Something To Pierce

Sadist

07/03/2025

Agonia Records

Je suis de bonne, bonne, bonne humeur ce matin, y’a des matins comme ça

Oui, certes, mais lorsque le hasard du calendrier vous propose le même jour les derniers méfaits de DESTRUCTION et SADIST, il y a de quoi se lever du bon pied. Et du bon œil. Enfin, des bonnes oreilles plutôt. Bien évidemment, les sensations procurées par ces deux groupes sont différentes. Les italiens œuvrent dans un registre beaucoup plus complexe et fouillé, et produisent des disques riches, intrigants, à la lisière de l’avant-garde, et font honneur à leur rang depuis leur première sortie en 1993. Je ne les ai jamais perdus de vue depuis, et chacune de leurs entrées me frappe au coin du bon sens d’un Death progressif légèrement élitiste, mais réellement méchant.

Moins de trois ans après le pavé dans la mare Firescorched, le groupe de Gênes revient avec une bordée de nouveaux morceaux, un instrumental, deux bonus tracks, et une attitude frondeuse qui le confine à la certitude la plus absolue. Ces musiciens sont toujours parvenus à mixer la violence la plus crue avec la technique la plus drue, et Something To Pierce continue sur cette lancée stratosphérique, rappelant le meilleur de la scène Death évolutive de DEATH, SADUS, ATHEIST, GORGUTS, le tout emballé dans un déguisement de la commedia dell’arte. Ou du carnaval de Venise. En tout cas, le décorum est impressionnant, la liste des invités huppée, et le banquet riche et bien présenté.

Une pochette ad hoc pour un nouveau chapitre qui cogne et qui caresse à la fois. Toujours fidèle à cette recette en dualité majeure, SADIST utilise toutes les armes à sa disposition, juxtapose des chœurs angéliques à des rythmiques en chien de fusil, insère des riffs au chausse-pied pour mieux déformer la cheville et nous immobiliser de sa fourberie. Un nouveau catalogue de figures imposées donc, pour une cohésion d’ensemble qui laisse ébahi. Comment font-ils pour se montrer aussi créatifs trente ans après leur intronisation, c’est une énigme que même les fans les plus dévoués ne parviennent pas à décrypter.

Something To Pierce reste donc scotché à cette éthique de complexité tout sauf gratuite. L’utilisation de cordes en son clair, de breaks apaisants et d’idées claustrophobiques permettent à ce nouvel album de se hisser vers le haut du panier, alors que « The Sun God » justifie à lui seul l’achat d’un disque qui prend du temps à s’infuser dans l’organisme.

Soyons clair : SADIST n’a jamais déçu. Chacun de ses épisodes s’est montré passionnant, et sa crédibilité n’a jamais eu à souffrir d’un quelconque manquement. Mais pourtant, Something To Pierce parvient à surpasser toutes les attentes, sans vraiment changer le plan d’attaque. Et bien que fan de la première heure, mon objectivité me pousse à admettre que les italiens repoussent à chaque fois les limites de leurs capacités.  

D’ailleurs, le leader de la bande a une sacrée formule pour définir ce son si unique :

« Que vous aimiez ou non, personne ne sonne comme SADIST »  

Et l’homme, loin d’être péremptoire, dit vrai. Si beaucoup d‘artistes se sont épanouis dans les arcanes d’un Death précieux et exigeant du solfège, peu ont réussi à trouver le plus juste équilibre entre ambitions et efficacité. Le style se perd souvent dans ses propres délires, et ressemble parfois à un catalogue démonstratif sans âme, ou à un spectre décharné qui ne fait plus peur à grand monde. Or, SADIST tient non seulement la barre, mais dévie à son envie, nous entraînant dans un voyage étrange, vers une sorte de purgatoire incroyable dans lequel se croisent PESTILENCE et Chuck Schuldiner.

« Dume Kike » le souligne d’ailleurs avec une belle pertinence, alignant les idées comme les décorations de Noël. Tour à tour implacable, vénéneux, séduisant ou inquiétant, le groupe assume sa cohésion, mais préfère la confronter à des idées novatrices pour éviter le surplace et la simple garantie d’une légende passée.

Entre accroches fondamentalement brutales et déviances mélodico-techniques, SADIST donne le sentiment d’avoir toujours quelque chose de neuf à dire, sans exagérer l’importance de son discours. Something To Pierce utilise donc le même vocabulaire, en choisissant ses rimes avec attention. « One Shot Closer » présente le visage le plus agressif, alors que « The Best Part is the Brain » se réjouit de sa témérité. Aggravé par un chant toujours aussi graveleux, le tracklisting est passionnant, et nous réserve des surprises énormes, tant au niveau des percussions que des soli qui fricotent avec la fusion et le Jazz-Rock.

Jamais déçu ?

Non, en effet. La somme de travail fournie est toujours aussi conséquente, et le produit d’une qualité inouïe. En se tenant à l’écart de la faune old-school qui balbutie de plus en plus, SADIST reste dans son univers, qui semble ne reconnaître aucune frontière. « Nove Strade » est d’ailleurs une arme de dissuasion massive, mais c’est évidemment la clôture « Respirium » qui pose le point final avec une belle créativité.

