Sounds of Loss

Orthodox

26/05/2017

Unbeaten Records

Le Metalcore me fatigue, le Downtempo m’épuise, le Beatdown m’écrase les tympans, le Nu Metal est exsangue, le Darkcore commence à tourner en rond, et le Néo Hardcore doit encore faire ses preuves. Oui, vous connaissez sans doute le refrain, « Hardcore fumier, Hardcore !!! », et les mecs qui citent le FLAG, le THREAT, paraphrasent Rollins en pogotant sur WRECKING CREW, tout ça c’est du réchauffé de vieux con qui s’est cru né à Boston ou NYC, alors même qu’il habite la région parisienne depuis ses premiers cris.

Bref.

Mais il est vrai que tous ces sub-genres commencent à me donner la nausée, à force de chercher le pourquoi du comment, et surtout, le comment du pourquoi tout ça est censé nous faire moins regretter les origines. Grosses guitares, rythmiques au pilon et au biseau, grosses décélérations qui appuient sur les G, et le refrain reste le même, imperturbablement…

Alors au moment de chroniquer un groupe de cette fameuse génération XXY, peu importe la manière de la présenter, j’y allais un peu à reculons. Ok, straight-edge, mais ça aussi c’est à la mode, et discours promotionnel oblige, colère, ressentiment, acrimonie, douleur, ténèbres, etc…

C’est bien joli tout ça, mais où est l’efficacité ? Perdue dans les couloirs du temps entre les NO USE FOR A NAME et MADBALL ?

On n’est pas dans la merde…

Non, cette putain d’efficacité justement, je l’ai peut-être trouvée. Non chez des puristes old-school, trop occupés à repasser leurs vieux vinyles pour qu’ils ne plient pas, mais chez une bande plutôt bizarre, qui se veut point de jonction temporel et stylistique entre pas mal de courants.

Les ORTHODOX, qui ne le sont justement pas vraiment, viennent de Nashville, Tennessee, mais ne versent pas dans la Country, pas d’inquiétude.

Ils ont déjà sorti un premier LP en 2013, End Of My Wit, à la pochette sombre comme une victime dans une impasse, prête à se faire bien rosser, et jouent l’ambivalence en refusant de se cantonner à un rôle bien défini. Pour leur premier album post signature sur le légendaire label Core Unbeaten Records, les coreux nous proposent donc un genre de concept-album, basé sur la colère, et tentant de retranscrire en musique la peur. Tâche ardue tant beaucoup d’autres ont essayé avant eux, et peu ont réussi.

Voire…pas grand monde du tout.

Mais il n’y a aucun mal à tenter sa chance, chance que les ORTHODOX provoquent en se servant d’une instrumentation assez Crossover. Mais imaginez.

Imaginez la structure de base de la SLIPKNOT hate, mélangée au meilleur du Downtempo (le moins pénible s’entend…), le tout assaisonné d’une bonne dose de Metalcore traité NU Metal KORNien tardif, et vous approcherez de près du cauchemar sonore qui vous attend dans les bits de ce Sounds of Loss, qui loin d’être une perte, est plutôt du genre bonne trouvaille.

Alors, du Hardcore, les musiciens n’ont retenu que l’énergie, et les thèmes. Ils les ont associés à un traitement contemporain de la saine colère, pour obtenir un cocktail éminemment noir et vénéneux, qui joue avec vos nerfs en vous faisant sauter du coq à l’âne sans perdre l’intensité de sa fuite en avant.

Le mélange des voix est savamment orchestré, et de titre en titre, sonne comme une litanie possédée qui vous poursuit dans de salles ruelles la nuit, alternant les grognements de bête et les hurlements stridents de fantôme en rage et en nage, pour une belle illustration de…peur justement.

On imagine fort bien le groupe sur nos traces, fondu en une seule entité, armée d’un marteau de forgeron géant, martelant le sol d’une force surhumaine à en faire trembler les bâtiments, et nous faire chuter à la moindre occasion dans le néant de son ombre.

L’image est assez crédible, et surtout, parfaitement adaptée à la rouste musicale que représente cet album qui manque cruellement d’empathie, mais qui a su détourner avec malice les codes du Metal et du Hardcore moderne pour repousser les limites du Néo Hardcore aussi loin que possible…et aussi fort.

