Il est d’usage de constater que les groupes de Punk et de Hardcore s’enfoncent dans l’underground au point d’oublier parfois de signifier leur existence, et il convient alors de passer par des réseaux alternatifs pour les débusquer au coin d’un forum. Ainsi, l’existence des Vk permet régulièrement de faire émerger des combos dignes d’intérêt, qui ne prennent même pas la peine de s’occuper d’une page officielle, d’un Bandcamp ou d’un Facebook quelconque. Au nom de l’éthique sans doute, mais dès lors, les informations manquent, et si la musique ne parle pas d’elle-même, la tâche devient aussi ardue que de retrouver la proverbiale aiguille dans la légendaire meule de foin. En l’occurrence, le rôle de la meule de foin est joué aujourd’hui par le label indépendant londonien La Vida Es Un Mus Discos, qui sur son Bandcamp propose le nouvel album des séminaux SNOB, qui malgré leur nom, n’ont rien d’une assemblée élitiste conchiant la plèbe…On les imagine plus volontiers jouant dans un vieux squat véreux, comme à la grande époque des 70’s/80’s, les paroles en slogans et la guitare en arme de poing, la mine renfrognée, et le stand merchandising se réduisant à la portion congrue de deux tréteaux flanqués d’une vieille porte, sur laquelle trônent quelques tapes fatiguées à la couverture monochrome photocopiée. Difficile d’en savoir plus sur ce groupe anglais qui joue les arlésiennes, mis à part quelques notes tirées d’un site connaissant plus ou moins son affaire. On retrouverait donc dans le line-up de ce groupe une certaine KY Ellie, alias Ellie Roberts, ex-membre des notables GOOD THROB, qui entre 2011 et 2013 ont commis quelques exactions sonores sous forme de simples, de démos et autres assemblages sur cassettes.
Si le nom de GOOD THROB aiguillera sans doute les plus acharnés des fans de Punk et de Hardcore, les autres resteront dans l’ignorance jusqu’au moment où ils poseront les oreilles sur ce nouvel LP, disponible en vinyle sur le Bandcamp du label, et qui mérite amplement son modeste prix. Snob propose en effet une sacrée dose de Hardcore à tendance Punk traditionnel, débordant d’énergie un peu lasse, et visiblement à la croisée des chemins, empruntant à l’Anarcho-Core certaines de ses intonations, et au Post-Punk sa froideur d’apparence. Doté d’un son très honnête pour ce genre de réalisation, cet album fait montre de qualités indéniables, et s’affilie difficilement à une scène particulière. On y retrouve les guitares acérées du Punk originel, les structures plus élaborées des musiciens plus ambitieux de l’époque 77’/78’ (qui une fois la vague retombée formeront les P.I.L, KILLING JOKE, et même la scène No Wave new-yorkaise), mais aussi la rage sourde et primale de la scène anarchiste londonienne des mid 80’s. Ce mélange hétéroclite permet donc aux SNOB de sinuer entre les mouvances, et de présenter un répertoire relativement performant, mais surtout, de garder une indéniable fraîcheur de ton qui nous ramène des décennies en arrière, bien avant que le Punk et le Hardcore ne se radicalisent et se métallisent. Ici, tout est brut de décoffrage, avec une patine DISCHARGE light très prononcée, et même si l’ensemble se revendique d’une linéarité assez prononcée, l’ennui ne vient jamais pointer le bout de son épingle à nourrice, le cédant à une sorte d’hypnose tribale fascinante. Il est évident que les plus évolutionnistes du mouvement Core auront du mal à s’identifier à un tel élan puriste, mais les plus attachés aux racines anglaises sauront reconnaître les leurs, et les célébrer comme il se doit.
Et finalement, Snob, via son ascétisme de surface, se présente comme une invitation au pogo ininterrompue, qui va quand même chercher un peu plus loin que le bout du pit de quoi faire avancer la machine. On pense même parfois à la crudité de la scène hispanique (« Piggy »), mais en gardant sous contrôle des deux minutes leurs morceaux, les anglais s’assurent un rendu optimal, et une efficacité maximale. C’est aussi entraînant que ça semble désabusé, sonne aussi Post-Punk qu’une idée noire de WIRE, et aussi remuant qu’une gigue entamée par les ANTI-NOWHERE-LEAGUE. Peu de variations, la voix très posée et blasée d’une chanteuse à qui on ne la fait plus, une section rythmique qui va à l’essentiel sans faire de figures acrobatiques, et une guitare qui tronçonne ses riffs les plus directs histoire de ne pas diluer le propos, le tout emballé dans une production rudimentaire qui garantit aux toms et à la grosse caisse un son très brut. La basse à l’inverse brille et vrombit, ce qui confère à ces titres assez rachitiques un impact optimal, sans pour autant faire de concessions à l’éthique DIY d’origine. Un gros Rock maltraité par des sales punks, qui jouent leur vie comme ils la vivent, avec sincérité, stoïcisme, et une colère larvée qui n’éclate jamais vraiment. On se surprend même à fêter un improbable hit final via « Ally », qui aurait symbolisé le Post-Punk en 1981 mieux que quiconque, de son approche froide comme un matin d’hiver londonien, et de sa mélodie appauvrie presque tantrique. Et en définitive, malgré une absence totale de renseignements, cet album justifie les heures passées à chercher de quoi alimenter votre curiosité, sans en faire trop, mais sans non plus se contenter du minimum syndical. Une belle suite d’aventures pour KY Ellie qui confirme sa place centrale dans l’histoire du Punk anglais contemporain.
Titres de l'album:
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