Il est toujours très dangereux de s’atteler à la chronique d’un album qui l’a déjà défrayée depuis longtemps. Alors que le petit monde du Metal s’agite depuis quelques semaines à l’écoute du premier (et peut-être unique) album d’VLTIMAS, j’ai donc décidé de prendre mon clavier pour y coucher quelques impressions, bien que le plus grand dénominateur commun se soit déjà fait une idée très précise sur le projet. La méfiance est toujours de mise au regard de l’association de figures de l’extrême, et les supergroupes ne sont pas toujours la somme des qualités individuelles de ses membres, loin de là. Sauf qu’en regardant de plus près le line-up de cette nouvelle créature de l’ombre, on remarque qu’aux commandes du navire se tient fermement sur ses deux mains Rune "Blasphemer" Eriksen, guitariste des essentiels AURA NOIR, combo ayant récemment remis le couvert pour la plus grande joie des amateurs d’un Thrash aux relents Black de première qualité. Et comme l’homme n’en est pas à son coup d’essai en termes de réunion de légendes (rappelons-nous son implication dans le side-project NADER SADEK), la confiance est donc de mise, mais pas cette confiance aveuglément stupide qui consiste à penser qu’un artiste confirmé ne peut commettre de faute de goût. D’ailleurs, au sein d’VLTIMAS, Rune retrouve son compère atomique Flo Mournier à la batterie compressée (CRYPTOPSY, TRIBE OF PAZUZU, ex-NECROSIS, DIGITAL DOOMZDAY, ex-NADER SADEK, ex-SOLIUM FATALIS), celui-là même qui frappait comme une bête dans NADER SADEK, concept qui abritait Steve Tucker…ex-MORBID ANGEL. Affaire de famille ? Oui, puisque cette fois-ci, c’est le sombre et mystique David Vincent qui braille dans le micro, avec cette emphase vocale qu’on connaît si bien, et qui permet justement à ce premier LP de décoller bien plus haut que la majorité des œuvres planant en rase-mottes actuellement.
Ok, donc équation simple sur le papier. AURA NOIR, MAYHEM, CRYPTOPSY, MORBID ANGEL, David Vincent, Rune Eriksen et Flo Mournier, un carnage annoncé, dont la seule inconnue réside en la direction artistique choisie. De ce côté-là, aucune surprise eut égard au background des instrumentistes impliqués, et si les photos promo nous montrent un David Vincent sérieusement chapeauté, à la limite du pistolero urban Death moderne, pas d’inquiétude à avoir au moment de lever le voile sur le contenu de ce Something Wicked Marches In, dont le titre résume admirablement bien la démarche. Du Death Metal, légèrement teinté de Black, pour une union pas si contre nature que ça entre le MORBID ANGEL de milieu de carrière et le MAYHEM des années 2000, le tout nuancé d’une patine gothique assez prenante, pour suggérer qu’en effet, quelque chose de très pernicieux rampe vers nous. Sans changer son fusil d’épaule, mais en acceptant des influences parfois extérieures, Rune a donc tissé un tapis de riffs froids comme un hiver norvégien, laissant le soin à son vocaliste de mettre en exergue des théories d’agression précises dont il est si coutumier. Sans représenter la quintessence d’un art pluriel, VLTIMAS offre donc une échappatoire crédible à la linéarité ambiante, et surtout, développe un répertoire digne d’intérêt, mis en relief par une production que certains jugeront trop propre et clinique, mais qui par son polissage s’accorde admirablement de l’ambiance un peu cloîtrée choisie pour enrober les morceaux. On retrouve donc cette lourdeur biaisée qui a rendu les albums d’AURA NOIR si particuliers, mais aussi cette précision chirurgicale que MORBID ANGEL et CRYPTOPSY partagent, avec une double grosse caisse triggée au maximum, et des parties rythmiques bluffantes de vitesse et de dextérité. L’osmose entre les trois partenaires est donc plus que palpable, et le résultat convaincant, bien loin du simple assemblage de pièces de puzzle fameux pour frimer sur le papier.
Sans représenter la quintessence d’un art qu’ils ont déjà incarné chacun de leur côté, les trois compères ont insufflé à Something Wicked Marches In suffisamment de passion pour nous laisser croire à un véritable groupe monté par hasard, et bien décidé à mettre l’underground à genoux. Et si la patte du MORBID de Covenant/Domination est plus que tangible, c’est tout simplement que le trio partage des intérêts communs depuis longtemps, mais ils ont eu l’intelligence de fusionner leurs visions pour élaborer un plan à base de rigueur Black et de pulsions Death, sans chercher à tout prix l’équilibre Black/Death qui aurait pu faire sombrer le concept dans la monotonie. Et avec une durée plus que raisonnable de moins de quarante minutes, l’écueil de l’homogénéité flagrante était un risque important, risque que VLTIMAS a brillamment contourné en s’en remettant à son flair naturel, ce que « Something Wicked Marches In » de son approche presque psychédélique à la VIRUS confirme dès les premiers instants. Dissonances, mid tempo accrocheur, soudains agacements rythmiques, breaks inopinés d’une poignée de secondes, pour un riff gluant et contagieux évoquant avec acuité les possibilités catchy de la scène nordique dont Rune est l’un des plus brillants représentants. Jamais gratuit, rarement bruyant ou violent par plaisir, ce premier jet est un modèle de variété qui utilise tous les codes à sa disposition, du Death brutal et intempestif aux syncopes virevoltantes (« Praevalidus », tellement rapide qu’on pourrait croire les bandes légèrement accélérées pour épater la galerie), au Death Thrash impitoyable et épuisant de brutalité ouverte (« Total Destroy! »), en passant par une forme d’extrême très malsain que le CELTIC FROST de Monotheist aurait pu prôner (« Monolilith »), pour un résultat qui fascine, et en tout cas, selon les inclinaisons, intéresse de bout en bout sans jamais lasser.
Loin de s’asseoir sur le trône de leur propre réputation, les trois musiciens ont donc donné le meilleur d’eux-mêmes pour valider ce projet, autant en termes de créativité que d’exécution. Et entre des accès de bestialité millimétrée (« Truth And Consequence », plus MORBID ANGEL qu’un solo de Trey Azagthoth), des envies de litanies funèbres processionnelles (« Last Ones Alive Win Nothing », toujours ce phrasé unique de David qui semble peser le poids funeste de chacun de ses mots), des adaptations Thrash de standards Death (« Everlasting »), le tout à de faux airs de récréation diabolique pour grands enfants pas forcément sages, mais qui commettent les bêtises les plus élaborées. Un disque sombre et froid qui sonne pourtant frais et naturel, comme un processus d’écriture automatique guidé par un inconscient parfaitement conscient de son propre passé. On pourra éventuellement reprocher des parties de batterie un peu trop surfaites (mais c’est la trademark martelée par Flo depuis ses débuts), mais tout le monde admettra un professionnalisme indéniable, allégé par un véritable plaisir de jouer autre chose que des morceaux que tout le monde connaît déjà avant de les avoir écoutés. Une bonne réputation fondée donc, et Something Wicked Marches In de nous offrir une grosse bouffée d’air frais avant de reprendre le train-train des chroniques hautement prévisibles.
Titres de l’album :
1.Something Wicked Marches In
2.Praevalidus
3.Total Destroy!
4.Monolilith
5.Truth And Consequence
6.Last Ones Alive Win Nothing
7.Everlasting
8.Diabolus Est Sanguis
9.Marching On
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