Un titre en français pour des compositions en anglais, un premier album servi bouillant par un groupe belge, voici donc le nœud épineux de cette brutale matinée d’un mois d’août déjà asséché. La canicule, le soleil tapant sur les cranes et les nerfs, la transpiration, nous rêvons tous d’une vague de froid, d’un climat plus propice au port du bonnet qu’au torse exhibé, mais voilà le problème : nous n’avons aucune influence à notre échelle sur la météo et ses températures impitoyables. Alors, entre glisser sa tête dans le congélo, profiter d’une climatisation intérieure, aller patauger dans sa piscine, les solutions ne manquent pas, mais aucune d’entre elle n’est réalisable pour moi. Alors, comme d’habitude, je me réfugie dans la musique, la plus cryptique possible, pour rafraichir ma vieille carcasse et vous en donner pour votre temps et votre argent.
BONES est justement le groupe type de réfrigérateur, venu d’Antwerp, et qui jusqu’à maintenant n’avait que balbutié sa violence en format court et en démos révélatrices. Alors 2022 leur permet enfin d’exprimer ses vues inflexibles en format plus long, et ce sont donc quarante minutes de Death pas si old-school que ça qui vous attendent, et qui détourneront votre attention de la chaleur et de l’ennui d’un travail de bureau sans air frais.
BONES s’est formé en 2010, nous a déjà proposé deux EPs, Awaiting Rebirth en 2014 et Gate of Night en 2020, et jouit donc d’une belle réputation dans l’underground, suffisamment en tout cas pour avoir été repéré par le label Invictus Productions, le genre de chaumière qui n’accueille pas n’importe quel clampin chafouin du coin.
Et bravo à Invictus pour avoir eu du nez, puisque ce premier album qui nous fume comme si nous étions du belge est une véritable réussite du genre, ce genre à cheval entre le Death US et son pendant européen glacé comme deux boules fraise/café en été. Pas grand-chose à dire à propos du groupe, sinon dévoiler son line-up (Viktor - batterie, Jeroen - guitare/chant, Stef - guitare/chant et Laurens Jan Oostrom - basse), et parler de ses antécédents, ce qui est déjà chose faite. Concentrons-nous plutôt sur ce premier album, qui synthétise le parcours du quatuor de 2010 à nos jours, et qui ose survoler trente années de Death Metal comme on s’offre un baptême de deltaplane.
Riffs évidemment gras, rythmique qui oscille entre chien de fusil et détonation assourdissante, blasts, chanteur grognon le matin et encore plus le soir, mais aussi, un sens du groove naturel, et un don certain pour accoucher de plans accrocheurs en diable. On note toutes ces qualités dès le début de cet album qui en effet prône l’opulence sombre, et nous plonge dans un monde diabolique ou tout péché est satisfait au-delà de sa limite.
Découpé en tranches fines et en gros talon de jambon, Sombre Opulence ose donc les extensions ravageuses et atmosphériques, pour contrebalancer un répertoire bestial et froid. Outre les saillies brèves et traumatisantes, cet album propose deux monstres de pourriture, durant plus de sept ou huit minutes. Ainsi, « Deserts of Eternity » prolonge le plaisir au-delà de la torture, abuse d’effets, mais s’en remet à la culture de ses concepteurs pour effrayer l’auditeur un peu trop timoré face à l’adversité Death. « Great Altars of Ascension » joue la même carte et va encore plus loin, se posant en acmé épique d’un album dense et charnu, osant la pesanteur étouffante et la marche des esclaves de la société, enchaînés aux intérêts des actionnaires qui en demandent toujours plus.
On pourrait évidemment citer des dizaines de références tant la nostalgie joue le rôle de moteur principal, mais déguster cette tranche de mort par quarante degrés extérieurs a quelque chose d’unique qui se passe très bien de comparaisons. Les BONES maîtrisent l’art du morbide à la perfection, et font preuve d’une dextérité technique assez bluffante lorsqu’il le faut, sans tomber dans les travers de la démonstration égotique.
Chacun choisira son visage émacié préféré, entre le final orgiaque de « Formulas of Condemnation » et l’entame pantagruélique de « Execration Rites », mais tout le monde s’accordera sur le caractère efficace d’une réalisation qui non seulement tient la route, mais la parcourt avec une aisance incroyable. Des belges énervés qui sortent des cryptes sans sueur perlant du front, rien de mieux pour affronter un été décidément peu complaisant envers notre souffrance torride. Trouvez un congélateur débranché depuis deux ans, rempli de viande décomposée, et branchez directement le ventilateur dessus. Vous aurez une bonne odeur d’ensemble de cet album carnassier découpé par des artistes bouchers.
Titres de l’album :
01. Execration Rites
02. Funerary Magic
03. Twilight Divination
04. Deserts of Eternity
05. Withering
06. Primordial Idolatry
07. Composite Deities
08. Great Altars of Ascension
09. Formulas of Condemnation
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