Après quatre ans de silence discographique en format long, les chiliens de PARASYCHE reviennent donc agiter nos nuits et perturber nos jours avec leur second album, toujours aussi empreint de formalisme Bay-Area et de nuances mélodiques. Et c’est bien entouré que le quatuor formé par Cristian Suárez (basse), Nicolás España (batterie), Nico Borie (guitare/chant) et Matías Becerra (guitare lead) campe sur des positions établies il y a déjà sept ans, à l’occasion de la sortie du plutôt apprécié Insanity Origins, publié en 2017. Quatre ans donc, mais une pelletée de singles, dont certains sont repris à l’occasion de ce Sons of Violence, qui justement, intronise le groupe dans la lignée des agitateurs Heavy/Thrash les plus nobles.
Et plus qu’un simple second album, Sons of Violence est une célébration, puisqu’il est disponible en version bilingue, l’original en anglais se voyant soutenu par la VO en espagnol. Les deux langues pour une même approche de la brutalité maîtrisée, avec en exergue des saccades classiques, mais des agencements et des arrangements qui le sont moins. Loin du produit lambda lancé sur le marché pour surfer sur la vague nostalgique, Sons of Violence est une œuvre pensée, construite, complexe, reposant sur des titres évolutifs, contenant la plupart du temps assez d’idées pour faire le bonheur de deux ou trois groupes moins exigeants.
Thrash donc, mais aussi progressif, ce qui rend l’affaire beaucoup plus alléchante. Disposant d’un bagage technique certain, les quatre musiciens nous proposent un retour en arrière savoureux, lorsque les cadors californiens usaient de stratagèmes pour avancer dans la mêlée, et proposer à leurs clients des formules moins faciles. On pense évidemment au METALLICA ambitieux d’And Justice, mais aussi au MEGADETH de So Far, So Good, So What, et pas seulement parce que les chiliens se fendent d’une reprise honorable de « In my Darkest Hour ».
Et c’est après une coutre intro que le dossier est ouvert, exposant ses arguments denses. Une mise en place parfaite, une progression pointilleuse, mais une rage palpable, et une énergie de tous les diables. Assez intellectuel pour intéresser les fans de Techno-Thrash abordable, mais assez sauvage pour fasciner les plus brutaux, ce second chapitre de cette jeune saga est fascinant à bien des niveaux. D’abord, pour son refus de cloisonnement : les genres sont abordés de façon poussée ou allusive, et les incartades Death le disputent aux aménagements Heavy, pour aboutir à une fluidité dans la diversité très convaincante.
Le spectre de la scène précieuse de San Francisco, mais aussi les efforts de Seattle (circa 87/88), quelques clins d’œil à la sophistication allemande de la fin des années 80, pour une envolée majestueuse, à cent lieues de la facilité old-school actuelle. De fait, « Rebellion » pose les jalons, avec ses mélodies de contrepoint qui contribuent à imposer une atmosphère mystique, avant que l’implacable « Black Mamba » ne laisse les fioritures techniques et harmoniques faire le jeu d’un Heavy/Thrash compact, précis, et redoutablement aiguisé.
Immédiatement, les ambitions sont évidentes : avec des titres qui flirtent, dépassent ou piétinent les six ou sept minutes, les PARASYCHE se détachent de la masse, et le monstrueux « Vile Rejection » joue sur tous les tableaux, osant les nappes vocales à la QUEEN Thrash, avant de plaquer un soli/break digne de PINK FLOYD et OPETH, enfin réconciliés. Vous comprendrez donc qu’il serait regrettable de considérer cet album comme du tout-venant, le quatuor ayant vraiment mis les petits plats dans les grands, utilisant les codes Techno pour mieux s’enfoncer dans un progressif commun à VOÏVOD et FATES WARNING.
Pas d’élitisme donc, mais de l’intelligence, et des alambics qui tournent à plein régime pour nous enivrer d’un nectar brutal, mais très digeste. Pas de prétexte, encore moins de facilité ou de citations dans le texte à peine modifiées, mais de l’inédit dans les structures, et de la passion dans les évolutions. Avec une batterie de riffs à rendre fous James et Dave, avec des silences qui aèrent le tout, et une accolade franche aux aînés d’ANACRUSIS, PARASYCHE prend le taureau par les cordes, et détaille son plan d’attaque, entre méchanceté sournoise tapie dans l’ombre (« Born To Transcend »), mélodies alternatives et honnêteté Metal, pour un melting-pot bouillonnant comme une marmite d’idées prête à exploser.
Et faites-moi confiance, des groupes capables de pondre une doublette de l’envergure artistique de « Sleep Paralysis »/« Cachafaz I. Conjuring » ne sont pas légion. Comme une synthèse de tout ce que le Heavy viril et le Thrash abordable ont pu proposer de meilleur ces trente dernières années, via MORDRED, DEATHROW, AT THE GATES, SLAYER, DEATH ANGEL, EXODUS ou CRIMSON SLAUGHTER, FATES WARNING et WATCHTOWER, PARASYCHE impressionne vraiment de sa maitrise, mais aussi de sa culture des pièges à éviter pour signer un album de premier choix.
Grâce à un vocaliste versatile capable de grogner Death pour mieux mélodiser Heavy, un soliste prolixe qui nous gâte pourri de soli tous plus lunaires et pertinents les uns que les autres, une section rythmique inventive et souple au service des morceaux, Sons of Violence est une étoile polaire dans une nuit sombre, une bouée de sauvetage dans l’océan déchaîné de la redite, et plus simplement, un travail de titan pour accoucher d’un monstre d’intelligence et de puissance.
Impossible de ne pas s’immerger dans cette fin d’album hypnotique, faite de percussions sauvages, de plans déséquilibrés, d’allusions jazzy et de contretemps au biseau, impossible de ne pas être submergé au point d’avoir besoin d’une bonne vingtaine d’écoutes pour capter tous les détails, et impossible évidemment de ne pas s’incliner face à une inspiration protéiforme et efficace.
On parlera d’ANNIHILATOR, de SIEGES EVEN, et finalement de tous les leaders d’un mouvement aussi esthétique que brutal. Une petite merveille cachée dans les bois de l’autoproduction qui mérite une promotion à la hauteur de ses qualités. L’album de cette fin d’année, dommage pour les tops déjà bouclés.
Titres de l’album:
01. Intro (Rebellion)
02. Rebellion
03. Black Mamba (feat. Aquiles Priester)
04. Vile Rejection (feat. Diva Satánica & Nidra)
05. Born To Transcend (feat. Anthony Vincent)
06. Sleep Paralysis (feat. Bradley Hall)
07. Cachafaz I. Conjuring
08. Cachafaz II. Rising Of Souls
09. Brutal Hypocrisy (feat. Ronnie Romero)
10. The More Who Die
11. In my Darkest Hour (MEGADETH cover)
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