Quand la Suède se décidera à envahir le monde, son plan de bataille sera comme celui des fourmis. S’insérer dans le moindre interstice, creuser des tunnels pour saper les fondations, et progresser en unités pour effacer tout obstacle. Depuis l’orée des années 2000, ce pays du nord de l’Europe fabrique du groupe culte au kilomètre, comme si le principe était manufacturé et non plus humain. Inutile d’essayer d’en recenser tous les acteurs majeurs, la tâche s’avérant herculéenne. Des usines sortent chaque semaine des dizaines d’albums, tout parfaits dans un sens, et cette semaine, c’est le premier album de BLOODCROWN qui fait tourner les presses.
BLOODCROWN est en quelque sorte le groupe suédois typique de cette décennie 2020. Solides bases nationales, ouverture musicale, métissage créatif, pour brouiller les pistes et ne pas passer pour un énième clone d’ENTOMBED ou MARDUK. Situé en convergence du Death et du Thrash, ce quatuor (Barry Halldan - chant, Johan Wold Ylenstrand - guitare/basse, Rickard Gustafsson - guitare/basse/chœurs et Jachin - batterie) nous propose donc via son premier longue-durée une sacrée dose de méchanceté et d’agressivité, un équilibre certes traditionnel, mais qui fait toujours plaisir à entendre.
Membres ou ex de PANTOKRATOR, CRIMSON MOONLIGHT, THE WEAKENING, ou OLD99, ces musiciens au physique imposant sont donc de vieux briscards de la scène, fraichement unis sous un nouveau pavillon. Un pavillon qui se voit de très loin et qui annonce un débarquement sauvage et une conquête sans ambages. En adaptant la rugosité des riffs du Death scandinave à la fluidité et la souplesse du Thrash US, les lascars s’en sortent avec les honneurs, tout en respectant scrupuleusement un cahier des charges. De la violence, ouverte, un sens de la provocation mélodique étonnant, et une énergie à filer des complexes à un groupe électrogène flambant neuf.
A la manière d’un ENTOMBED s’intéressant aux racines Thrash d’outre-Atlantique, Sound Of Flesh And Bone essaie de trouver le point de convergence entre deux styles, sans trahir l’un ou l’autre. Et sans ménager de surprise inutile, la balance pèse méchamment du côté du Death que l’on retrouve omniprésent sur chaque titre. Les inserts plus modérés se trouvant du côté des breaks, des soli, et de quelques passages moins véhéments.
Ainsi, « Sound of Flesh and Bone », title-track qui assume son statut développe les arguments les plus convaincants, en se rapprochant des crises de colère de SOILWORK, LIK et AT THE GATES. Un formalisme donc inévitable, mais allégé de quelques arrangements notables et autres idées plus personnelles. Mais si vous n’êtes pas à cheval sur l’originalité et le culot, ce premier album saura vous satisfaire. Il est brutal, voire très par moments (« Hypnotized in Chains »), carré, biseauté et calibré, tout en gardant cet aspect indomptable qui fait les plus grands prédateurs.
« Momentary » se range aussi du côté des plus forts, tout en aménageant un refrain étonnamment accrocheur, avec mélodie simple et mid-tempo séducteur. Un minimum de concessions donc, pour mériter cette appellation Crossover, même si les guitares ne peuvent s’empêcher de malmener leur vibrato et de lâcher du bend comme à la parade.
Efficace, explosif, franc et massif, BLOODCROWN est le type même de soldat old-school qui obéit aux ordres sans les discuter. On n’attend rien de plus de sa part qu’une guerre menée sans merci, et jusqu’à la mort, et c’est exactement l’attitude qui se dégage de morceaux denses, puissants et sans pitié. Avec des schémas qui se répètent avec une régularité admirable, et des tics de langage que l’on repère assez facilement, Sound Of Flesh And Bone sonne comme des crânes explosant sous les chenilles d’un tank, et comme des chairs trouées de balles qui saignent et finissent par coûter la vie.
Un conflit mené avec fermeté, contre l’édulcoration old-school trop sage. Loin des suiveurs les plus copieurs, BLOODCROWN tente de rendre son Death plus abordable, sans pour autant baisser son degré de brutalité par l’ajout d’eau ou de sirop. « Paralysis », corsé en diable, « Purge » thrashy à souhait, et « When Wolves » qui hurle à la lune sont des exemples probants de ce multiculturalisme musical extrême. Beaucoup d’envie, une tendance à utiliser des astuces externes, pour certes produire un album de pur Death à la scandinave, mais agrémenté d’une touche de Southern Groove qui permet de chalouper un peu les mesures.
Pas de longue digression, des ambitions modestes, mais un résultat probant. « Evil Pandemic » et « Fire of Resistance » confirment les prises de position, et mettent en avant les qualités pugnaces de ces soldats de l’extrême contrôlé.
BLOODCROWN ne sera sans doute jamais général, mais en tant que soldat de première classe, il remplit ses obligations avec une dévotion touchante. Comme chez les fourmis, le monde des musiciens a besoin de reines et de travailleuses. Les quatre suédois se rangent évidemment dans cette seconde catégorie. Sans aucune honte, puisque son travail est d’importance majeure.
Titres de l’album :
01. When Wolves
02. Sword Cut
03. Other I
04. Sound of Flesh and Bone
05. Hypnotized in Chains
06. Momentary
07. Paralysis
08. Purge
09. Obscenity
10. Evil Pandemic
11. Fire of Resistance
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