Dans ma jeunesse, une démo sonnait comme une démo. Il faut dire que les copies que nous obtenions étaient parfois de deuxième ou troisième génération, et dupliquées à partir de supports peu fiables. On pouvait entendre la bande fatiguer, le mixage faiblir, mais les pertes de dynamiques et les fluctuations rendaient l’écoute encore plus passionnante. Aujourd’hui, avec le matériel numérique moderne, ce charme un peu désuet a totalement disparu, certaines maquettes sonnant encore mieux que des albums officiels enregistrés dans des studios renommés. C’est ainsi que la démo 2020 des russes de CENOBITE affiche peu ou prou le même son qu’un produit sortant des studios Sunlight, et affiche une morgue sombre assez déconcertante. Aucune information fiable à vous prodiguer sur ce nouveau groupe, si ce n’est qu’il est originaire de St. Petersburg, et qu’il a déjà publié un EP en 2017, Lament Configuration. Seul un Bandcamp peu fourni et une page Vk vous en diront un peu plus (à condition que vous lisiez le russe), mais qu’importent les informations, puisque la musique proposée ici est largement assez bonne pour s’en dispenser. Quatuor culotté (Evgeny Veremey - batterie, Kostek Dolganov - guitare/chant, Necrom - guitare et Nikita Stepanov - basse), CENOBITE n’a pas hésité à emprunter à Clive Barker l’une de ses figures mythologiques les plus respectées, et c’est ainsi que Soul Torn Apart se pose en transposition des fameux Books of Blood, et leur transposition cinématographique Hellraiser. Le choix de l’univers est classique, mais après avoir savouré les six pistes de cette démo, on s’imagine parfaitement regarder de nouveau la saga en l’accompagnant de cette musique lourde, glauque, aux relents maléfiques, et aux tendances métissées.
Pratiquant un Death lourd et emphatique, les russes sonnent plus sombre et poisseux que bon nombre de leurs homologues plus portés sur la nostalgie. Difficile en effet de dater l’inspiration de cette démo, qui si elle emprunte les chemins scandinaves connus de l’orée des années 90, possède un caractère hypnotique assez unique. Et si l’entame « Bloody Harvest » après une longue intro Ambient lâche la cruauté d’une double grosse caisse dans le tableau, « More Blood, More Kills » rompt immédiatement le schéma classique d’un mid-tempo catchy et efficace dans la grande tradition du ENTOMBED le plus Death n’Roll. Très habile lorsqu’il s’agit de trouver des motifs mémorisables, les russes peuvent aussi compter sur la voix graveleuse d’un chanteur vraiment unique, qui vomit ses litanies avec un détachement délicieux. On s’imagine d’ailleurs très bien danser sur cette musique immonde dans les tréfonds d’enfers sado-maso, le corps transpercé par des crochets reliés à des chaînes, le sang séchant immédiatement sur les plaies. Difficile de définir l’optique de CENOBITE qui se complaît dans une violence larvée et dont les effluves semblent émaner des égouts pollués de St. Petersburg. On pense à un mélange entre ENTOMBED et FETISH 69, un genre de célébration fétichiste un peu louche, avec des soli typiques de la scène suédoise, une lourdeur omniprésente et oppressante, et surtout, des guitares qui pèsent sur le moral. Refusant toute la facilité d’un Death trop rapide ou classique, « Silence, Order, Equilibrium » prône encore des valeurs de retenue, et oppose la vermine, la solitude, la décrépitude à la bestialité plus ouverte.
Pas forcément facile à écouter à cause de ce parti pris de modération rythmique, Soul Torn Apart est un calvaire musical qui broie les idées claires, qui ne s’affole jamais, reste concentré sur ses traumas jusqu’à l’overdose. Certes, certains breaks plus classiques permettent d’apprécier des plans plus formels, et le final lapidaire de « Pain, Torture, Tears » offre une porte de sortie plus souple et groovy. Mais dans l’ensemble, cette démo d’une noirceur insondable reste d’une originalité flagrante, et d’un mépris affiché pour toutes les figures imposées les plus évidentes. Une belle façon de se détacher du reste de la production, mais surtout, un malaise palpable qui renvoie la concurrence dans les cordes.
Titres de l’album :
01. Bloody Harvest
02. More Blood, More Kills
03. Plague Dominion
04. Silence, Order, Equilibrium
05. Martyrdom
06. Pain, Torture, Tears
Les cenobites pas tranquilles, en somme.
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30