Mon éducation Metal a été faite par de gros machos et de bons bourrins. En grandissant dans les années 80, il n’y avait pas cinquante choix possibles, mais trois. D’un côté, les obsédés des drogues et du sexe, de l’autre les maniaques de la violence et des histoires horrifiques, et au milieu, ceux un peu plus concernés par des problèmes de société, les combos Hardcore et Thrash, mais aussi QUEENSRYCHE, MAIDEN entre deux crises existentielles romancées. Mais une chose est sûre et certaine, tous se prenaient terriblement au sérieux, comme si le Hard-Rock ne pouvait s’accompagner de second degré et faire sourire…Et puis un jour, une poignée de musiciens se sont dit qu’on pouvait très bien jouer une musique corsée sans faire de grosses grimaces, invoquer le diable et plastronner du nombre de ses conquêtes. Nous avons donc eu droit à des choses un peu plus légères mais pas moins crédibles, avec les S.O.D, INTENSE MUTILATION, jusqu’au jour où un des groupes les plus prometteurs de sa génération comprenne que le Metal pouvait être aussi agressif et rapide que mélodique, et s’accommoder de textes drôles sans tomber dans la parodie. Ainsi, HELLOWEEN commença à battre le pavé avec son chef d’œuvre Keeper of the Seven Keys part II, et ses hymnes « Dr Stein » et « Rise and Fall », accouchant d’un monstre dont les STRATOVARIUS n’allaient pas tarder à assumer la garde : le Power Metal, alors décrit comme Speed mélodique. Depuis, nombre de musiciens se sont emparé du genre, et d’autres, hors contexte ont accepté le fait qu’une musique aussi révoltée pouvait faire plaisir, sans tomber dans la gaudriole et la pantalonnade éhontée. Aujourd’hui, la triple combinaison mélodies/puissance/humour a été adoptée par moult combos internationaux, mais comme dans toute discipline, nous avons les héros et les zéros. Et le trio de tête des enfants terribles les plus doués est évidemment constitué de la fausse fratrie DRAGONFORCE, GLORYHAMMER et…VICTORIUS.
De leur Allemagne natale, ces cinq musiciens au look chamarré (David - chant, Dirk & Flo - guitares, Andreas - basse et Frank - batterie) ont construit patiemment un monde coloré, peuplé de créatures étranges et de superhéros aux tenues incroyables, mais surtout, une discographie époustouflante reposant sur la dualité simple séduction/impression. Leur musique a ceci d’impressionnant qu’elle n’hésite jamais à en faire trop, que ce soit au niveau du volume sonore, des gimmicks utilisés, des thèmes improbables abordés, des harmonies poussées à leur extrême…Et après quatre albums acclamés par une foule qui a bien su discerner la nature profonde de ces amuseurs publics, Space Ninjas From Hell vient parachever une œuvre d’importance, exutoire magnifique à une morosité ambiante qui pousse les artistes à se replier sur eux-mêmes pour ne pas à trouver de solutions faciles. Et après SPV et Massacre Records, c’est un autre label référentiel qui se charge aujourd’hui de la destinée des germains, et Napalm records de se frotter les mains au jugé du résultat obtenu. Car malgré un art consommé développé sur quatre LP, les VICTORIUS ont poussé le bouchon encore plus loin avec une nouvelle aventure aussi abracadabrantesque que les autres, et une musique qui ose tous les excès, embrassant l’exagération avec passion, et produisant de fait un blockbuster musical qui a de faux-airs de comédie musicale spatiale pour grands enfants ayant refusé de grandir dans un monde injuste. Et c’est certainement ça qu’on aime le plus chez ces cinq tarés là. Cette façon de conchier la demi-mesure et de foncer tête baissée, tous les potards à fond, comme si leur vie artistique en dépendait. Et croyez-moi, sur ce cinquième album, les moments de raison et de modération sont si rares qu’il vaut mieux les oublier avant de les avoir trouvés.
