Voilà donc un groupe qui ne dira pas grand-chose à grand monde. Nom inconnu (ou presque), musique assez standard et passe-partout, sauf qu’en y regardant de plus près, des indices vous permettront de deviner que les musiciens se cachant derrière ce nom lui aussi assez commun sont tout sauf des inconnus…D’abord, le lettrage du logo de REFUGE, qui évoque malicieusement celui d’un autre combo beaucoup plus illustre. Ensuite, et avec un œil plus ou moins affûté, les visages dessinés dans le tronc de cet arbre démoniaque. Et surtout, la maison de disques, qui n’a pas vraiment l’habitude de signer des olibrius en mal de reconnaissance. Serafino et Frontiers nous ayant habitué par le passé à mettre en branle des projets axés autour de faciès fameux n’en étant pas à leur coup d’essai, on pourrait légitimement se dire qu’il y a anguille sous roche. Et en soulevant les pierres, on se rendra très vite compte que le nom de REFUGE en cache un autre, dont les fans de Heavy et Power Metal sont coutumiers depuis de longues années. Car le line-up de ce faux nouveau combo est du genre classique et historique, puisqu’on y retrouve aux postes-clé trois instrumentistes ayant secoué la scène Metal allemande entre 1987 et 1993…Et si je vous parle de Manni Schmidt à la guitare, de Chris Efthimiadis à la batterie et surtout de Peter "Peavy" Wagner à la basse et au chant, gageons que vous ne mettrez pas plus de quelques secondes à deviner la corrélation qui existe entre ce nouveau projet et celui beaucoup plus ancien de RAGE. Car oui, les REFUGE ne sont rien d’autre que la réincarnation en trio de la formation mythique qui en six ans enregistra une poignée de LP aussi sympathiques que symptomatiques d’un Metal germain bien en vogue à l’époque. Souvenez-vous, Secrets In a Weird World, Perfect Man, Reflections of a Shadow et Trapped !, soit un léger glissement entre Speed et Power Metal plus costaud, avant que leurs chemins ne se séparent et que Peavy ne reste seul à la barre de RAGE, transformant ce combo plus ou moins perfectible en machine de guerre Heavy aux prétentions symphoniques.
Depuis, les trois acolytes se sont retrouvés, réassemblés pour le fun, fait quelques concerts plus ou moins intimistes dans de petites salles et offert des performances plus élaborées en festival, et c’est donc très logiquement que nous retrouvons la suite de leurs aventures sur vinyle aujourd’hui, Frontiers ayant flairé la bonne affaire et senti le potentiel commercial d’une telle reformation sous un autre nom. Dès lors, qu’attendre d’une affaire de famille qui remet le couvert pour une poignée de nouveaux titres et un concept de translation assez futé dans le fond ? Du sous-RAGE réarrangé à la sauce 2018, avec opportunisme grossier et facilité à la clé ? Une relecture à l’identique des partitions passées, pour mieux attirer dans leurs filets les fans de cette période qui fut l’une des plus versatiles du groupe ? Ni l’un, ni l’autre, ou alors une moyenne entre les deux, puisque Chris, Manni et Peavy ont eu l’intelligence de ne pas se perdre dans une nostalgie lucrative, ni dans un lifting un peu trop prononcé pour ne pas effrayer leurs anciens fans. En résulte donc un album relativement joyeux, montrant que cette réunification aussi imprévisible qu’incongrue a le droit d’exister en tant que telle, sans viser des sommets de créativité historique, mais sans non plus rester trop anecdotique. Elle montre surtout que les trois anciens compères ont pris beaucoup de plaisir à composer ensemble en souvenir du bon vieux temps, sans se contenter de nous refiler quelques plans réchauffés ou éculés. Tout n’est évidemment pas parfait, et surtout, pas vraiment au niveau des plus grandes réussites individuelles que l’on pouvait trouver sur les albums d’époque (inutile donc d’espérer un nouveau « Invisible Horizons » ou une adaptation de « Time Waits For Noone »), mais le parfum léger et euphorique que dégage ce mal nommé Solitary Men pourra tout autant séduire les nostalgiques de l’époque dorée du groupe rebaptisé que de nouveaux fans qui seront irrémédiablement séduits par ce débordement d’énergie, qui emprunte parfois des sentiers assez peu balisés, foulés d’un pas Rock N’Roll pas vraiment coutumier.