Comment être de mauvaise humeur en savourant un disque aussi créatif qu’agressif ? Entre le Progressif charnu et le Death repu, SADIST navigue à vue et nous mystifie de sa superbe. Something To Pierce s’accroche donc à la locomotive, qui roule pleine bourre depuis trente ans et plus. Personne ne sonne comme SADIST ?

Non.          

                                                                                

Titres de l’album:

01. Something to Pierce

02. Deprived

03. No Feast for Flies

04. Kill Devour Dissect

05. The Sun God

06. Dume Kike

07. One Shot Closer

08. The Best Part is the Brain

09. Nove Strade

10. Respirium (instrumental)

11. Latex Hood (CD bonus track)

12. The Unsmiling Windows (CD bonus track)


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 07/03/2025 à 19:19
95 %    68

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


NecroKosmos
membre enregistré
08/03/2025, 16:08:47

Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Fanzinat - Projection du Documentaire

mortne2001 23/02/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : HOLY RECORDS

Jus de cadavre 23/02/2025

Vidéos

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
NecroKosmos

Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.

08/03/2025, 16:08

Humungus

Tout comme Gargan, bien plus ADIPOCERE que HOLY à l'époque.HOLY étant bien trop atmo-avant-garde-mélo-musique-du-monde pour moi.Pout autant, GLOOMY GRIM et TRISTITIA  ont été de très grandes révélations au mili(...)

08/03/2025, 10:09

Capsf1team

Le catalogue était culte avec ses descriptions d'albums !!! ("la batterie va à 1000 km/h", "l'album de la maturité",...) Ma discothèque s'est constituée au début en grande partie grâce à eux.

07/03/2025, 16:48

Humungus

Miam miam !!!L'album hein...Pas la pochette... ... ...

05/03/2025, 20:30

Jus de cadavre

La boucherie encore bordel... 

05/03/2025, 15:33

Saul D

Ca m'évoque vaguement Terrence Trent d'Arby.....

04/03/2025, 15:24

Humungus

@ Mortne2001 :J'ai maté les films que tu conseillais et que je n'avais pas encore vu (voir même entendu causer...) :- ODDITY : Mouuuais... ... ...Idée de base pas mal mais des incohérences scénaristiques qui gâche totalement t(...)

04/03/2025, 12:25

Gargan

Possible qu'ils tournent, étant donné que Bobby est devenu un meme depuis quelques jours....

04/03/2025, 10:50

LeMoustre

Excellente compile. Chouette papier. Merci

03/03/2025, 18:41

Arioch91

De mon côté, j'ai forcément découvert Holy Records avec Metallian dans les années 90. J'avais acheté le premier Septic Flesh parce que j'avais aimé la pochette. J'ai aimé la zique dans la foulée. J'aimais bien (...)

03/03/2025, 13:09

Gargan

Pour moi Holy, c'était principalement Elend, groupe qui m'est toujours resté cher. Mise à part ça je n'étais pas un holy maniac hehe. Pour la distro, j'étais plus Adipo, même si je me souviens avoir passé des heures sur le(...)

03/03/2025, 10:45

Gargan

Yep, c'était le war volume III de chez SOM. De mémoire les deux autres étaient ceux de Bloodthorn/And Oceans et Bethzaida/Anata. Un peu comme à la même époque le Thorns/Emperor mais c'était chez Moonfog :)

03/03/2025, 10:39

Kamel

C'est eux qui avait fait un split avec Seth?

03/03/2025, 09:05

Thierry

Leivato ne sera sans doute pas longtemps considéré comme allant à contre courant... Puisque fort d'une créativité inépuisable ce groupe crée lui-même un nouveau style.Pour l'instant ce second album est donc le manifeste d&apo(...)

02/03/2025, 14:48

Warzull

Beaucoup de souvenirs a l'évocation d'Holy Records… SUPURATION, NATRON, BALROG, GARWALL, TREPALIUM, GLOOMY GRIM, EXHUMATION, HECTIC PATTERNS et j'en passe…Un label qui m'a permis de découvrir tout un tas de groupes qui deviendront , pour ma p(...)

28/02/2025, 10:25

Saddam Mustaine

Excellent album RIP 

28/02/2025, 00:04

RBD

Holy Records était un label ambitieux avec une identité bien marquée, et une vision artistique large qui réunissait l'ensemble de leurs signatures. Même le style visuel se reconnaissait instantanément. C'était aussi ma distro' fran&cc(...)

27/02/2025, 20:00

Gargan

Autant ils nous ont habitué à quelques pochettes bien merdiques, autant es deux dernières dont celle-ci sont magnifiques !

27/02/2025, 10:50

RBD

Celui-là, je l'ai dans le viseur.

26/02/2025, 15:47

Gargan

Enjoy eternal rest !

26/02/2025, 07:29