Là, je dois avouer que j’ai hésité un bon moment à vous parler de cet album…Non à cause de sa qualité discutable, mais eut égard à son contenu qui n’a pas forcément sa place dans les colonnes d’un webzine Metal à proprement parler. Mais à force de l’écouter et de laisser les chansons s’insinuer dans mon inconscient, j’ai décidé de lui laisser sa chance, et de vous permettre de découvrir une artiste vraiment attachante. Première mise au point, ne vous fiez pas à cette pochette somme toute assez peu accrocheuse, qui ne définit en rien le contenu qu’elle cache. Loin de moi l’idée de remettre en cause le talent du photographe/graphiste en question, mais avouons tout de go que son côté amateur nuit plutôt à la direction artistique d’un album qui en son temps, aurait pu rivaliser avec certaines productions américaines tenant la même ligne de conduite. Dommage que l’artiste ait préféré projeter une image un peu « régionale » pour défendre son disque, qui eut gagné a offrir une cover un peu plus travaillée, et surtout, plus adaptée au caractère versatile de son univers. Car là est l’atout majeur de ce premier longue-durée de CARMYN, qui passe du coq Hard-Rock à l’âne Pop-Rock avec une fluidité déconcertante, et qui nous offre une démonstration vocale de premier plan, ainsi qu’un don certain pour les compositions qui font mouche, et qui touchent la sensibilité d’un public assez vaste. Chanteuse, guitariste, pianiste, mais aussi gestionnaire d’une entreprise de bijoux familiale, qu’elle arbore sur scène d’ailleurs, CARMYN est donc une artiste complète, qui fut l’élève de la chanteuse américaine Julie Massino (figure de l’apprentissage de la musique en Grèce, mais aussi impliquée dans le volet hellène de la Star-Academy), mais aussi celle de notre célèbre chorégraphe Mia Frye, ainsi que de notre petit prodige Stéphan Forté. Un CV bien fourni donc, pour une performeuse qui a déjà produit un premier EP (One, 2014) et qui aujourd’hui se lance donc dans l’aventure du LP, soutenue par Ellie Promotion, que je remercie au passage pour cette découverte.
Avec Sophomore, CARMYN délimite son terrain, et autant dire qu’il est vaste. Admettant en tant qu’influences/références des artistes à l’univers aussi contraire/complémentaire que WOLFSBANE, PHANTOM BLUE, TOTO, Michael JACKSON, WASP, QUEEN, MR BIG, GRIP INC., MADONNA, PRINCE, ADRENALINE MOB, WOJCIECH KILAR, LIL KIM, ou Elvis PRESLEY, tout autant que la musique classique grecque, la jeune chanteuse/guitariste nous livre ici les contours d’un monde riche, qui ne privilégie aucune piste au détriment d’une autre, mais qui garde quand même en vue une cohésion d’ensemble renforcée par une production puissante et claire. Chaque instrument dispose d’un espace vital conséquent, ce qui permet d’apprécier quelques finesses d’interprétation, tout autant qu’une osmose d’ensemble, et il est très difficile de trouver la moindre faiblesse dans cet ensemble de chansons qui si elles privilégient des nuances assez mainstream, ne trahissent pas les passions de leur conceptrice, qui s’y livre telle quelle, et qui nous touche de ses mots sincères et de ses interventions vocales claires. Pas question de structure opératique ici, ou de symphonique de pacotille, CARMYN est Rock, Pop, mais tout simplement musique, et ses morceaux vivent, respirent, et s’épanouissent dans un refus du cloisonnement, puisque rien n’est impossible, et tout est permis. Tout est permis, en effet, mais pas n’importe quoi. Loin d’un enregistrement amateur défendu à la hâte par une boîte de promo qui se contente d’engranger les brouzoufs, Sophomore est un véritable album, pensé et conçu en tant que tel, et une sacrée collection de morceaux qui vont de la Pop délicate au Rock écarlate, et qui se situent parfois entre les deux, un peu comme si la West-Coast des années 80/90 rencontrait la Pop-Rock la plus musclée du vingt-et-unième siècle. Difficile de situer toutefois le créneau dans lequel se place la musicienne, puisqu’on pense tout autant à une version moderne de Pat BENATAR, qu’à une idée très personnelle des œuvres de Robbie NEVIL ou Richard MARX version féminine, mais autant dire que le tout est incarné avec passion, et qu’il est impossible de remettre en cause l’honnêteté artistique dont fait preuve la chanteuse. Pourtant, en prenant le risque d’entamer son premier longue-durée par une délicatesse aussi pure que celle de « Angel Eye », CARMYN a joué son destin en acceptant de s’aliéner la frange la plus Rock de son public potentiel, mais on est tout de suite sous le charme de cette voix puissante qui manie avec flair les nuances, et on craque pour cette chanson que Robin BECK aurait pu incarner dans un désir de se rapprocher de l’univers d’une Alanis MORISSETTE un peu plus apaisée que d’ordinaire.
Mais fort heureusement, dès « Rain, » la blonde et diaphane vocaliste se rapproche d’une Pop-Rock aux accents beaucoup plus chaloupés et au rythme bien plus balancé, qui explose au gré d’un refrain vraiment convaincant, mettant en exergue des chœurs très bien agencés, même si la distorsion, concession oblige, reste plutôt timide mais bien présente. Talent instrumental, arrangements convaincants, ce titre aurait pu être un tube imparable des années 90, et nous offre aujourd’hui le plaisir d’une petite brise de nostalgie parfaitement charmante. « Take Me Home » complète le triptyque d’ouverture, et de ses arpèges ciselés nous remet en mémoire la subtilité d’un Cat STEVENS, dont le couplet emprunte d’ailleurs la progression harmonique du mythique « Wild World » sans en avoir l’air. Mais après cette entame toute en demi-teinte, l’explosion rythmique nous prend à revers, et prouve que l’artiste à bien plus d’un tour simple dans son flight-case. Mais pour être honnête, chaque composition vaut le détour, de « Treat me Right » (si l’on oublie son intro un peu cliché) et son parfum Country-Hard vraiment enivrant au diablement Bluesy « Truth », qui ose le déhanchement vocal fatal et les œillades énamourées à un public déjà comblé. Nous avons même droit en guise de final à une reprise version grand piano de « Goodbye » qui loin d’être superfétatoire ajoute à la dimension émotionnelle d’un album qui ne fonctionne d’ailleurs qu’à la sincérité et à la passion, et qui s’apprécie donc avec le cœur, et non avec des neurones embrumés par des querelles de style. CARMYN a d’ailleurs trouvé le sien, sans choisir de camp, et en adoptant un costume polymorphe lui permettant d’aborder tous les genres qu’elle affectionne, sans paraître le moins du monde opportuniste. Certes, le plus gros des troupes Hard N’Heavy ne se sentiront pas forcément concernées par une œuvre qui échappe à ses restrictions, mais pour peu que vous fassiez preuve d’un minimum d’éclectisme et d’intelligence du cœur, alors vous pourrez sans difficulté craquer pour une artiste attachante, au talent indéniable. Et ce, même si comme moi, la pochette a failli dès le départ vous faire ranger l’objet dans la bannette des indésirables en prenant soin de la manipuler avec des gants.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
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