Vous allez me dire : tu es obsédé par le Thrash old-school. Et vous aurez raison, mais je n’ai guère à me justifier. D’une, parce que ne sais pas vraiment ce qu’incarne le Thrash new-school, et de deux, parce que j’ai grandi au son d’albums comme Bonded By Blood, Reign In Blood, Master of Puppets et autre Protected From Reality. J’assume totalement ma passion, et je la revendique, le Thrash étant mon essence pour continuer d’avancer, et ça, depuis la première moitié des années 80. Il y a quelque chose d’intangible qui émane de cette musique, et qui à l’instar des found-footage me plaît au point de faire preuve d’une certaine complaisance dans le jugement d’œuvres que d’autres considèreraient comme anecdotiques voire insipides.
Nous avons droit tous les mois à une grosse bolée de sorties toutes plus nostalgiques les unes que les autres. Et malgré des affinités durables, il convient de faire le tri entre les imbéciles heureux et les copieurs malicieux. Ceux qui nous prennent pour des nouilles en recyclant les idées de SLAYER, ANTHRAX ou EXCEL, et ceux à l’ambition plus élevée, qui nous proposent des pistes plus personnelles en mélangeant beaucoup plus efficacement les ingrédients.
Les américains de SMASH ‘EM UP font indiscutablement partie de cette deuxième catégorie. Originaire de Tampa, légendaire ville de Floride, ce quintet enragé sorti de nulle part nous offre son premier longue-durée, entre tradition brutale et aspirations mélodiques symptomatiques de l’école californienne et des DEATH ANGEL, TESTAMENT et METALLICA. Le meilleur des deux mondes donc, pour une musique pleine de feeling et d’harmonies accrocheuses.
Difficile de dire pourquoi on apprécie un groupe plutôt qu’un autre. Pour faire concis, disons que j’ai retrouvé sur Smashblaster le souffle originel de San Francisco et de la Bay-Area, lorsque les musiciens du cru définissaient les règles du genre. De là, découlent des éléments évidents, comme ces riffs francs et fluides, ce chant parfois à la limite du Hardcore, et cette rythmique inventive qui ne se contente pas de pilonner jusqu’à ce que mort de la grosse caisse s’ensuive.
Basé sur un principe simple d’alternance d’humeurs, Smashblaster se met à la hauteur de sa sublime pochette colorée pour nous dégraisser les esgourdes, sans jamais sombrer dans le chaos à peine organisé. Restant dans les balises des principes US les plus respectés, les SMASH ‘EM UP travaillent donc dans le commerce de détail, et diversifient leur approche pour ne pas glisser sur la pente de la redondance.
Si l’école allemande est sciemment ignorée, l’album n’en dégaine pas moins quelques cartouches bien pesées. On le sent principalement en se concentrant sur ces chœurs revanchards et ces breaks de renard, mais l’ensemble est si bien pensé et dosé que les références deviennent futiles.
Drivé par des guitaristes qui connaissent leur boulot, le groupe cite HEATHEN, GAMA BOMB, EXODUS, et s’en sort avec plus que les honneurs. Un titre comme « Beaver Blood Moon » suffit à justifier l’intérêt que vous pourrez porter à cette rondelle qui nous débouche la nôtre, sans forcer sur les suppositoires de violence. Ferme et définitif, mais aussi ouvert à d‘autres suggestions, Smashblaster louvoie entre up et mid tempo, et s’en remet à la facilité d’un batteur légataire du talent de Tom Hunting pour agrémenter ses plans d’une fantaisie de baguettes appréciable.
Jamais avare d’un petit gag sans prétention (le quasi Speedcore « Beer Fighter » que TANKARD a déjà bu à grandes goulées), mais conscient des obsessions de sa génération (« SmashGPT », prend ça dans ton binaire imaginaire), SMASH ‘EM UP joue avec la frontière séparant le Thrash du Crossover, sans jamais se laisser happer. Chaque morceau contient au moins une idée originale ou un arrangement ludique, ce qui rend l’écoute de ce premier album particulièrement agréable.
On s’entendra sur l’homogénéité de l’ensemble, sur la diversité de ses choix, et sur la qualité constante d’un premier jet déjà très professionnel. Les saccades sont historiques, les syncopes hystériques, mais le cap est gardé et la colère maîtrisée. Le résultat est donc évident, et le jugement irréfutable : SMASH ‘EM UP se place dans le haut du classement des sorties Thrash de ce mois de janvier, sans forcer, mais en tissant une toile resserrée qui engluera bien des victimes dans ses filets.
Et oui, je suis bien totalement obsédé par le Thrash old-school. Mais suis-je le seul dans ce cas ?
Très sincèrement, je ne pense pas. Sinon, vous ne m’auriez pas lu jusque-là.
Titres de l’album:
01. Blast City
02. Thrash ‘Em Up
03. Hyper Crash
04. Florida Man
05. Cosmic War
06. Beaver Blood Moon
07. Beer Fighter
08. SmashGPT
09. Sludge Blood
10. Sea of Hate
Moi aussi, je suis obsédé par le Thrash Old School mais de là à dire que cet album en est un bon représentant, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas, ayant trop peur de me casser la gueule en franchissant l'énorme fossé qu'est ce "pas".
Je retourne m'écouter The Legacy, Forbidden Evil, Bonded by Blood, Breaking the Silence et autre Eternal Nightmare.
Merci pour ce papier avec plein de découvertes sur tes chroniques régulières et empreintes de références nobles. Sympa en effet.
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