Slave to the Scythe

Demiser

23/08/2024

Metal Blade

Il fallait confirmer, c’est fait. DEMISER aura pris son temps, mais aura finalement donné un successeur à l’infâme Through the Gate Eternal, qui avait mis le feu aux poudres en 2021. Le groupe de Caroline du Sud n’a pas eu le bras qui tremble au moment d’enregistrer cette suite, qui se présente sous la forme de neuf nouveaux morceaux…qu’on croirait tout droit sortis des cryptes eighties.

La nostalgie, ma bonne dame, toujours la nostalgie. Celle d’une époque barbare où tout était encore possible en termes de cruauté, lorsque les musiciens brésiliens explosaient à la face de l’underground dans d’énormes gerbes d’étincelles et de bile. Plus crus, plus sauvages, plus impolis, plus rustres, les sud-américains ont depuis fait école, et le nord du continent les a imités de près, à tel point qu’il est difficile aujourd’hui de savoir au jugé de la musique si nous avons affaire à des californiens ou à des natifs de Rio.

Et puis, DEMISER, le groupe ultime, la créature ignoble, mal dégrossie, apparue presque au hasard il y a trois ans sur un label à tirage confidentiel. Depuis, le quintet a gagné en confiance, a pris conscience de son talent, et a resserré les rangs pour devenir une tête d’affiche, de celles qui piétinent une scène et un public avec une morgue tout à fait justifiée. Et dès les premières mesures rythmiques de « Feast », la fête s’annonce folle et les fesses molles. Il faut dire qu’il y a de quoi claquer du joufflu quand on se prend une rouste aussi velue.

Les pseudos sont toujours là, et c’est tant mieux. Defiler (basse), Demiser the Demiser (chant), Infestor            (batterie), Gravepisser & Phalomancer (guitares) n’ont pas appris le bon goût depuis leur mauvais coup, et n’ont pas non plus racheté leur âme au grand Malin qui se satisfait très bien du contrat signé. Si le résultat est évidemment aussi prévisible qu’un « aaaaaargh !!! » braillé par Cronos, il n’en est pas moins totalement jouissif, avec toujours ce contraste entre furie et mélodies, qui s’insèrent sans lubrifiant entre deux plans.

Et des plans, il y en a. Parce qu’il faut bien meubler les quarante minutes sans trop se répéter, et avec l’ombre de DESTRUCTION qui plane toujours aussi bas, la mission est accomplie. Le moindre détail a été vu et revu, tout a été contrôlé, et le bilan est sans appel. La bestialité du quintet est chirurgicale, professionnelle, et d’un niveau remarquable. A tel point que les acolytes se permettent des choses plus exotiques, comme cet interlude hispanique fragile sur  « Interlude », qui coupe intelligemment Slave to the Scythe en deux parties presque égales.

La première, raisonnable mais conséquente, se complimente elle-même de ces brulots que seuls les américains savent allumer. « Slave to the Scythe », title-track dans toute la noblesse du terme, « Carbureted Speed » qui semble vouloir justifier son titre à chaque mesure, et le très grossier « Phallomancer the Phallomancer » qui en dit plus long qu’il n’y paraît forment une symphonie en hommage à l’outrance hédoniste et potache, jouée par des musiciens beaucoup plus fins qu’il n’y parait.

Et alors que le chacal hurle de plaisir sur le démembré « Total Demise », la joie est de taille et on surprend à dodeliner du chef sans vraiment le vouloir. Il faut dire que les riffs pondus par la paire Gravepisser & Phalomancer baignent dans leur jus, et qu’ils rendent hommage aux grandes figures que furent RAZOR, BATHORY, mais aussi aux acteurs de la NWOBHM, ainsi qu’aux héros de la Bay-Area. Un joli fourre-tout donc, pour un résultat qui plaira à tout le monde sans être consensuel.

On aime ces blasts qui sortent de nulle part et qui affolent la concierge, tout comme ces passages en mid qui temporisent, mais ne faiblissent pas. L’équilibre est très stable, les clous flambant neufs, et le cuir brillant au feu d’un bûcher tout frais. La chasse aux sorcières est donc amicale, les bestiaux cherchant à grossir leurs rangs avec quelques blasphématrices de métier.   

SI les évidences sonnent comme telles, et si les réflexes changent parfois de braquet, c’est pour mieux nous surprendre d’un travail ouvragé, comme le souligne avec beaucoup de finesse l’intro du démoniaque « Hell Is Full of Fire » (qui ne ménage pas ses cris et qui aurait largement eu sa place sur Infernal Overkill). Il est aussi possible de voir en DEMISER un cousin très éloigné de SODOM et MOTORHEAD, comme si WARFARE avait couché avec TANK pour enfanter d’un petit monstre torturant de jeunes animaux.

Et si les morceaux restent gentiment sous la barre fatidique des quatre minutes, le grand final s’autorise une incartade sympathique en terre « progressive ». Je mets le terme entre guillemets, pour évidemment relativiser,  DEMISER n’ayant pas la prétention d’être le RUSH du Blackened Thrash. Mais ils ne peuvent pas non plus cacher leurs ambitions, qui la plupart du temps s’articulent autour d’idées riches et plus nourrissantes qu’un vieux ragoût satanique à peine réchauffé.

Slave to the Scythe est une énergie fossile qui réchauffe la planète encore plus méchamment que l’Icon of the Seas, le plus gros paquebot du monde. Mais ici, le seul luxe est celui de l’impolitesse, qui permet de faire passer des musiciens capables pour des illettrés consanguins. Ne vous y trompez pas, les DEMISER assument leur statut, et roulent tranquillement vers un Enfer bien mérité.  

                

Titres de l’album :

01. Feast                    

02. Slave to the Scythe                     

03. Carbureted Speed           

04. Phallomancer the Phallomancer              

05. Interlude              

06. Total Demise                   

07. Hell Is Full of Fire                      

08. Infernal Bust       

09. In Nomine Baphomet


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 15/09/2024 à 17:38
80 %    135

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09