Douze titres, peu ou pas de remplissage, pas mal d’effets sonores qui tombent souvent à pic, et une vertigineuse descente aux enfers des riffs les plus incendiaires.

Et toute l’affaire crapuleuse est soigneusement résumée dans les deux minutes et trente-et-une secondes de l’intro abyssale « The Anticipation », qui de son laïus résigné et samplé (« There was a moment, when I realized, that I wouldn’t find peace ») fait bouillir un riff à la KORN/SLIPKNOT, qui trésaille sur une rythmique processionnelle à l’enclume, histoire de nous appuyer sur les tempes de toutes ses forces.

« Panic », histoire de se calquer sur son titre, s’affole de blasts de la même façon que « People = Shit » démarrait les hostilités sur Iowa, et démontre dans les grandes largeurs que le Hardcore nouveau adopte un discours sinon inédit, du moins un peu moins prévisible que la moyenne. Chant en schizophrénie, phrasé précis, breaks éprouvants et climat délétère, c’est la gravité érigée en principe de composition, et une façon de prévenir l’auditeur sans précautions.

Ici, le danger rode et la violence est omniprésente, que vous le vouliez ou non.

Alors, ça déroule, et ça blesse au passage. Si la plupart des morceaux sont concentrés en quelques minutes Hardcore imparties, une poignée ose aller plus loin, à l’instar de ce suffocant « I’m Scared Of You », qui pourrait être la complainte d’un auditeur envers un groupe qui fait tout pour l’effrayer. Mid tempo harcelant, riffs qui jouent la valse des baffes entre Néo Metal primal et Hardcore tribal, coupures, cassures, sans gêner la progression, chant qui se prend pour Corey Taylor en pleine crise de foi, pour un gros doigt adressé à la face de la « tradition ».

« Fallen Behind » titille même les cinq minutes, pour un joli pont construit entre STONE SOUR et le Néo Death scandinave, avec toutefois quelques saccades de trop. Mais il est toujours possible de se tourner vers les défouloirs que sont « Second Best », qui joue le Speed après l’avoir gobé, ou « Resent Me » et sa basse énorme qui roule le long d’un beat appliqué et smooth (et même si les ombres de STONE SOUR et TYPE O vous planent au-dessus de l’âme).

Intermède instrumental ronflant (« Waiting »), nuances étranges presque Post ou Shoegaze (« Sounds of Loss », la peine vue au travers du prisme d’une guitare en écho), concassage de double grosse caisse en émoi (« The Approach », pas vraiment discrète, mais efficace), personnification des ténèbres via un énorme Core accrocheur et mystique à la fois (« In The Dark », l’un des plus terribles du lot), et final qui boucle la boucle et renoue avec le SLIPKNOT des débuts (« The Taking »).

Sounds of Loss aurait tout aussi bien pu s’appeler Sounds of Fear, tout le monde n’y aurait vu que du feu. Ce feu qui ronge justement des compositions sans concessions, mais qui brûlent tout sur leur passage, notamment quelques préjugés sur le Néo Hardcore qui y laissent des plumes d’arguments.   

C’est surtout un disque qui vous montre la vie en face, et qui vous fait comprendre que la paix n’existe pas. Alors inutile d’agiter un drapeau blanc, la reddition ne se fera que sans conditions.


Titres de l'album:

  1. The Anticipation
  2. Panic
  3. Second Best
  4. I'm Scared Of You
  5. Waiting
  6. In The Dark
  7. Dementia
  8. Resent Me
  9. Sounds Of Loss
  10. Fallen Behind
  11. The Approach
  12. The Taking

Facebook officiel


par mortne2001 le 17/06/2017 à 17:55
78 %    1212
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Jus de cadavre

Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.

03/05/2025, 16:30

Gargan

En Fronze, il serait encore en vie et le policier en GAV.

03/05/2025, 15:56

Humungus

Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !

03/05/2025, 10:09

Jus de cadavre

Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain

03/05/2025, 08:34

Nubowsky

“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)

03/05/2025, 08:09

Nubowsky

Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..

03/05/2025, 08:03

Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58