Une femme avant d’être mariée s’appelle encore mademoiselle et porte toujours son nom de jeune fille. C’est une tradition historique, et dès lors que cette jeune femme rencontre l’amour de sa vie, elle adopte aussi son patronyme. Il en va de même pour certains groupes, qui avant de trouver leur formule définitive commencent leur carrière sous un baptême rattaché à leur passion de jeunesse, avant d’opter pour quelque chose de plus définitif en adéquation avec leur amour plus mature. C’est ainsi qu’IMMORTAL, avant de s’appeler IMMORTAL et de jouer la musique sombre que l’on connaît a débuté son parcours virginal sous pavillon AMPUTATION, jouant un style radicalement différent du Black Metal qui a posé les bases de la domination norvégienne sur le sujet. Si à l’époque la Suède s’occupait des dossiers courants du Death Metal froid et clinique, la Norvège était plutôt réputée pour abriter en ses forets des lutins démoniaques grimés prêts à annoncer le retour de Satan sur terre, mais à l’image de DAKTHRONE qui a débuté son parcours par un premier LP typiquement Death, IMMORTAL a d’abord rodé ses mauvais instincts sur le même pieux planté dans le cercueil du bon goût musical. Et grâce au label Nuclear War Now, nous pouvons aujourd’hui écouter dans de bonnes conditions les deux seules productions du groupe de Bergen/Os, à savoir ces deux démos mythiques de 1989 et 1990 intitulées Achieve the Mutilation et Slaughtered in the Arms of God. Regroupées sur une même tape pour conserver l’esprit initial du concept, ces morceaux ressurgissent donc à la surface pour le grand plaisir des fouineurs en tout genre, les amateurs d’IMMORTAL connaissant depuis longtemps ces titres, disponibles sur la toile.
Le line-up de l’époque mentionnait donc l’implication d’Olve Eikemo à la basse et aux chœurs, d’Harald Nævdal à la guitare et au chant, de Jørn Inge Tunsberg à la seconde guitare et de Padden à la batterie, et les connaisseurs auront reconnu sous ces noms de jeune fille les deux figures emblématiques d’IMMORTAL que sont Abbath et Demonaz. Un gros morceau d’histoire nous est donc offert via ce sampler qui se veut exhaustif, et qui offre même en cadeau de mariage une répétition de 1989 histoire de rendre la cérémonie plus officielle et riche. Musicalement, nous sommes évidemment loin du blasphème IMMORTAL, et plus proche d’un Death à la suédoise des mêmes années, même si les inflexions maléfiques à venir étaient déjà palpables. Le Death d’AMPUTATION se rapprochait d’ailleurs plus des exactions bestiales sud-américaines de la même période, voire des débuts de MAYHEM lorsqu’il jouait encore une musique brouillonne mais fondatrice, et le résultat, sinon fondamental reste sympathique et historique, le passé caché des deux grimés éclatant à la face d’une foule connaissant assez peu leurs débuts tonitruants. Coupée en trois parties, cette compilation propose donc du titre 1 au titre 2 la démo de 1990, Slaughtered in the Arms of God, du titre 3 au titre 6 la démo de 1989 Achieve the Mutilation, et du titre 7 au titre 12 cette fameuse répétition de 1989. Le son, à peine retouché voire pas du tout est évidemment fluctuant, et fidèle à l’underground sur la démo de 1989 qui sonne captée dans une cave et assure à ce Death bestial et vénéneux la caution true qu’elle mérite amplement. Les habitués des productions plus élaborées auront du mal à s’enfiler cette partie, mais apprécieront sans aucun doute le parfum SEPULTURA de début de carrière qui anime les intentions des quatre maléfiques norvégiens.
Les titres en répétition ne manquent pas de piquant, et nous offrent une version très raw du répertoire d’AMPUTATION, mais n’offrent rien de plus qu’un cliché à un instant T de l’histoire du groupe, puisque les morceaux sont exactement les mêmes que ceux figurant sur les démos, à quelques exceptions près. Et après écoute de cette démo qui n’apporte pas grand-chose en termes de créativité musicale (on sent le groupe encore gauche, mal en place, copiant les cousins brésiliens et les voisins suédois avec plus de brutalité mais moins de dextérité), on se sent privilégié d’avoir pu assister à un petit morceau de légende, comme si nous en avions été les témoins directs. Je le concède, j’avais déjà pu entendre quelques-unes de ces chansons sur le Net, mais je ne les avais pas découvertes à l’époque, et elles témoignent de cette période de transition brutale norvégienne, lorsque les groupes nationaux se cherchaient encore et n’avaient pas trouvé l’impulsion qui allait faire d’eux les leaders d’une scène unique, et les acteurs d’une gigantesque pièce qui n’allait pas tarder à trouver une issue tragique. Il est évidemment vain de rappeler en ces lignes le parcours presque impeccable d’IMMORTAL, qui connaîtra par la suite une trajectoire à la BATHORY, avec ces premières années terriblement Black dérivant vers un Heavy majestueux et presque symphonique dans les faits, sinon le rendu.
Une piqûre de rappel qui méritait bien une chronique, et une seconde démo qui mérite toute votre attention, ne serait-ce que pour mesurer la différence entre elle et le premier album d’IMMORTAL, Diabolical Fullmoon Mysticism, publié deux ans plus tard.
Titres de l’album:
01. Heavenly Grace
02. Slaughtered in the Arms of God
03. Plague of Death
04. Death Is Not the End
05. Merciless Slaughter
06. Intense Torture
07. Amputation
08. Death Is Not the End
09. Merciless Slaughter
10. Hunger of Blood
11. Intense Torture
12. Plague of Death
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15