Slashers

Slashers

13/07/2019

Autoproduction

Du Thrash, du Crossover, aller vite pour arriver à l’heure ou ne pas arriver du tout ? Telle est la question que se posent tous les skateurs véloces américains depuis l’émergence de la scène nationale au début des années 80, et celle qu’ils ne se posent plus depuis longtemps avec l’émergence de cette mouvance old-school des années 2000. Mais a-t-on vraiment besoin de savoir où l’on roule du moment qu’on le fasse à tout berzingue ? C’est semble-t-il la philosophie des SLASHERS, qui à l’image du style cinématographique homonyme dézinguent toutes les victimes Pop qu’ils croisent de leurs rythmiques fast et leurs riffs ne l’étant pas moins. En même temps, avec un blaze pareil, autant avoir l’attitude qui va avec et ces originaires de Brooklyn, New-York perpétuent donc un esprit de violence saine que les SUICIDAL, AGNOSTIC FRONT, DRI, EXCEL et une poignée d’autres ont prôné il y a quelques décennies, avec la même envie, la même énergie, et cette petite touche Rock N’Roll que les CIRCLE JERKS et STUPIDS aimaient tant. Formé il y a quelques années, ce collectif de furieux de la roulette (Blake Charlton - guitare/choeurs, Shane Medanich - batterie/chœurs, Jesse Adelson - basse/chœurs et James O'Brien - chant) nous propose donc son premier LP, après nous avoir offert une démo en 2017 et un EP introductif en 2018 (Not Just Boy's Club). Slashers, le longue-durée tombe donc comme l’homme, à pic, pour asseoir une réputation naissante et amplement méritée au vu du résultat dégagé par ces treize compositions, que les fans d’un Crossover nostalgique mais bien dans son époque vont adorer. Car les SLASHERS, loin de se contenter de répéter des recettes déjà usées, y insufflent une grosse dose se personnalité affirmée, et n’hésitent pas à pencher du côté Hardcore où ils risquent de slammer, sans perdre de vue l’agressivité d’un Thrash bon enfant qui donne méchamment envie de headbanguer.

Loin donc des fulgurances viriles des POWER TRIP, mais pas aussi rigolards et second degré que les MUNICIPAL WASTE, un degré d’intensité sous les fulgurants IRON REAGAN, les SLASHERS se sentent plutôt proches de la scène eighties de Venice, bien que non originaires de Californie. C’est certainement pour cette raison qu’on les comparerait plus volontiers aux FUSION BOMB, mais leur mélange de riffs supersoniques et de chœurs démoniaques fonctionne à plusieurs degrés, et surtout à plein régime, d’autant plus que les clowns ne sont pas avares de chorus collégiaux et de soli infernaux. Un véritable festival d’exubérance donc que ce premier album qui vous emporte dans un tourbillon de délire collectif, les quatre instrumentistes n’étant pas pingres en chœurs intempestifs colorant leur musique d’une teinte ludique et adolescente. Difficile donc de résister à ce festival de figures dans un skate-park musical, les morceaux une fois enchaînés formant une ode à l’hédonisme crétin de l’enfance, avec ces routes dévalées à fond la caisse sans protection, au risque de se défoncer la gueule sur le premier trottoir venu. Mais la sécurité les SLASHERS n’en ont cure puisque ça n’est pas une sinécure (ce qui n’est pas faux), et foncent donc bille en tête et ce dès l’introductif « Slashers » qui démarre avec un riff purement Heavy Metal dégénérant assez rapidement en furia Core digne de Roger Miret et des siens. Ce qu’on aime par-dessus tout sur un album de la trempe de Slashers, c’est justement son absence de complexes et sa façon de traiter le Crossover comme une bande de branleurs, mais avec un professionnalisme patent. Car les quatre compères ne se sont pas bornés à reprendre les riffs les plus symptomatiques du genre et nous offrent une bordée de hits à reprendre en bande, de l’hymne au skate chanté comme un combo de Hardcore en pleine répète (« Skatecation », que Mike Muir aurait pu composer avec les YOUTH OF TODAY), à la bombe de dissonance et de lignes vocales en retrait (« Stranger Things », le plus atypique du lot). Entre les deux, de tout, mais surtout, du premier choix, les gars ne manquant pas d’inspiration pour donner à leurs morceaux une assise personnelle unique.

Et que le propos mélange les stridences de la scène Post nineties et le balancement Rock N’Roll de la mouvance Core 80’s (« Snotty »), ou se complaise dans un son purement Hardcore relooké pour ne pas sembler louche en 2019 (« I'd Rather Fight Than Switch »), tout est crédible, sonne juste et surtout convaincant, ce qui n’est jamais facile quand on œuvre dans un créneau aussi exigeant. Mais avec une pochette aussi flashy, une production quasi imperfectible qui équilibre et met tout le monde en avant (avec un peu plus de basse claquante, le résultat eut été parfait), des qualités individuelles notables mises au profit d’un collectif en osmose, ce Slashers se pose en révélation d’un style dont on pensait tout savoir, certainement à juste titre. Et contrairement à beaucoup d’homologues issus du même mouvement, les quatre new-yorkais n’hésitent pas à jouer la différence, ne cherchant pas la vélocité systématique, et prenant le temps de travailler leurs motifs pour les rendre mémorisables (« Not Just A Boy's Club », le truc qu’on beugle sur une planche de fortune pour faire peur aux voisins), et assumant leurs choix de vie avec fermeté et pugnacité (« If You Don't Skate Now You Never Did », mais c’est déjà fait, merci les gars). Quelques clins d’œil au grand Lemmy et sa créature MOTORHEAD vu par le prisme d’un Hardcore révérencieux (« Nervous », et son ouverture à la « Ace of Spades »), des blagues que je laisse à votre appréciation (« Kill Your Selfie »), des lourdeurs surprenantes mais bienvenues et qui dégénèrent vite façon Fastcore (« Assault and Battery »), et un final évolutif de plus de six minutes pour prouver quelques ambitions créatives (« March of the Slasher / Skatriot »). On sent du WEHRMACHT période Biermacht derrière tout ça, les accointances Thrashcore substituées par des inclinaisons plus Rock ‘N Roll, mais on sent surtout un groupe sûr de son fait, fier de sa musique, de façon tout à fait logique.

Une ode au skate, un hymne à la bonne humeur, une démonstration de style, et une sale envie de reprendre sa planche pour aller se caguer dans un caniveau, les genoux en sang. Skate or Die ? C’est tout à fait ça, et je n’ai pas vraiment envie de mourir. En tout cas, pas tout de suite.    

  

   

Titres de l’album :

                             1.Slashers

                             2.Skatecation

                             3.Five Mile Grind

                             4.Kill Your Selfie

                             5.Snotty

                             6.Nervous

                             7.I'd Rather Fight Than Switch

                             8.Assault and Battery

                             9.Stranger Things

                             10.Not Just A Boy's Club

                             11.If You Don't Skate Now You Never Did

                             12.Reason To Know

                             13.March of the Slasher / Skatriot

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par mortne2001 le 12/01/2020 à 18:50
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