Ça faisait un petit moment que nous étions sans nouvelles fraiches de PUNGENT STENCH. En même temps, rien n’a jamais vraiment été « frais » chez eux, donc, pas d’anomalie à constater. Et cette absence de news s’expliquait parfaitement du fait de leur séparation il y a quelques années, après expiration de leur deal avec Nuclear Blast et l’enregistrement d’un dernier album…mort-né (comme moi). Alors, après tractations entre Alex Wank aka Mr. Stench et Martin Schirenc alias El Cochino pour la récupération des droits et la gestion du back catalogue, le duo a finalement mis les choses à plat et s’est fendu d’un voyage dans le passé pour nous offrir enfin la primeur de ce fameux LP qui n’a jamais vu le jour pour cause de ras-le-bol. C’est ainsi que Smut Kingdom peut enfin heurter vos platines virtuelles et physiques en ce beau mois d’avril, distribué par le label anglais Dissonance Productions, qui en profite par la même occasion pour vous proposer le reste de la discographie des étranges autrichiens en version remasterisée. Bonne affaire donc pour tous les fans du groupe et les amateurs d’extrême étrange, puisque la « nouvelle » livraison du duo viennois respecte en tous points leur code de déshonneur Metal, toujours aussi frappé au coin du nonsense et avide de sonorités excentrées et autres excentricités décentrées. Car en occultant la compilation des jeunes années parue cette même année (First Recordings, titre sobre pour déformation ultime d’offrandes putrides), nous n’avions rien eu à nous mettre sous la dent depuis Ampeauty, en 2004, subtilement décevant, et qui faisait suite au plutôt bon Masters Of Moral - Servants of Sin lâché trois ans plus tôt. Sachant que ce Smut Kingdom devait initialement sortir en 2007, voire 2008, il ne fallait pas s’attendre à une énorme variation sur des thématiques usuelles, et le résultat respecte tout à fait cette logique, puisque ce LP s’inscrit dans une veine très traditionaliste des autrichiens, tout en explorant une fois de plus des pistes bizarres.
Composé et enregistré entre 2006 et 2007, et très basiquement mixé l’été de la même année, Smut Kingdom remet donc les pendules à l’heure des heurts, et nous délivre donc une solide dose de Death Metal à l’ancienne, sans toutefois tomber dans la paraphrase malheureuse. On y retrouve tout ce qui a toujours fait la particularité du duo, ces riffs pas vraiment francs, ces délires rythmiques, ces arrangements biscornus, et cette attitude déviante qui les rend si uniques et attachants. En choisissant une fois encore de ne pas choisir les PUNGENT STENCH nous comblent de faux classicisme et de punchy de traviole, spécialement lorsqu’ils se lancent dans un pastiche du ENTOMBED le plus Rock N’Death sur l’irrésistible « Brute », qui de son faux-rythme et de sa guitare ludique nous entraîne sur la piste d’un Rock vraiment souillé qui empeste la maladie mentale et le sadisme de musiciens très au fait de leurs propres travers. Inutile donc d’espérer une accalmie dans la schizophrénie, puisque Mr. Stench et El Cochino n’avaient pas l’intention de changer leur pelle d’épaule, ni d’enterrer le cadavre de leur propre démence dans une tombe en cellule musicale capitonnée. On navigue presque à l’aveugle, entre tentatives Death méchamment assumées et Rock N’strange bizarrement agencé, pour un résultat qui valait les années passées à attendre peut-être en vain, mais pas tant que ça. D’ailleurs, avec une liste d’invités aussi prestigieuse que malicieuse (Dr. Heathen Scum (THE MENTORS), Kam Lee (MANTAS, MASSACRE) and LG Petrov (ENTOMBED)), les deux olibrius avaient prévu le coup, et s’apprêtaient donc à dresser une table de gala pour psychopathes en cure de réintoxication.
Doté d’un son particulièrement probant, Smut Kingdom schlingue donc à peu près autant qu’un pet impromptu, mais laisse aussi admiratif que repu. Cocasse mais sérieux, avec de réguliers clins d’œil aux origines du style (le direct et violent « King Of Smut », qui réconcilie les ENTOMBED et MACABRE, dans un déferlement de brutalité cocasse MAIS qui fracasse), il représente le chainon manquant entre l’impérissable Been Caught Buttering et le fringant Masters of Moral, sans pour autant répéter les recettes déjà éprouvées sur les deux albums. Les analogies entre le retour de flamme du ENTOMBED fier de ses racines des années 2000 et celui plus mutin des errances de Hollowman est vraiment probant et marquant, pourtant, on y sent bien la patte du duo, celle d’un lapin crevé depuis des années (le riff pervers de « Suicide Bombshell » mais aussi ses couplets digne d’un Mike Patton en vacances dans le Larzac), et celle d’un humour légèrement sarcastique mais aux aspirations frénétiques (« I Require Death Sentence », pour un peu on se croirait revenu au bon vieux temps des barbecues suédois et allemands des nineties naissantes). D’ailleurs, le groupe assume pleinement ce statut un peu gonzo sur les bords, en adoptant le terme, l’air fétide et la chanson putride (« Me Gonzo », thème redondant pour lourdeur suffocante et assaisonnée de Stoner/Crust à la sauce autrichienne, avec supplément de blasts pour les plus difficiles), et entérine le postulat en terminant son essai sur un long et progressif « Planet of The Dead », aux percussions faussement tribales mais à la patine Heavy qui colmate le trou de b****. C’est à cause de ça, mais aussi de ci qu’on les reconnaît si bien, même après tout ce temps passé sans entendre leurs récriminations minimalistes.
Et c’est bien pour cette raison que plus qu’un album « perdu » soudainement « retrouvé », Smut Kingdom peut aisément passer pour la nouveauté qu’il n’est pas vraiment tout en l’étant. Le groupe aurait pu nous torcher un truc vite fait histoire d’accompagner une campagne de rééditions hautement lucrative, mais il a préféré nous soigner aux petits moignons pour se faire pardonner de son absence un peu trop prononcée. Une belle collection de trophées de chiasse, qui ne trahit en rien les particularités d’un ensemble vraiment décalé, et qui s’intègre à merveille au reste de sa discographie, au point de se caler au creux des deux morceaux de tête coupée de Been Caught Buttering, sans toutefois en atteindre l’intensité morbide. Mais le tout dégage quand même une vilaine odeur de morgue mal refermée, suinte les liquides séminaux post-mortem, et se montre aussi souple qu’un pylore disséqué, tout en restant raide comme une rigor mortis déclarée. Une très jolie façon d’annoncer avec tambours et tempête leur faux retour, qui pourrait laisser présager d’un vrai. Mais en attendant cette possible bonne nouvelle (quoique l’annonce sur leur site officiel n’engage pas vraiment en ce sens), Smut Kingdom reste une surprise qu’on apprécie, comme un cadeau inopiné laissé au pied d’un sapin oublié. Enfin, un cercueil en sapin.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09