Le principal reproche que l’on formulait à l’encontre du RAGE historique était de parfois céder à la facilité d’une certaine niaiserie Heavy typiquement germanique, mais aussi, ces accents suraigus dans la voix de Peavy, qui ne maîtrisait pas vraiment le chant à la Kai Hansen. En résultait des albums hautement inégaux, pas vraiment homogènes, ou le pire côtoyait souvent le bon, sinon le meilleur. REFUGE a donc corrigé le tir et profité de l’expérience acquise au travers des années, celle de Peavy évidemment, le maître d’œuvre, mais aussi celle de Manni au sein de GRAVE DIGGER. De fait, sur les onze morceaux proposés, certains ne manqueront pas de rappeler des albums aussi éternels que Perfect Man, tandis que d’autres suggéreront une alliance entre le savoir-faire ultérieur de Peavy et celui de Manni, unis dans un même élan méchamment Heavy, mais aussi salement groovy (« Let Me Go », archétype du Metal d’outre-Rhin, mais joué avec un bel entrain). On trouvera aussi parmi cette floraison des choses plus nuancées et graves, comme ce superbe « Living On The Edge » qui après une intro lourde et pesante nous lâche les petons qui peuvent enfin s’agiter au tempo d’un Boogie-Heavy teuton. Quelques incongruités typiquement fun sauront aussi aérer le tout, et conférer à cette entreprise toute la légèreté dont elle a besoin pour convaincre, et le ludique « Bleeding From Inside » de s’imposer comme la petite bulle de savon traversant la Ruhr sans craindre d’exploser. Le phrasé très syncopé de Manni n’a pas vraiment changé, lui qui s’est toujours montré à l’aise dans tous les styles de jeu, et si la frappe de Chris a légèrement calmé le jeu, elle n’en reste pas moins caractéristique de la vague Power-Speed allemande telle que nous l’avons toujours connue (« From The Ashes », l’un des plus costauds et mélodiques du lot). Quant à la voix de Peavy, elle reste dans les tonalités du RAGE post 1993, essayant toutefois de retrouver certains accents de l’époque, sans évidemment prendre le risque de trop décoller pour rester convaincante et puissante.
Et le tout passe en un peu moins d’une heure, se montrant aussi peu essentiel qu’indispensable. Dualité intéressante d’un disque dont tout le monde aurait pu se passer mais qui finalement s’apprécie comme une fantaisie attachante, d’autant plus que les morceaux s’avèrent solides, et suffisamment mélodiques pour ne pas lasser. Mais le plaisir éprouvé suinte de ses sillons, et permet à trois acteurs essentiels de la scène Metal allemande de remettre le couvert pour nous faire du bien en se faisant du bien. Impossible de résister à la vélocité mâtinée d’harmonie de « Hell Freeze Over », ou au binaire boosté légèrement passéiste de « We Owe A Life to Death », qui aurait largement eu sa place sur Secrets in a Weird World. Le meilleur des deux mondes ? C’est une conception possible, mais autant aborder Solitary Men pour ce qu’il est vraiment. Un cadeau mineur, à la joie majeure, et surtout, l’occasion de retrouver trois trublions qui s’entendent toujours comme des larrons, et qui finalement, n’ont pas tant vieilli que ça, musicalement et artistiquement parlant. Les souvenirs du passé étant souvent un REFUGE sous lequel s’abriter, cet album pourra justement vous permettre d’oublier le quotidien l’espace d’un instant.
Titres de l'album:
1.Summer's Winter
2.The Man In The Ivory Tower
3.Bleeding From Inside
4.From The Ashes
5.Living On The Edge Of Time
6.We Owe A Life To Death
7.Mind Over Matter
8.Let Me Go
9.Hell Freeze Over
10.Waterfalls
11.Another Kind Of Madness (Bonus Track)
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