L’étalon allemand est donc de retour en cette moche année 2020, avec un troisième album, respectant ainsi son schéma temporel d’un LP tous les trois ans. C’est ainsi qu’après Rise and Ride en 2014 et From the Dead en 2017, nous nous voyons opposer une fin de oui-recevoir (dans la tronche) avec ce monumental Slaves of Time qui ne fait qu’entériner un mode de pensée en vogue depuis six ans maintenant : STALLION est bien le chef de file de la tradition vintage allemande, avec ses clous polis, ses cartouchières pleines et ses attitudes bravaches. Il y a trois ans, j’avais dit tout le bien que je pensais de From the Dead, allant jusqu’à y voir la véritable relève nostalgique d’une génération avide de souvenirs, je recommencerai donc aujourd’hui à crier les louanges d’une formation qui n’a pas les guitares dans sa poche ni sa rythmique dans sa sacoche. Car dans les faits, Slaves of Time pourrait bien être, et certainement même le meilleur album de la formation de Weingarten, et en tout cas le plus solide et belliqueux. Esclaves du temps, voici un bel aveu de la part de STALLION qui admet que les chaînes de sa passion le retiennent prisonnier d’un temps passé, celui d’un Heavy Metal franc du collier, racé, hargneux et survolté. Avec dix nouveaux morceaux érigés à la gloire d’un Heavy Metal sans compromission, les allemands survolent la scène actuelle de leur franchise, et nous offrent une fois de plus une musique agressive, entêtante, qui fait le lien entre les ENFORCER et RUNNING WILD, sans l’esprit décalque des premiers ni l’attitude gras du bide des seconds. Toujours aussi prompts à se jouer des limites, les musiciens jouent avec les frontières, provoquent le Speed pour mieux stimuler le Thrash, tout en montrant des aptitudes aux hymnes Heavy intemporels, ce qui achève de transformer ce troisième et crucial LP en triomphe complet. Toujours hébergés par les fumés de High Roller, qui adorent tout ce qui refuse son époque, STALLION signe donc un manifeste global, susceptible de séduire les fans d’ACCEPT, de WARNING, d’AC/DC, de LIVING DEATH, GRAVE DIGGER, et tous les acteurs de série A ou B des années 80.
Outre cette puissance et qualité renforcées, on note quelques changements au niveau du line-up. L’arrivée d’un nouveau guitariste l’année dernière (Clode Savage, INVISIBLE MIRROR, PIRANHA, ex-BATTALION) n’a semble-t-il pas entamé les convictions ni allégé le son, puisque Slaves of Time montre le groupe sous son jour le plus puissant, avec cette rondeur dans la production qui n’entame en rien la violence. Niveau violence justement, le quintet (Aaron - batterie, Äxxl - guitare, Pauly - chant, Christian Stämpfe - basse et Clode Savage - guitare) a mis le paquet sur les rythmes speed, se rapprochant de l’avant-garde germaine des années 80, HELLOWEEN en tête de liste, et LIVING DEATH bien sûr, pérennisant l’héritage de DESTRUCTION sans trahir ses convictions mélodiques. C’est ainsi que l’ouverture traumatique de « Waking the Demons » nous prend par surprise de sa violence, évoquant un subtil mélange de JUDAS PRIEST et ANNIHILATOR, avant de tout défoncer d’une accélération cyclique comme seuls les allemands savent encore les manier. En suite logique, « No Mercy » résume la philosophie d’un groupe qui ne fait pas de prisonniers, et provoque la génération vintage Thrash sur son propre terrain, leur damant le pion de son allant démoniaque évoquant un EXODUS sous acides ou un DEATHROW plus mélodique qu’à l’ordinaire. En deux morceaux seulement, STALLION se cabre et déboule dans le décor sans crier gare, certain de sa force et de ses atouts, et se jouant de la nuance entre Heavy féroce et Thrash rosse, comme pour mieux combler les trois années d’attente qu’il a fallu supporter.
Tout en jouant en rangs serrés et propres, les allemands n’oublient pas que le meilleur Heavy rime avec sérieux et folie. Mais ils n’oublient pas non plus qu’une dose de fun léger peut aussi fédérer, et c’est pour cette raison qu’ils ralentissent le tempo et allègent l’ambiance avec le terriblement addictif « Time to Reload », qui comme son nom l’indique recharge le flingue pur mieux canarder, adoptant une posture de cow-boy austral que les AIRBOURNE ont repris à leur compte il y a quelques années. Avec un enrobage moelleux qui permet d’apprécier un riff précieux, STALLION trottine gaiment, et se souvient de l’importance du Hard US et européen des années ACCEPT et LEATHERWOLF, pour mieux temporiser sans perdre en pression. Mais cet interlude, aussi appréciable et délicieux soit-il n’est qu’une simple parenthèse dans le massacre annoncé, et « All In » de continuer dans l’hommage d’une scène allemande prépondérante dans les années 80, avec ses clins d’œil multipliés en direction de GRAVE DIGGER et ACCEPT. Le tandem de guitares fonctionne à plein régime, et la voix très haut perchée de Pauly, irritante pour certains, transcende des morceaux simples pour les faire gravir d’un échelon, un peu comme si le PRIEST et LIVING DEATH avaient cheminé de concert. Les soli, en shred, sont toujours aussi crédibles et galvanisants, et l’ensemble dégage une telle exubérance qu’on se laisse remplir la tête de souvenirs d’adolescence. Mais pas le temps de se poser pour se remémorer des images chéries, puisque le terrible et écrasant « Brain Dead » accélère encore le tempo à la DEATHROW pour mieux imposer des cassures mélodiques occultes. La véritable surprise de cet album, outre ce regain de force se trouve à mi-parcours, lorsqu’on découvre la longue et épique ballade « Die With Me » qui pendant sept minutes se love au creux de l’inspiration de METALLICA, METAL CHURCH et autres HELLOWEEN, représentant l’acmé créatif d’un album qui explose tous les standards.
Mais alors qu’on commence à peine à panser ses plaies, le groupe nous atomise d’un radical « Merchants of Fear », bombe Heavy Thrash de première bourre, avant de mieux recycler les clichés Speed en les transformant en armes de destruction massive. On attend clairement le faux-pas, le petit détail qui fera basculer l’entreprise dans le rang des productions classiques, mais ce faux-pas ne vient jamais, le quintet maintenant la pression de bout en bout, ne s’autorisant qu’un épilogue plus formel et détendu en fin de parcours. Dans les faits, STALLION a fait remonter d’un cran les exigences du public en matière de Metal old-school, signant avec Slaves of Time un album d’une intensité rare et d’une application totale. On se demande juste jusqu’où ils pourront aller sans se cramer ou se répéter, mais en attendant une éventuelle chute qu’on ne souhaite pas, ils incarnent le meilleur d’une vague nostalgique qui parvient encore à nous enthousiasmer sans vraiment innover.
Titres de l’album :
01 Waking the Demons
02 No Mercy
03 Time to Reload
04 All In
05 Brain Dead
06 Die With Me
07 Merchants of Fear
08 Dynamiter
09 Kill the Beast
10 Meltdown
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30