Sans être plus informé de l’identité des musiciens se cachant derrière le nom de TRACY GRAVE, je pensais benoitement avoir affaire à un nouveau projet de notre cher Tracii GUNS, insatiable amateur de sonorités Glam et Sleaze…Mais après quelques recherches (et un effort pour me souvenir que les L.A. GUNS avaient déjà sorti un LP l’année dernière), je découvrais que ces instrumentistes fardés ne venaient pas de Californie, mais bien de Sardaigne, et que certains d’entre eux étaient bien connus de la scène nationale transalpine. Ce « nouveau » groupe est donc né de la rencontre entre le guitariste Mark Shovel et le chanteur Tracy Grave, dont les routes se sont croisées en 2017 et qui ont donc décidé d’unir leur destin sous la bannière d’un Hard-Rock formel et classique, mais à l’éventail des possibilités non négligeable. Signés sur le label italien Volcano Records, les deux compères n’ont pas tardé à réunir un line up idoine, s’entourant d’Enea Grave à la guitare, de Hurricane John à la batterie et de Nero Viper à la basse, pour nous offrir leur vision d’un Rock à tendance Sleaze typiquement US, celui-là même dont les italiens sont si friands depuis les années 2000. Ne s’imposant aucune contrainte, et naviguant entre Rock trépidant, nuances romantiques pleines de sentiments, AOR saignant et Glam décapant, le quintette nous offre donc avec Sleazy Future ses vues sur un avenir poudré et laqué, via une dizaine de compos qui oscillent entre le bon, le parfois très bon, et le souvent moyen, sans pour autant manquer d’entrain, mais pâtissant d’un son pas vraiment excellent, qui condamne les interventions les moins modulées à se retrouver noyées dans des fréquences pas vraiment homogénéisées.
Autant l’avouer, cet album n’est pas vraiment l’épiphanie d’exubérance sexualisée que nous étions en droit d’espérer. Certes, l’énergie est là, parfois la créativité, mais autant admettre que le projet est plombé par une inspiration uniforme, malgré quelques instants de réelle forme. Il est certain que la voix gravement éraillée de Tracy Grave n’aide pas vraiment le concept à décoller, et le rapproche même parfois d’un spin-off des ZODIAC MINDWARP (« Dancing On The Sunset », bourrin au possible et aussi fluide qu’une vidange de Fiat Uno), alors que les instants de douceur montrent au contraire des signes de probité mélodisée, amplifiée par des soli assez bien troussés, rapprochant la vision d’un souvenir des…L.A GUNS justement, mais aussi des POISON en version plus abrupte (« Freedom Without Rules »). De l’emphase dramatique donc, mais aussi de la sincérité à fleur de peau, pour un « Make You Feel The Pain » qui réunit la Pop et le Rock dans un unisson évoquant les UGLY KID JOE, ou les FASTER PUSYCAT les plus tendres, et une tendresse bienvenue qui permet d’oublier que les morceaux les plus crus ne sont pas forcément les plus tendus. Et si l’union des deux options permet de côtoyer le BON JOVI le plus dru (« My Last Goodbye », l’un des meilleurs instants de romantisme puissant), le Hard/Sleaze pur et dur a du mal à s’imposer, tant les riffs sentent le réchauffé que la voix de Tracy peine à accommoder (« Over The Top », percutant, mais si classique qu’il en devient irritant).
Sans vouloir se montrer trop cruel, et sans ranger les TRACY GRAVE dans la catégorie usuelle des suiveurs au talent erratique, admettons que pour un produit estampillé pur Glam, Sleazy Future sauve les meubles lorsqu’il renonce aux oripeaux pour privilégier le repos. Ce sont donc les morceaux les plus accessibles et les moins enragés qui nous séduisent, le tandem se montrant beaucoup plus doué pour amadouer que pour impressionner. C’est ainsi que le délicat mais puissant « Piece Of Horizon » représente le meilleur point d’accès, et se veut hit d’un disque qui peine à convaincre lorsque les potards des amplis sont poussés dans le rouge cramé. La voix du sieur Grave est beaucoup plus pertinente lorsqu’elle renonce à sa gravité graveleuse, même si parfois, accolée à un thème à la BACKYARD BABIES, elle peut se montrer efficace à défaut d’être salace (« Return (Back In My Hands) », final euphorique pour conclusion pragmatique). Et si le quintette se réclame d’une fusion entre les sons les plus purs de l’AOR et ceux beaucoup plus crades d’un Sleaze Metal d’enfer, autant reconnaître que cet assemblage n’a pas encore trouvé l’équilibre dont il a besoin pour exister, et que de gros efforts sont à faire pour parvenir à faire frissonner la peau des rockeurs les plus endiablés. Les titres les plus modulés, sans donner la chair de poule font quand même légèrement se dresser les poils, tandis que les charges les plus appuyées évoquent avec maladresse un réveil gueule de bois qu’une aspirine gobée ne parvient pas vraiment à apaiser. En mid tempo, la pilule passe si l’on n’est pas trop regardant sur la finesse (« Cemetery Sin », qui aurait pu fonctionner si Tracy ne s’était pas cru réincarné dans la peau d’Alice COOPER), mais dès que la rythmique accélère le beat, le chanteur peine à suivre et sombre dans le sexy horror show pas vraiment chaud («Without Scars », instrumental capable, mais ligne vocale en rafale).
Niveau circonstances atténuantes, admettons que le quintette n’est pas aidé dans sa tâche par une production qui les accumule, qui pénalise la guitare d’un grésillement irritant, et qui mixe le chant dans un entre-deux pas vraiment probant. Lorsque les fréquences s’adoucissent, on saisit les nuances avec plus de délice, mais le Hard Rock s’y voit sacrifié, et la distorsion semble geindre de se voir assourdie, alors que les soli pointent aux abonnés absents et peinent à se sentir désirés. On aurait aimé un peu plus de souplesse dans la rudesse, d’autant plus que les italiens sont vraiment à l’aise avec la tendresse, qu’ils raidissent d’un traitement viril les empêchant de sombrer dans la mièvrerie. On espère qu’à l’avenir ils se montreront plus regardant au niveau de la console, et qu’ils réussiront à trouver ce fameux mi-chemin qui sépare un Hard mélodique vraiment convaincant d’un Glam pas encore vraiment probant. En attendant ce jour, vous pouvez toujours tendre une oreille sur Sleazy Future, qui n’incarne pas vraiment l’avenir d’un genre qu’il se plaît à vouloir incarner. Mais sans passer pour les losers magnifiques qu’ils ne sont pas encore, les TRACY GRAVE peuvent espérer un futur plus clément, pour peu qu’ils se montrent plus exigeants.
Titres de l'album:
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