Et avec Space Ninjas From Hell, les allemands sont allés au bout d’une formule qui consiste à mixer la grandiloquence d’un Wagner de Nickelodeon à la moulinette d’un Tex Avery sous acides. Avec une nouvelle histoire incongrue émanant certainement du cerveau malade du fils de Dr Stein, VICTORIUS nous narre les aventures improbables des ninjas de l’espace devant lutter face à la coalition des forces d’un clan de ninjas diaboliques, les Sunbladers et du Dieu dragon Ling Long, qui n’ont pour autre but que d’asservir le monde. Avec un postulat pareil, n’importe quel autre groupe serait tombé dans le grotesque achevé, mais les fans du quintet savent très bien que leurs héros sont capables de plus grandes réussites. Et cette réussite prend rapidement forme avec le premier morceau de l’album, « Tale of the Sunbladers » qui synthétise tout ce qu’on aime dans cette musique si excessive et sans complexes. Rythmique en bombardement de double grosse caisse permanent, riffs qui semblent accélérés au mixage, voix lyrique gonflée à l’hélium, mélodies si accentuées qu’elles tiennent de l’opéra pour enfants, influences toujours aussi proéminentes, pour un résultat qui dépasse toutes les espérances. Très intelligents, les musiciens s’accrochent toujours à l’idée que le Power Metal moderne ne doit tenir compte d’aucune restriction et oser sans avoir peur du ridicule, et cette façon de ne pas se préoccuper d’une quelconque légitimité artistique a quelque chose de magique, que le fédérateur et entêtant « Ninjas Unite » porte à ébullition. En se plaçant sur la même ligne de front que les soldats les plus vaillants que sont les DRAGONFORCE et GLORYHAMMER, VICTORIUS assure sa place au Walhalla des conscrits les plus allumés, et sort ses figures de style les plus connotées, via un implacable « Super Sonic Samurai » qui est au Power Metal ce que Bipbip et le Coyote sont au dessin animé.
Ne nous trompons pas, avec ce cinquième album, les allemands ne persuaderont pas leurs détracteurs de rejoindre leur camp. Leur méthode est toujours la même, mais ici portée à son paroxysme, et chaque morceau est un hit de l’espace en puissance. Les chœurs sont toujours aussi présents et ludiques, et la rythmique infatigable Andreas/Frank, toujours dopée aux poppers se veut le moteur d’un vaisseau intergalactique qui ne supporte pas les ralentissements. Avec quelques clins d’œil aux icones du Metal (« Evil Wizard WuShu Master », qui n’a pas oublié METALLICA près de Pluton), des délires à rendre fiers Georges Brassens et les VRP (l’intro de l’improbable « Wasabi Warmachine » que même Devin sous son masque de Ziltoïd n’aurait pas osé), mais surtout, une emphase sonore en cathédrale d’une autre galaxie, Space Ninjas From Hell n’est rien de moins que la transposition d’un fantasme de Michael Bay version Metal hyper-mélodique, une transposition de 6 Underground dans l’univers de DRAGONFORCE, avec hymnes conquérants (« Wrath of the Dragongod »), fantaisies médium qui se veulent plus radiophoniques et apprivoisées mais pas moins contagieuses (« Cosmic Space Commando Base »), et histoire Ô combien foutraque, mais euphorisante pour ceux n’ayant pas oublié leur âme d’enfant. Et VICTORIUS avec ce nouvel album prouve que les adultes que nous sommes devenus n’ont pas oublié qu’un château gonflable rempli de boules en plastique reste le défouloir le plus jouissif qui soit. Une façon d’oublier que ce monde est devenu trop triste, que la routine nous ronge, et qu’il nous faut de temps à autres enfiler de nouveau nos costumes de superhéros fantoches pour faire une pause bien méritée. Too much, too big, too loud, et pourtant, pile au bon moment.
Titres de l’album :
01. Tale of the Sunbladers
02. Ninjas Unite
03. Super Sonic Samurai
04. Evil Wizard WuShu Master
05. Nippon Knights
06. Shuriken Showdown
07. Wasabi Warmachine
08. Wrath of the Dragongod
09. Astral Assassin Shark Attack
10. Space Ninjas From Hell
11. Cosmic Space Commando Base
12. Shinobi Strike 3000
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