« The whole thing I think is sick ». 742617000027 (Code Barre de Mate.Feed.Kill.Repeat).
Here comes the pain.
Jamais un tel avertissement placé en début d’album n’aura été aussi vrai. On avait pourtant connu ça, vingt cinq ans auparavant, avec un autre groupe qui ne voulait pas dévoiler le visage de ses membres, qui achetaient leurs colifichets dans des magasins pour animaux. Mais eux sonnaient comme une douce brise aux oreilles et avaient choisi un patronyme séduisant, le baiser.
Ici, il n’y a rien de séduisant. Juste de la violence, explicite, intérieure, physique, morale. Une incitation à la haine, à l’autodestruction, mais avant tout cela, il fallait détruire ce vieux monde agonisant. Et donc choisir un nom à la hauteur de la tâche inéluctable et pourtant effrayante. Un nœud coulant. SLIPKNOT.
I Feel Sick.
Tu m’étonnes, il y avait de quoi rendre physiquement malade, de quoi se sentir claustrophobe, et pourtant prêt à affronter cette société à vomir. En une chanson, et une seule, les neuf de Des Moines venaient de poser les bases intrinsèques de la violence instrumentale du siècle à venir, certainement aussi étouffant que celui qui n’allait pas tarder à mourir. Exit KORN, exit SLAYER, exit tout le reste. Slipknot et c’est tout. L’alpha, l’Omega, le Yin, le Yang. Et surtout, s’en sortir, et peu importe par quelle porte, qu’on finirait par enfoncer de toute façon.
Et puisque cette putain de société nous considère tous comme de simples matricules, autant les adopter comme autant de surnoms. Vous savez compter jusqu’à neuf ? Mais pouvez vous appréhender le bruit produit par autant de musiciens chaotiques et pourtant sur d’eux-mêmes ?
Jamais, et je choisis ce terme sciemment, un « premier » album n’aura eu un tel impact sur les kids, la presse, et le monde de la musique en général. Et la réaction des vieux de la vieille (la France au premier rang, qui n’aura de cesse de fustiger ces branleurs se cachant derrière des costumes pour détourner l’attention de leur musique de merde.) ne se fit pas attendre.
Trop bruyant, trop marketing, trop pré chauffé. Ca puait tout ça.
Oui, ça puait, ça puait la catharsis. Ca puait la colère.
Fuck it all, fuck this world, fuck everything that you stand for.
Rien de bien nouveau sous le soleil pourtant. Beaucoup de Thrash, une pointe de Techno, du Hardcore, des percus infernales, un DJ sadique, un batteur nerveux et précis, et un chanteur possédé. On avait déjà expérimenté la recette, mais jamais les ingrédients n’avaient été aussi bien dosés. Une sorte de croisement improbable entre la furie nihiliste d’ATARI TEENAGE RIOT, la folie bruitiste contrôlée de SLAYER, et la rigueur sèche de REFUSED. Du Néo Métal ? Dans l’étymologie, je dis oui, dans le rendu, il en est hors de question. Juste un tir de barrage ininterrompu, un jet de bile multiple à portée variable. Et des hits, à ne plus savoir qu’en faire, des ambiances poisseuses, glauques, sombres, sans espoir de retour.
Libérez ma colère.
On pouvait à l’époque envisager cet album comme une ode intégrale à la destruction ou bien au contraire considérer chacun des titres comme une agression individuelle. Mais en aucun cas comme une vulgaire provocation destinée à attirer l’attention, même si quelque part, là aussi était le but du jeu. S’extirper d’une condition misérable dont on ne voulait plus, d’un anonymat subi dans une ville perdue au milieu de nulle part. Et pour détruire un ensemble, pour annihiler un concept, autant y aller franchement, et faire le maximum de bruit possible. Car Slipknot, l’album, est une épreuve, un genre de sprint de fond, dont il faut assumer la débauche d’énergie inhérente du début à la fin. Il n’était pas un album « facile », loin de là.
Tu ne peux pas voir la Californie sans les yeux de Marlon Brando.
Un incroyable chaos, pourtant si précis, si cliniquement épouvantable que tout en comparaison sonnait fade tout à coup. Et même si le nonette se permettait de refourguer d’anciennes compositions à la sauce 1999 (« Slipknot » accéléré et devenu (SIC), « Tattered & Torn », « Only One ») et de balancer en guise de conclusion une auto analyse aux forceps rappelant autant le « Daddy » de Jonathan Davis que le « God » de John Lennon, on leur pardonnait tout, parce qu’ils parlaient de nous à travers eux. Et peu importe l’âge que vous aviez à la sortie de cet album, si quelque part une blessure toujours ouverte vous faisait souffrir, vous ETIEZ concernés. Et si vous lisez ces lignes aujourd’hui, c’est que la cicatrice n’a rien guéri.
Get this and die.
Bon nombre de classiques du groupe figurent sur ce premier LP, qui s’assumait en tant que tel avec son titre éponyme. « Wait & Bleed », « (SIC) », « Eyeless », « Surfacing », « Spit It Out », « Liberate », toujours interprétés avec la même rage instinctive et primale. Tout simplement parce que Slipknot était le cri initial d’une bête enfin libérée, à qui on donnait les moyens de s’exprimer. Et même si SLIPKNOT ne retrouverait plus jamais l’urgence de ce hurlement séminal, ils avaient posé les bases de ce que la musique allait devenir. Et allait offrir au monde son propre reflet, hideux, cacophonique, insensé, au travers d’un spectacle intégral. Ainsi qu’un des premiers albums les plus féroces de tous les temps.
Dans ma coquille, j’attends et je saigne.
Comme nous tous, oui.
Comme nous tous.
Et jamais une invective d’introduction n’aura été aussi pertinente.
(Here comes the pain !)
Titres de l'album:
1.742617000027
2.(sic)
3.Eyeless
4.Wait and Bleed
5.Surfacing
6.Spit It Out
7.Tattered & Torn
8.Frail Limb Nursery
9.Purity
10.Liberate
11.Prosthetics
12.No Life
13.Diluted
14.Only One
15.Scissors
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30