Encore un concept album sur un futur dystopien. Dans un avenir proche, la multinationale CAIN obtient le droit d’implanter une puce sous la peau des citoyens (« Matryoshka »), initialement prévue pour diagnostiquer en amont le cancer et autres maladies mortelles. Mais malheureusement, les choses ne se passant que très rarement comme prévu, une catastrophe va bientôt arriver, obligeant le peuple à se soulever contre l’autorité. Cette histoire, assez commune artistiquement, n’en est pas moins intéressante, une fois mise en parallèle avec l’histoire récente des Philippines. Le groupe LIMBS a justement posté un long article sur le sujet, dénonçant les pratiques du gouvernement qui assimile toute contestation du pouvoir à du terrorisme. Chaque post Facebook jugé provocant, et même la simple intention de critique est immédiatement punie, ce qui ne fait que renforcer l’impact de cette histoire inventée de toutes pièces qui risque fort de représenter notre réel avenir…Lorsque la réalité rejoint la fiction, on se demande parfois si Orwell n’était pas plus qu’un écrivain, mais bien un oracle de mauvaise fortune, et les avenirs à la Philip K Dick se dessinent alors comme des réalités potentielles, ce qui donne méchamment froid dans le dos. Plus prosaïquement LIMBS nous propose à travers cette histoire funeste son second long, après un premier effort en 2018, et adapte sa musique à ses desseins littéraires. Fondé comme un duo, le groupe accueille depuis peu un troisième membre à la basse, James Ocampo de GYHT et BRITTLEGLASSCASKET, et pousse les choses encore plus loin avec Soft Narcosis, continuant sur une lancée expérimentale à la croisée des chemins.
Pour faire simple et décrire un univers compliqué, le trio propose une sorte de Mathcore hautement expérimental, qu’il conseille aux fans de CONVERGE, DEP et ARMS DAUGHTERS. Je ne les contredirai certainement pas, leur conseil étant largement valable, mais il y a quelque chose de plus qu’un simple succédané dans cette musique apocalyptique qui prône des valeurs de déconstruction et de reconstruction sur fond d’apocalypse humaine. Les morceaux reposent sur des structures mouvantes, des changements de rythme puissants, des vocaux abrasifs et la plupart du temps hurlés, mais aussi des arrangements électroniques qui ne font qu’ajouter à l’hystérie ambiante. Très efficace, mais subtilement irritante, la musique des philippins atteint souvent l’intensité du CONVERGE le plus épidermique, mais l’énergie dégagée reste sans équivalent, les musiciens étant capables de s’épanouir dans un break jazzy comme de trouver leur catharsis dans des imbrications assourdissantes. Le son global, très ample et relevé donne encore plus d’écho à cette musique vraiment violente, mais cohérente, qui décrit avec acuité un futur qu’on n’a pas forcément envie de vivre. On pense même parfois à des œuvres de John Zorn et Mick Harris, lorsque l’intensité avant-gardiste monte d’un cran, et certaines lignes vocales gravissimes rapprochent le tout d’un Death expérimental et concentrique assez inextricable. Ainsi, « Acidic Impostor » résume en trois minutes toutes les turpitudes d’un monde à l’agonie, prêt à céder sous les coups d’une oppression globale, tandis que « Necro Police » utilise les codes du Mathcore, du Grind, de l’Indus pour illustrer cette haine de l’autorité qui de plus en plus, s’assimile à du fascisme à peine déguisé.
Le tout n’est pas forcément original dans le fond mais le reste dans la forme. On craint au départ une impasse avec l’intro synthétique de « Window Shopping » qui nous fait craindre un chaos à venir aux détails à peine discernables, mais dès que les musiciens entrent en jeu, la précision des ambitions se dessine avec plus d’acuité. Dissonances, fulgurances rythmiques, emballées soudaines, tout est justifié et amplifié, et l’impression qui s’en dégage est celle d’une terreur presque palpable. « Death Jacket » accélère le tempo, glissant quelques parties de guitare plus efficaces et groovy que la moyenne, tâtant presque du Hardcore sans en avoir l’air. Le tout est aussi Punk qu’une gigantesque révolte urbaine, efficace comme des slogans bien troussés, et les morceaux passent comme des tirs de roquette sur une foule amassée pour protester. On essaie tant bien que mal d’éviter les balles, mais la lucidité de l’ensemble empêche d’aller se cacher quelque part pour se préserver, et nous oblige à ouvrir les yeux sur la réalité mondiale. « The Zone », après quelques secondes synthétiques évoque un mélange FULL OF HELL/PAINKILLER, et si la lenteur parvient parfois à s’immiscer dans les débats, le malaise n’en est pas moins entier et dérangeant (« New Flesh » et son ambiance FUGAZI/SONIC YOUTH). Le trio termine son pamphlet par un long épilogue de plus de cinq minutes, très menaçant et assourdissant, mélangeant une fois de plus les techniques de propagande pour mieux nous convaincre de son message. « Cocytus Dwellers » nous entraîne dans le sillage d’un CANDIRIA, reste Rock et Punk tout en charclant Metal, et le groupe laisse un goût amer dans la bouche avec ce second album qu’on sent présage d’un avenir pas rose du tout.
LIMBS propose avec Soft Narcosis un genre d’avertissement musical, et la bande son d’un nouvel ordre mondial qui verra s’opposer mortellement la plèbe et les institutions. Quant à savoir quelle sera l’issue de cette lutte, seul le futur désagréable qui s’annonce nous en dira plus. Mais il y aura du sang, du bruit, et du chaos émergera peut-être un nouvel espoir pour lequel il faudra souffrir.
Titres de l’album :
01. Window Shopping
02. Death Jacket
03. The Zone
04. Soft Narcosis
05. Acidic Impostor
06. Necro Police
07. Urban Infest
08. New Flesh
09. Cocytus Dwellers
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