C’est tout frais, enfin relativement, ça nous vient de Pologne, et c’est le premier album des FRIGHTFUL, qui sans foutre vraiment les foies, rappellent que l’esprit d’Halloween n’a pas encore trépassé pour certains. Alors, ressortez vos crânes, vos déguisements divers, remettez du noir dans vos chaumières, puisque la musique de ces originaires de Gdańsk se prête admirablement bien aux festivités de la Toussaint. Avec eux, pas de crainte de manquer de bonbons ou de chrysanthèmes, ils sont fournis dans l’emballage des mille exemplaires tirées en CD par le label chinois Awakening Records, et en tant que packaging intégral, le tout a quand même de la gueule.
Fondé en 2016, ce quatuor brutal et viscéral nous a d’abord offert quelques présentations en bonne et due informe. Deux EP’s, une démo, un split, de quoi se faire les dents sur leur musique ayant déjà évolué en cinq ans d’existence à peine. Ayant commencé leur carrière sous des auspices Death/Grind, ces musiciens peu souriants et bourrins ont donc dévié de leur cap pour se rapprocher d’un Death/Thrash moins figé, et ce premier longue-durée nous donne donc un aperçu de leur nouvelle philosophie.
Enregistré, mixé et masterisé au Studio 147, Spectral Creator est une bourrinade tout à fait agréable, dans la plus grande tradition du crossover violent des années 80/90. Des efforts rythmiques incessants, une voix sous-mixée, une guitare qui respecte le cahier des charges de riffs efficaces, une osmose globale palpable, et surtout, une sauvagerie intacte, mais organisée. Ajoutez à ceci quelques soli timides mais pertinents, et vous obtenez une sortie très classique, mais tout à fait convenable.
Plus proche du Death que du Thrash, FRIGHTFUL joue une sorte de lien entre SODOM et CANCER, avec quelques fioritures instrumentales pour orner le sapin de fémurs. Et si le Bandcamp du groupe assume quelques accointances étranges avec CARCASS, DEMOLITION HAMMER, EXHUMED ou SEPULTURA, il n’en atteint jamais les sommets d’intensité, et se situerait plutôt dans une moyenne acceptable de bestialité amateur. Néanmoins, il se dégage une certaine naïveté brutale de Spectral Creator, comme les premiers pas d’un leader en gestation il y a plus de trente ans. Assez proche de ce que les américains les plus underground pouvaient prôner comme valeurs à la fin d’eighties agonisantes, FRIGHTFUL ne dévie jamais de sa ligne de méconduite, et trace sa route sans jamais ralentir, sauf à l’occasion de quelques breaks en dos d’âne. Par contre, quelques accélérations fumasses en blasts viennent nous décoller la tronche de la vitre arrière, et un titre évolutif comme « Soul Separate » prouve que le groupe a des ambitions dans la boîte à gants.
Krzychu (batterie), Pavulon (guitare), Hasher (chant/basse), tous trois du line-up d’origine, et Mencel (guitare, depuis 2019) ne cherchent donc pas à révolutionner le petit monde du Death/Thrash, mais juste à y apporter leur touche de nouveauté sans inédit viable. Mais avec quelques astuces dans le coffre arrière, comme cette superbe intro délicate sur « Breaking The Twilight » (vite souillée par une double grosse caisse soutenue par un riff inamovible), une énergie ne se démentant pas pendant quarante minutes, et une réelle envie d’en découdre, ce premier longue-durée sait se faire remarquer de sa constance et de sa qualité.
D’ailleurs, la seconde partie de l’album se veut moins prévisible, et place les morceaux les plus évolutifs en fin de parcours. On prend alors la mesure de l’envie de ces polonais, qui refusent de rester bloqués dans une trop petite case. De temps à autres, la séduction d‘un Thrash diffus plus appuyé nous permet de replonger dans le bain d’acide des PROTECTOR (« Crimson Dawn »), mais ces touches plus volontiers allemandes ne se manifestent la plupart du temps que sur les intros et les breaks, le reste des structures se vautrant dans le Death cryptique avec beaucoup de plaisir. De fait, les riffs tournoient comme des vautours, la voix joue à cache-cache avec le mixage, les effets et l’écho se taillent la part de la charogne, et l’ambiance sent bon le cadavre animal dans un désert d’empathie.
Presque d’obédience BM light par moments, le groupe joue donc sur toutes les nuances, et nous offre sur un plateau de sable gros grain un hit imparable à l’accélération dantesque, ce « Those Who Burns For Might » qui permet à cette seconde partie d’album de rebondir de plus belle. La production, évidemment casher et étouffée au possible garantit le cachet d’époque voulu par l’éthique old-school, et malgré quelques redites inévitables, FRIGHTFUL s’en sort avec presque les horreurs, suffisamment en tout cas pour effrayer quelques mioches égarés dans une ruelle un peu louche.
Subitement pervers dans le groove, raide comme un piquet lorsque le Death surgit de sa tombe, Spectral Creator est une apparition fantomatique sympathique, et un groupe à suivre de près, pour savoir s’il a trouvé sa voie, ou s’il risque de nous surprendre à l’avenir d’un autre virage.
Titres de l’album:
01. Astral Freeze
02. Destructive Species
03. Abhorred
04. Soul Separate
05. Breaking The Twilight
06. Crimson Dawn
07. Those Who Burns For Might
08. Angel Waste
09. Spectral Creator
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20