Il y a des groupes qui ont du goût. Musicalement bien sûr, mais nous n’en sommes pas encore là dans cette chronique. Abordons juste le cas des graphismes qui sont beaucoup plus importants que ce que l’on veut bien croire. Car une pochette, parfois, en dit plus sur son contenu que bien des analyses discursives ou des biographies rédigées à la hâte. Et par extension, plus sur les musiciens qui l’ont choisie pour illustrer leur travail.
Toutes celles proposées par les SEPTA sont d’importance, et de valeur. Qu’elles définissent un single, un EP ou un de leurs albums, elles parviennent toutes à susciter la fascination, de par leur beauté graphique, mais aussi l’interrogation, de par leur hermétisme de sens. Après tout, qu’attendre d’un groupe qui brouille les cartes avant même que l’on ait pu poser une oreille sur sa musique ?
Tout. Du meilleur au pire.
Mais dans le cas des SEPTA, le pire n’existe pas, ou presque. Puisqu’il est aussi bon que le reste n’est magnifique.
Venus d’Ukraine, Petr Bystrov, Dmitriy Ulyanov, Alexander Kostuchenko et Eugene Tymchyk traînent leurs basques du côté d’Odessa et ailleurs depuis plus d’une dizaine d’années. Ils sont productifs, surtout en considérant le fait qu’Eugene mène de front deux groupes reconnus dans son pays, sans ménager ses efforts, mais gardent le contrôle sur leur art en le faisant évoluer de façon progressive. De fait, il est aussi difficile de poser les bases de leur style que de percer à jour les mystères de la cover de leur dernier LP Sounds Like Murder.
Eux-mêmes font profil bas et jouent l’humilité, se définissant comme un combo de Rock alternatif, dans un désir de rester vague et de ne pas en faire. Mais une fois pénétré leur univers, on découvre assez rapidement qu’ils sont plus que ça, beaucoup plus même.
Si leur carrière a souvent été placée sous des augures de Mathcore et de Metal alternatif, il est devenu évident qu’au fil des années, la maturation a fait son effet pour nous présenter aujourd’hui un groupe hors normes, hors carcans, qui se veut symbole indirect d’un Post Metal incroyablement créatif et bouillonnant, tout en restant d’une froideur apparente.
Il est donc très ardu de les placer sur une carte quelconque, et Sounds Like Murder ne fait rien pour nous y aider. Pire, et donc mieux, il prend un malin plaisir pendant la petite heure qui lui est impartie à nous perdre sur des chemins de Post Metal, de Post Rock, de Néo Metal, de Rock alternatif, de Mathcore light, et de…musique tout court, ce qui reste quand même la définition la plus proche et honnête.
Musique ? Oui, et après tout, n’est-ce pas là le plus important ? Certes.
SEPTA, c’est le groupe naturellement schizophrénique par essence, mais qui pourtant reste cohérent dans son attitude qui n’a rien d’impulsive ou d’erratique.
On trouve bien sur des traces d’artistes renommés dans leurs chansons, des DEFTONES, d’ALCEST parfois, de MONO pourquoi pas, mais aussi des TOOL, de DILLINGER, de FAITH NO MORE, ce qui vous en conviendrez nous dévoile un panel d’influences plus qu’appréciable.
Et mieux que ça, donc pire pour les autres. Il se pourrait que les Ukrainiens avec ce nouvel album se montrent à la hauteur de ces estimables légendes.
Ils en ont la versatilité homogène, le refus des convenances, l’imagination, et bien évidemment, ce grain de folie qui permet de distinguer les habiles suiveurs des vrais créateurs.
D’ailleurs, je pense qu’on ne choisit pas de commencer un album par un morceau aussi abscons que « 11th : Omen » sans savoir exactement où l’on va. Rarement ouverture aura été aussi peu engageante et claire depuis les premiers méfaits de TOOL ou les derniers des DEFTONES, et ce, malgré une belle opposition entre rage dissonante et harmonie planante. Dès lors, on sent que les choses vont s’engager sur un terrain flou, et ce, même si un refrain un peu plus harmonieux que la moyenne tente de nous rassurer.
Mais telle est l’option choisie, celle de la pluralité, car malgré une cohésion d’ensemble indéniable, et une production claire, chaque morceau de Sounds Like Murder est une entité à part entière faisant partie d’un tout plus grand que la somme de ses parties.
Vous n’avez rien compris ?
Je n’expliquerai pourtant pas plus.
SEPTA à l’ambition des meilleurs groupes progressifs, sans en avoir la fatuité et la prétention. Le quatuor parvient à produire une musique évolutive en format concentré, ce qu’un titre comme « Following » prouve de ses percussions grondantes et de ses guitares amples. On pense à une version concentrée de THE OCEAN, ou à une approche de biais à la ALICE IN CHAINS, le tout enveloppé dans une ambiance à la FAITH NO MORE de Sol Invictus, pour ce refus d’affronter la réalité concrète de face mais aussi à cause de ces lignes vocales qui serpentent, mixées en arrière-plan ou au contraire, complètement upfront.
D’un autre côté, des saillies lapidaires comme « High Pitch Noise » savent rappeler que le Hardcore n’est jamais loin, et piochent dans le passé chaotique du groupe pour en assurer la pérennisation. Syncopes rythmiques, refrain brouillé, breaks inopinés, tout est là, et même plus. Et ça n’est pas tout.
« Ropes », disponible en vidéo sur YouTube reprend les ingrédients déjà exposés, et les propulse dans une dimension plus immédiate. Toujours dans des dédales de plans à la Keenan & co, en homothétie de Post Metal qui ne sacrifie pas l’efficacité au symbolisme. « Supercell » reproduit ses cellules plus rapidement qu’un cancer, et tente l’infection électronique, avant de se replonger dans les 90’s des DEFTONES, à grands coups de hurlements effrayants et de riffs lancinants.
« When There Is No Time » brise le schéma, et ose la mélodie pure et le duo piano/voix, pour un intimisme nocturne soudain explosé d’un orage de Metal franc aux éclairs aveuglants. « Means, Motive, and Opportunity » nous perd encore sur les routes d’un Dub/Electro à la MANSON/SKINNY PUPPY, avant que « Narcosis » ne se la joue Hardcore vilain et mesquin, nous bousculant d’un Mathcore repris à son compte par un Patton encore plus chafouin qu’à l’ordinaire.
Ne reste plus à « 13th : Aftermath » qu’à entériner les préceptes énoncés par « 11th : Omen » en miroir, et à nous laisser avec une somme conséquente de questions sans réponses.
Qu’en conclure ? Que parfois, une pochette peut en dire beaucoup plus et moins à la fois qu’un grand discours promotionnel.
Celle de Sounds Like Murder est étrange, superbe, captivante et presque conceptuelle. Mais de quel meurtre parlent-ils au juste ?
Celui d’une musique trop facile, assimilable rapidement, digérée sur l’instant. Etes-vous prêts pour un voyage aux confins du Post-Hardcore progressif et intuitif ?
Peu importe. Seul le ressenti compte ici. Et pas besoin de passeport.
Titres de l'album:
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36
Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.
03/05/2025, 21:31
En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".
03/05/2025, 19:37