J’ai un parcours musical assez typique finalement. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai eu 15 ans en 1986, et à cette époque-là, mis à part le Hard-Rock, les films d’horreur et les filles, pas grand-chose ne m’intéressait. Que voulez-vous, lorsqu’on est adolescent, on n’a pas beaucoup de centres d’intérêt, et ceux-ci en valait bien d’autres. Mais avouons quand même que nous étions salement gâtés à cette époque-là…Entre Wes Craven, les Vendredi 13, Stuart Gordon, et puis nos chers JUDAS PRIEST, MAIDEN, qui tout à coup s’adaptaient aux standards de composition et de production du tournant d’une décennie, le choix était vaste, tout comme l’était la folie. Quel plus beau bonheur que de dévorer un Phenomena de Dario Argento en se délectant de sa BO MOTORHEAD/MAIDEN, ou de bouffer un Shocker, aux éclats de riffs de MEGADETH et DANGEROUS TOYS ? Le souvenir de ces soirées passées devant la télé ou à côté de la platine m’émeut encore, et je sais de source sure que je ne suis pas seul dans ma nostalgie loin de là…Il suffit de jeter un coup d’œil à tous les slasher rétro ou même à une série comme Stranger Things pour comprendre que cette fameuse nostalgie fait vendre, qu’elle fait regarder et écouter. Et ça, beaucoup l’ont compris, mais ont au moins l’honnêteté de faire leur boulot avec envie…
Tout comme les espagnols d’ALAE NOCTIS, qui avec leur quatrième album ont fait un admirable boulot de plongée dans le passé pour en ramener les sons les plus typiques et les riffs les moins cryptiques.
L’histoire des originaires de Carthagène remonte à 1998, lorsque Diego « Noctis », chanteur/guitariste et Daniel Garcia, batteur, émergeant de la scène Post-Punk décident de changer de décor et d’influences pour se concentrer sur un Rock basé sur des guitares synthé midi et des accords classiques du Rock. De fil en aiguille, et en complétant leur line-up, les espagnols ont doucement évolué vers d’autres horizons, tâtant même d’un Indus timide, avant de se recentrer sur un Hard-Rock légèrement électronique, typique des mid 80’s. Avec une bonne quantité de LP à leur actif (Alae Noctis en 2009, démo, Cyborgs en 2012, Rising From The Grave en 2014 et Omega Force en 2015, suivis d’une compilation l’année dernière), les carthaginois se sont imposés comme une valeur sûre de la scène Retrowave ibère, frappant de leur sceau unique cette vague si répandue ces dernières années, grâce à une implication totale et une mémoire fidèle, qui leur a permis de retrouver les sonorités qui ont bercé notre adolescence, sans totalement renoncer à leur identité Post originelle. C’est en tout cas ce que prouve avec brio leur petit nouveau Slasher, de sa pochette rappelant le graphisme de Laurent Melki, mais qui ne cache en rien son admiration pour la saga lancée en 1980 par Sean S. Cunningham… Slasher, c’est un peu le Back to the future musical que tous les quadras vont dévorer, pour peu qu’ils n’aient pas totalement renoncé à leurs jeunes années. On y retrouve tous les impératifs d’une prod’ caractéristique, mais aussi les clins d’œil et références indispensables à toute entreprise de nostalgie suggérée. Mais pas que ça, et c’est sans doute ce qui rend cet album des espagnols si attachant…
L’entreprise était donc une fois encore très séduisante sur le papier et sur pochette, mais les chansons renfermées par ce trait grossier et ces couleurs délicieusement néonées confirment tout le bien que l’on était en droit de penser de ce tableau subtilement recopié. Alors que les fans du JUDAS de Turbo, et du Alice COOPER de « He’s Back (The Man Behind The Mask) » se réjouissent, puisque les espagnols leur ont offert un beau cadeau, certes, un peu bref de sa demi-heure un peu écornée, mais salement épicé pour qui trouve les sorties actuelles un peu trop fades. Bien loin de se contenter de miser sur un vintage éculé, les ALAE NOCTIS ont pris le temps de composer de véritables hymnes au passéisme amusé, qui étanchera la soif des plus jeunes des vieux d’entre vous, mais aussi de tous les autres qui trouvent dans les années 80 un enthousiasme que leur propre époque ne sait plus susciter. Huit petits morceaux et puis s’en vont, ce qui est bien dommage, puisque ce voyage organisé nous faisant passer par les cases DOKKEN, KING KOBRA, Miami Vice, Friday The 13th et tant d’autres est un véritable délice, qui nous ménage de longs couplets découlant sur des refrains déchaînés, entonnés de voix possédée par un vocaliste qui n’a pas oublié ses cordes vocales dans une vieille boite de VHS. Des guitares assassines mais mutines, dans la grand tradition du PRIEST de Turbo (« Murder One », qu’on pense leftover d’une collaboration entres les anglais et le Coop’) des allusions Glam assez finaudes (« Crazy Oldman », genre de Speed Sleaze complètement déjanté), une batterie au synthétisme léger, mais à la frappe affirmée (« Old School Rebel », Hard-Rock de tradition taillé pour un slasher sanglant de saison), en gros, toute la panoplie d’un combo qui semble n’avoir jamais quitté cette époque bénie ou tout était encore permis, même les choses les plus approximatives et honnies.
Nous avons même droit à de petites choses délectables, comme cet overspeedé « Spoils Of Crime », croisement entre un DOKKEN survitaminé et un MOTORHEAD allégé, ou un « Borderline », qui en effet joue avec les frontières entre la New-Wave, le Post Rock et le Dark Rock, pour trois petites minutes de délice à la CURE/DEATHCULT/JESUS AND MARY CHAIN. Mais ne l’oublions pas, c’est quand même le Rock qui fait sa loi, et le Hard-Rock même, ce que démontre avec syncopes « C.O.D. (Rock N’Rolll Duty) », qui se gave d’un lick groovy et de lignes de synthé moody. En final, le groupe nous réserve une sortie en climax d’un film pour les oreilles, et « Slasher » de cavaler comme les plus dératés des groupes de la NWOAHM lorsqu’un serial killer venait les chatouiller (« Slasher » donc, tendu comme une course poursuite dans la nuit, avec tueur fou increvable et victime qui se cache derrière l’étable).
Slasher se déguste donc comme les films du genre du même nom, et se veut plaisir pas si coupable que ça, que l’on partage entre initiés, avec quelques potes éclairés qui préfèrent un samedi soir devant la télé qu’à se déhancher dans une boite faisandée. Un album qui aurait sans problème pu être édité il y a une trentaine d’années, et qui réussit sa mission sans broncher. Ces espagnols sont donc des gens lettrés et cinéphilisés, et connaissent leur bréviaire Gore’n’Rock sur le bout des membres coupés.
Un truc qui donne envie de dépoussiérer son vieux magnétoscope pour se repasser jusqu’à en crever les bandes de notre adolescence qui piétinaient le bon goût et la décence. Mais qu’est-ce que ça fait du bien parfois !
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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