J’ai un peu traîné les pieds, pour plusieurs raisons. De l’intérêt de chroniquer un quatrième album solo du leader d’un groupe noyé dans un marasme juridique depuis plusieurs années ?
Je n’en sais rien. La nostalgie peut-être. Car oui, comme des millions d’autres fans, ricains ou européens, j’ai moi-même été un sale accro de RATT, au point de traquer le moindre piège à rat planqué derrière la cuisinière de mes parents.
On ne tue pas un rongeur. Il est increvable. Et c’est un peu la maxime qu’on pourrait tirer de ce Smash, qui en effet, écrase bien des idées trop reçues.
Stephen a vieilli et d’ailleurs, sur certaines photos live, il ressemble de plus en plus à Dee Snider, et non, ça n’est pas un compliment. Mais si l’homme soigne toujours son image, il soigne encore plus sa musique. Ce que ce disque prouve avec une morgue bluffante et une assurance admirable. Et finalement, un disque de Stephen Pearcy en solo ressemble encore plus à un album de RATT qu’un album de RATT. Pas mal non pour un mec qui bouche les trous en attendant que ses anciens comparses en aient marre de se jeter des injonctions à la gueule.
La gueule. Celle de Pearcy porte les stigmates d’un passé agité, comme sa voix d’ailleurs, de plus en plus nasillarde et gouailleuse, et qui sonne comme un ersatz de Taime Downe après une cure de ventoline à l’hélium. Mais son backing band, ses compositions, ses arrangements eux, n’ont pas pris une ride, et sonnent même plus frais que certains albums de son groupe principal enregistrés il y a trente ans.
D’ailleurs, rien d’étonnant à trouver aux côtés de ceux de Stephen et Matt Thorn le nom de Beau Hill, planté derrière la console durant l’âge d’or Californien des années 80. Appelez-ça comme vous voulez, une caution, un hasard, le résultat est le même, nous nous retrouvons balancés quelques décennies en arrière et franchement ça fait du bien.
Puisqu’il faut quand même le reconnaître, Smash, malgré son caractère anecdotique, est une sacrée claque, qui fait réaliser que même seul, Pearcy assure pour cinq. Enfin, seul…
Non, il n’est pas seul, puisque outre Thorn à la basse, le Stephen s’est entouré d’Erik Ferentinos à la lead et en tant que co-compositeur, et du fameux Greg D’Angelo à la batterie. Plus Beau Hill, bien sûr.
Mais finalement, quoi de neuf depuis son dernier essai, et surtout, depuis le dernier album des rongeurs Infestation, sorti il y a sept ans ?
Rien, et c’est justement ça qui rassure, que les choses ne changent pas tant que ça. Sauf que le vocaliste gipsy s’en tire beaucoup mieux que ses anciens collègues, en faisant simplement ce qu’il sait faire de mieux. Un Hard Rock un peu dirty, un peu groovy, mais solide, et surtout, joué avec un mélange de conviction et de naturel qui force l’admiration. En gros, du RATT qui n’a pas peur des tapettes, et ça, sans aucune allusion graveleuse ou politically incorrect.
Et si en concert, la voix de l’homme à la coiffure improbable aurait grand besoin d’un bon coup d’autotune (ceux qui ont regardé/écouté certaines de ses dernières prestations en ont encore les larmes aux yeux et les oreilles qui saignent), en studio, tout passe à merveille et les hits s’alignent, comme autant de disques de platine sur le mur du bonhomme.
Good job.
Admettons-le, son disque est bon. Très bon même. Et si les mp3 promo sentent la compression un peu envahissante, le son est bon, chaud, un peu crade aux entournures, mais enjoué, et apte à mettre en valeur des morceaux tout aussi inspirés de la propre histoire du chanteur que de celle de ses idoles, AEROSMITH, ou les STONES, avec un peu de retenue sur cette dernière référence.
Pour aller droit au but, ce Smash pourrait être le nouvel album de RATT après le déluge sans que personne n’y trouve rien à redire.
Et pourtant tout commence sur un des titres les moins abordables et les plus biscornus, ce « I Know I’m Crazy » qui de son aveu module l’euphorie de plans de guitare un peu biaisés et d’une ambiance générale feutrée. Pas vraiment le genre de démarrage tonitruant qu’on est en droit d’attendre, mais ne vous inquiétez pas, le reste rétablit la tendance. La bonne. Celle du Hard Rock un peu sleaze, légèrement Glam, mais festif, paillard, et surtout, efficace. Et c’est bien là tout ce qu’on demande à un entertainer de la trempe de Pearcy.
Tiens, si « Hit me With a Bullet » ne vous rappelle pas les SMITH louchés d’une grosse cuillère des anciens ennemis de BULLET BOYS, je veux bien mettre ma dernière bouteille de laque au feu et risquer l’explosion.
Et si le riff de « Ten Miles Wide » ne vous ramène pas sur les rivages d’un LP comme Reach For The Sky, je ne comprends pas non plus. Mais bon, chacun ses références. Celles de Smash sont les bonnes.
Plaisirs sucrés Pop Rock pour jeune fille en fleur qui aime les sucettes, et pas forcément à l’anis (« Lollipop », mais dis-moi Stephen, tu n’aimerais pas plus que de raison des trucs comme « Love In An Elevator » ou les RUNAWAYS par hasard ?), citations personnelles des classiques d’antan accommodés à la sauce alternative des 90’s (« Want Too Much », style Detonator trempé dans une cuve d’acide Facelift), riffs déliés et basse coulée pour un « Jamie » qui impose un groove addictif d’une grosse caisse hyperactive, Rock sans ambages qui frime, trime et finit par faire payer sa dime à ses ex-collègues (« Dead Roses », un peu GUNS justement, mais MÖTLEY aussi, et puis quelques traces de Punk au fond du caleçon), petit détour du côté d’un Hard Rock à la VAN HALEN perdu dans un espace-temps AOR (« I Can’t Take It », gros hit du Strip qui met les demoiselles en transe), et pour la forme, un gros burner Glam qui lâche les confettis et assume le temps qui passe sans mépris (« Passion Infinity »).
Le compte est bon ?
Oui, et le mot n’est pas le plus long.
J’ai traîné les pieds, mais j’ai fini par y aller. Par respect pour l’homme et le musicien, par envie, et finalement, grand bien m’en a pris.
Alors de là, vous pouvez considérer Smash comme le quatrième album solo d’un chanteur à qui on ne la fait plus, ou un album conceptuel qui incarne une réunion qui n’arrivera peut-être plus. Du RATT sans RATT mais avec Stephen Pearcy, qui n’en a plus rien à foutre et qui joue sa carte, presque grandi. Mais toujours jeune dans le timbre et l’esprit.
Un sens de la fête dans un temps imparti, et pas grand-chose à jeter aux rats. Qui avec les années, semblent avoir les crocs plus affûtés par le pognon que par un Rock béton.
Stephen lui, ne ronge pas son frein. Il écrase. Les mauvaises langues surtout, et le destin qu’on voudrait lui imposer. Pas mal pour une grande gitane défrisée…
Titres de l'album:
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