts.
Tout ou rien, telle est la règle camarade Metal. Alors choisis ton camp, mais choisis le bien, car si tu rejettes, tu feras moins le malin lorsque les OMNISLASH croiseront ton chemin !
Titres de l'album:
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