Le Metalcore me fatigue, le Downtempo m’épuise, le Beatdown m’écrase les tympans, le Nu Metal est exsangue, le Darkcore commence à tourner en rond, et le Néo Hardcore doit encore faire ses preuves. Oui, vous connaissez sans doute le refrain, « Hardcore fumier, Hardcore !!! », et les mecs qui citent le FLAG, le THREAT, paraphrasent Rollins en pogotant sur WRECKING CREW, tout ça c’est du réchauffé de vieux con qui s’est cru né à Boston ou NYC, alors même qu’il habite la région parisienne depuis ses premiers cris.
Bref.
Mais il est vrai que tous ces sub-genres commencent à me donner la nausée, à force de chercher le pourquoi du comment, et surtout, le comment du pourquoi tout ça est censé nous faire moins regretter les origines. Grosses guitares, rythmiques au pilon et au biseau, grosses décélérations qui appuient sur les G, et le refrain reste le même, imperturbablement…
Alors au moment de chroniquer un groupe de cette fameuse génération XXY, peu importe la manière de la présenter, j’y allais un peu à reculons. Ok, straight-edge, mais ça aussi c’est à la mode, et discours promotionnel oblige, colère, ressentiment, acrimonie, douleur, ténèbres, etc…
C’est bien joli tout ça, mais où est l’efficacité ? Perdue dans les couloirs du temps entre les NO USE FOR A NAME et MADBALL ?
On n’est pas dans la merde…
Non, cette putain d’efficacité justement, je l’ai peut-être trouvée. Non chez des puristes old-school, trop occupés à repasser leurs vieux vinyles pour qu’ils ne plient pas, mais chez une bande plutôt bizarre, qui se veut point de jonction temporel et stylistique entre pas mal de courants.
Les ORTHODOX, qui ne le sont justement pas vraiment, viennent de Nashville, Tennessee, mais ne versent pas dans la Country, pas d’inquiétude.
Ils ont déjà sorti un premier LP en 2013, End Of My Wit, à la pochette sombre comme une victime dans une impasse, prête à se faire bien rosser, et jouent l’ambivalence en refusant de se cantonner à un rôle bien défini. Pour leur premier album post signature sur le légendaire label Core Unbeaten Records, les coreux nous proposent donc un genre de concept-album, basé sur la colère, et tentant de retranscrire en musique la peur. Tâche ardue tant beaucoup d’autres ont essayé avant eux, et peu ont réussi.
Voire…pas grand monde du tout.
Mais il n’y a aucun mal à tenter sa chance, chance que les ORTHODOX provoquent en se servant d’une instrumentation assez Crossover. Mais imaginez.
Imaginez la structure de base de la SLIPKNOT hate, mélangée au meilleur du Downtempo (le moins pénible s’entend…), le tout assaisonné d’une bonne dose de Metalcore traité NU Metal KORNien tardif, et vous approcherez de près du cauchemar sonore qui vous attend dans les bits de ce Sounds of Loss, qui loin d’être une perte, est plutôt du genre bonne trouvaille.
Alors, du Hardcore, les musiciens n’ont retenu que l’énergie, et les thèmes. Ils les ont associés à un traitement contemporain de la saine colère, pour obtenir un cocktail éminemment noir et vénéneux, qui joue avec vos nerfs en vous faisant sauter du coq à l’âne sans perdre l’intensité de sa fuite en avant.
Le mélange des voix est savamment orchestré, et de titre en titre, sonne comme une litanie possédée qui vous poursuit dans de salles ruelles la nuit, alternant les grognements de bête et les hurlements stridents de fantôme en rage et en nage, pour une belle illustration de…peur justement.
On imagine fort bien le groupe sur nos traces, fondu en une seule entité, armée d’un marteau de forgeron géant, martelant le sol d’une force surhumaine à en faire trembler les bâtiments, et nous faire chuter à la moindre occasion dans le néant de son ombre.
L’image est assez crédible, et surtout, parfaitement adaptée à la rouste musicale que représente cet album qui manque cruellement d’empathie, mais qui a su détourner avec malice les codes du Metal et du Hardcore moderne pour repousser les limites du Néo Hardcore aussi loin que possible…et aussi fort.
Douze titres, peu ou pas de remplissage, pas mal d’effets sonores qui tombent souvent à pic, et une vertigineuse descente aux enfers des riffs les plus incendiaires.
Et toute l’affaire crapuleuse est soigneusement résumée dans les deux minutes et trente-et-une secondes de l’intro abyssale « The Anticipation », qui de son laïus résigné et samplé (« There was a moment, when I realized, that I wouldn’t find peace ») fait bouillir un riff à la KORN/SLIPKNOT, qui trésaille sur une rythmique processionnelle à l’enclume, histoire de nous appuyer sur les tempes de toutes ses forces.
« Panic », histoire de se calquer sur son titre, s’affole de blasts de la même façon que « People = Shit » démarrait les hostilités sur Iowa, et démontre dans les grandes largeurs que le Hardcore nouveau adopte un discours sinon inédit, du moins un peu moins prévisible que la moyenne. Chant en schizophrénie, phrasé précis, breaks éprouvants et climat délétère, c’est la gravité érigée en principe de composition, et une façon de prévenir l’auditeur sans précautions.
Ici, le danger rode et la violence est omniprésente, que vous le vouliez ou non.
Alors, ça déroule, et ça blesse au passage. Si la plupart des morceaux sont concentrés en quelques minutes Hardcore imparties, une poignée ose aller plus loin, à l’instar de ce suffocant « I’m Scared Of You », qui pourrait être la complainte d’un auditeur envers un groupe qui fait tout pour l’effrayer. Mid tempo harcelant, riffs qui jouent la valse des baffes entre Néo Metal primal et Hardcore tribal, coupures, cassures, sans gêner la progression, chant qui se prend pour Corey Taylor en pleine crise de foi, pour un gros doigt adressé à la face de la « tradition ».
« Fallen Behind » titille même les cinq minutes, pour un joli pont construit entre STONE SOUR et le Néo Death scandinave, avec toutefois quelques saccades de trop. Mais il est toujours possible de se tourner vers les défouloirs que sont « Second Best », qui joue le Speed après l’avoir gobé, ou « Resent Me » et sa basse énorme qui roule le long d’un beat appliqué et smooth (et même si les ombres de STONE SOUR et TYPE O vous planent au-dessus de l’âme).
Intermède instrumental ronflant (« Waiting »), nuances étranges presque Post ou Shoegaze (« Sounds of Loss », la peine vue au travers du prisme d’une guitare en écho), concassage de double grosse caisse en émoi (« The Approach », pas vraiment discrète, mais efficace), personnification des ténèbres via un énorme Core accrocheur et mystique à la fois (« In The Dark », l’un des plus terribles du lot), et final qui boucle la boucle et renoue avec le SLIPKNOT des débuts (« The Taking »).
Sounds of Loss aurait tout aussi bien pu s’appeler Sounds of Fear, tout le monde n’y aurait vu que du feu. Ce feu qui ronge justement des compositions sans concessions, mais qui brûlent tout sur leur passage, notamment quelques préjugés sur le Néo Hardcore qui y laissent des plumes d’arguments.
C’est surtout un disque qui vous montre la vie en face, et qui vous fait comprendre que la paix n’existe pas. Alors inutile d’agiter un drapeau blanc, la reddition ne se fera que sans conditions.
Titres de l'album:
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