Solanaceae

White Nights

05/02/2021

Iron Bonehead

Avec un peu d’imagination, on peut tout à fait visualiser auditivement un croisement de BAUHAUS, de PIL, du GUN CLUB, du LEGENDARY STARDUST COWBOY, des SISTERS OF MERCY des premiers maxi, de BLACK SABBATH, CHRISTIAN DEATH, SPIRITUAL BEGGARS, et autres SLEEP. Il suffit de se concentrer un peu, de garder en mémoire les particularités de chacun, et de se projeter dans un studio d’enregistrement perdu dans un coin des Etats-Unis. Ou, si vous êtes légèrement fainéant sur les bords, se jouer le second EP des américains de WHITE NIGHTS, qui en effet ont dû passer pas mal de nuits blanches, et pas seulement à cause de tracas éventuels ou d’insomnies naturelles. Car il est évident que ces mecs-là ne carburent pas qu’à la bière et aux pilules achetées sous le manteau, et doivent ingurgiter champignons, ganja, et toute substance susceptible d’altérer leur sensibilité. A croire qu’ils cherchent encore à ouvrir les fameuses portes de la perception d'Aldous Huxley, et qu’ils ne sont pas prêts de lui rendre la clé. Formé je ne-sais-quand par je-ne-sais-qui, WHITE NIGHTS est fièrement présenté par son label allemand Iron Bonehead comme la sensation du moment, alors même que ce groupe anonyme n’a encore pas sorti grand-chose. On recense sur The Metal Archives deux entrées, Into the Lap of the Ancient Mother, premier moyen format l’année dernière, mais aussi une vidéo, chose plus étrange. 2021 continue donc l’aventure bizarre, cette aventure qui nous emmène aux confins de la galaxie et des styles, et qui ne se laisse pas raconter facilement. Et si d’aventure, vous remarquiez les termes de « Black », ou « Doom » accolés au groupe, ne leur faites pas confiance : ils vous aiguilleraient sur la mauvaise voie.

De ce que j’en sais après avoir écouté les quatre nouveaux morceaux des américains, c’est qu’ils sont Rock comme HAWKWIND pouvait l’être, pas franchement Metal ou alors en louchant vers le Stoner, uniques, iconoclastes, cultivés, et qu’ils proposent une musique fourre-tout qui permet d’échapper à la routine des chroniques quotidiennes. Non que leur brouet soit le plus digeste sur le marché mais il a au moins le mérite de provoquer des réactions moins évidentes. Epicé, ce second EP l’est, psychédélique comme un poster volé sur le Haight-Ashbury de 1967, coloré comme le festival de Monterey, à poil comme des hippies se baladant avec un casque de spationaute, plutôt accessible, mais aussi terriblement abscons pour qui aime les choses claires. Et à moins de l’envisager comme du Doom des années 70, impossible de l’affilier à un créneau lourd particulier, sans faire preuve de facilité ou de mauvaise foi. Construit comme un disque de Post-Punk joué à l’économie, comme des américains découvrant les deux premiers albums de WIRE et de JOY DIVISION, et essayant de les singer avec toute la gaucherie des mangeurs de hamburgers, Solanaceae joue avec les nerfs, et propose une musique rachitique, ramenée à l’essentiel, lâchant des riffs en prétexte et se calant sur une rythmique en mid qui ne dévie jamais de ses croches. Le tout est chanté comme un Ian Curtis d’outre-tombe encore plus déprimé qu’en vie, et pourtant il émane de ces chansons une énergie étrange, comme une absence de lumière qui l’avale dans un trou noir.

Je ne peux me résoudre à cataloguer ce groupe sans tomber dans le piège de l’étiquette hâtivement collée. Assez seventies dans l’esprit malsain, mais finalement très peu datable, ce second EP des WHITE NIGHTS n’est pas du Metal, encore moins du Rock tel qu’on le perçoit, sonne lysergique mais n’abuse pas des effets psychédéliques en vogue (sauf sur le final bruitiste et dantesque de « Solanaceae », treize minutes que Syd Barrett et Dave Brock auraient pu partager entre deux prises de buvards). Produit à l’avenant sans imposer la réverb’ ou le delay à outrance, Solanaceae sonne cru, n’utilise la guitare qu’en termes de motifs monochromes, et si vous craquez complètement sur la sauvagerie primale et froide de « Halluncinogenic Black Cubes », alors, allez-y, vous aimerez tout le reste aussi. Une sortie intéressante, qui laisse présager de lendemains étranges, et j’avoue attendre avec une certaine curiosité le premier album de ces américains qui ont choisi une autre voie que celle de la facilité, quitte à se répéter un peu.   

  

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Halluncinogenic Black Cubes

02. Nightshade Mornings in Bloodred Satin

03. Cannabaceae III

04. Solanaceae



par mortne2001 le 08/05/2022 à 15:05
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