Inutile de revenir une fois encore sur l’amour que portent les peuples nordiques à la nostalgie musicale. La plupart des combos en activité jouent comme si le temps ne s’était pas écoulé et que nous étions toujours bloqués aux alentours de 86/87, et ce que nous perdons en originalité, nous le gagnons en faux souvenirs. La question qui reste en suspens est alors la suivante : y’a-t-il un intérêt quelconque à gloser sur la pertinence artistique de ces ensembles lorsque le plaisir est au rendez-vous ? J’ai depuis longtemps abandonné la prétention de trouver réponse à cette interrogation préférant savourer ces albums qui auraient pu sortir il y a trente ans sans que personne ne trouve à y redire, et le second long des finlandais de THE RAGGED SAINTS fait assurément partie des grandes réussites de cette mouvance old-school qui vénère des groupes passés à la postérité de leur vivant. Formé en 2011, cet ensemble de Helsinki assemblé par les guitaristes Tomi Julkunen et Toni Bite n’a pas attendu très longtemps pour lancer son premier long sur le marché, et c’est deux ans plus tard et quelques musiciens en plus (Markku Kuikka - chant, Jukka Hoffrén - basse et Miikki Kunttu - batterie) que The Sound Of Breaking Free vit le jour. A son menu, de sales réminiscences des eighties, et un tribut payé à quelques idoles, dont les plus évidentes sont nommées sur leur page Facebook, WHITESNAKE, RATT, CINDERELLA, DEF LEPPARD, QUEENSRYCHE, et le 80’s Hard Rock en général. Loin d’être arbitraires, ces références transpiraient de leurs chansons, tout comme une poignée d’autres, dont STRYPER, WINGER, mais les fans séduits par cette approche étaient loin de se douter qu’il leur faudrait attendre encore sept ans pour savourer la suite des aventures, le groupe finlandais se plongeant dans un étrange mutisme, respectant un hiatus qui n’a pas du arranger leurs affaires promotionnelles. Mais c’est avec délice que nous constatons aujourd’hui l’existence toujours valide du quintet, qui revient très fort avec ce Sonic Playground Revisited aux contours policés et aux mélodies prononcées.
J’ai déjà abordé la difficulté de traiter de ce genre d’album dans de précédentes chroniques, les champs lexicaux, les images et comparaisons étant toujours les mêmes. Mais pour résumer l’affaire, on pourrait simplement dire que Sonic Playground Revisited est le genre de prototype que tous les nostalgiques du Hard made in 80’s vont piloter virtuellement avec un bonheur non feint. Les musiciens se sont lancés dans une entreprise de synthèse globale, abordant toutes les nuances du Hard-Rock jusqu’à le pousser dans ses retranchements romantiques AOR, travaillant leurs mélodies sans faire perdre aux guitares leur abrasivité, pour sonner plus californien qu’un exilé finlandais perdu à Los Angeles. Mais plus qu’un simple décalque du Hard Rock hollywoodien, ce second LP est un compromis trouvé entre la facilité suédoise et la légende américaine, avec de sérieuses réminiscences de W.E.T, et une méthode commune à DOKKEN et David Coverdale. Une union pas du tout contre nature donc, mais surtout, une recherche de perfection dans la composition, qui permet à chaque morceau de sonner comme le hit qu’il est vraiment. Tout commence d’ailleurs avec « Never Gonna Let You Down », archétype de Hard Rock mélodique soigné, qui comme d’ordinaire peaufine ses couplets pour laisser exploser un refrain fédérateur. Tout est admirablement bien agencé, les instrumentistes connaissent leur boulot, et si les guitares n’ont rien perdu du mordant des années 80, les mélodies prennent le pas via des arrangements vocaux soignés, et une ambiance générale propice à la fête. Loin de s’être contentés du minimum syndical, les THE RAGGED SAINTS osent avec Sonic Playground Revisited le bilan complet, s’intéressant de près à SCORPIONS pour mieux tendre un piège à l’harmonie si chère à WHITESNAKE et SLAUGHTER, via le très BON JOVI « Like A Spinning Wheel ». Mais on le sait, les finlandais, comme leurs voisins suédois ou norvégiens ne supportent ni l’approximation ni l’évasif, et la perfection est donc encore de rigueur, les trois premiers morceaux présentant un éventail de variété assez conséquent. C’est ainsi qu’après deux charges plus ou moins musclées, le quintet cède au romantisme d’un AOR cajolé, avec l’irrésistible « Take Me With You », qui se souvient de JOURNEY et REO SPEEDWAGON, mais aussi de la vague Sleaze californienne qui n’était jamais la dernière à faire preuve de sentimentalisme.
Trois morceaux pour un sans-faute de départ, l’affaire laisse songeur, et on se dit que les turbines de l’imagination vont bien finir par ralentir, ce que le très énergique « Secret In Our Hearts » contredit de sa rythmique jumpy et de son chant juvénile. Rois du rythme qui décoiffe sur fond d’harmonies qui séduisent, les THE RAGGED SAINTS parviennent donc à traduire un langage ancien dans un vocable plus contemporain, sans forcément singer les tics de la vague old-school actuelle. Pourtant, leur Hard-Rock sans compromis nous replonge des années en arrière, mais sans abuser de gimmicks, puisque même la ballade de circonstance transpire de sincérité et d’acoustique ciselée (« Just Believe »). Impossible alors de ne pas penser à ces classiques qui trustaient les premières places des charts (« Love Bites », « Every Rose Has It’s Thorn », « Is This Love », « Bed Of Roses »), mais loin de jouer l’opportunisme, les finlandais restent sincères et nous touchent en plein cœur. Grâce certainement en partie à la voix pure et puissante de Markku Kuikka qui n’a rien perdu de son talent pour sublimer des guitares inspirées, certes par le passé, mais un passé qu’on chérit toujours autant. Un passé qui sous couvert de douceur d’approche n’a pas oublié ses racines Heavy, celles que les SCORPIONS et DOKKEN mettaient en exergue par l’entremise d’un Heavy bien salé (« Absence Of Light »), mais qui n’a pas non plus remisé ses prétentions soft au placard des charts (« Always Forever », aux volutes discrètes de claviers qui en font un tube irrésistible). Et les titres passent, s’enchaînent comme dans un rêve, rappelant parfois le savoir-faire de l’école Frontiers (« Pretending Diamond »), mais surtout l’excellence de l’expérience californienne, reprise plus tard à son compte par la supériorité canadienne des HAREM SCAREM (« Turning Cold »).
Plus qu’un simple album, Sonic Playground Revisited s’envisage alors comme une sorte d’encyclopédie, un manuel à l’usage de la nouvelle génération qui souhaiterait découvrir plus en profondeur les méthodes d’antan, et plus simplement, un excellent disque composé et interprété par un groupe plein de talent. Un groupe qui a su capturer la fraîcheur de ces années Hard-Rock qui ont fait de nous ce que nous sommes et que nous serons toujours.
Titres de l’album :
01. Never Gonna Let You Down
02. Like A Spinning Wheel
03. Take Me With You
04. Secret In Our Hearts
05. Just Believe
06. Absence Of Light
07. Always Forever
08. Pretending Diamond
09. Turning Cold
10. Supernatural
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41