Autant les mecs qui finassent pour ne rien dire, et qui toisent de leurs références pointues me filent des crampes aux genoux, autant ceux qui assument leur côté populaire et lèvent le poing sans faire les malins peuvent m’en mettre un bon coup.
Vous vous demandez sans doute pourquoi une telle accroche aussi péremptoire en introduction d’une chronique du soir ? Tout simplement parce que le second LP des Finlandais de RANGER me l’a suggérée implicitement de son approche brute et rauque et de ses riffs massifs et francs.
De leur Finlande natale, ces quatre preux chevaliers du clou en inox blindé traversent les continents et bravent vents et marées pour répandre la bonne parole d’un Metal bien chauffé, qui multiplie les clins d’œil à une décennie passée, celle qui voyait le Hard-Rock de pépé se transformer en Heavy accéléré.
Du cuir, des guitares, des allusions bizarres, et une allégeance à la musique qui met en transe, à grands coups de rythmiques intenses et de soli étincelants de brillance.
Bon, pour la faire courte, et si vous avez un minimum de culture extrême, vous vous rappelez sans doute de cet album d’EXCITER, Violence and Force, publié en 1984, et dont la pochette dévoilait une main gantée tenant un cran d’arrêt, suscitant la peur chez cette demoiselle aux ongles vernis qui tentait de garder sa porte fermée pour éviter l’agression sur le tapis.
Il semblerait que ce graphisme, mais aussi la musique qui en encombrait les sillons internes soient la référence majeure de ce quatuor qui n’en est pas à son premier bloc de béton (Where Evil Dwells, premier LP en 2015), et qui voue une admiration sans bornes à ce Speed Thrash des années 83/84, lorsque les SLAYER, VOÏVOD, EXCITER et consorts commençaient à jouer avec les limitations de vitesse tout en maniant leur manche d’un geste preste.
Après tout, chacun ses racines, et celles-ci sont au moins aussi pertinentes que le dernier groupe de Post Hardcore à la mode, et c’est une joie de retrouver à nouveau cette musique sinon audacieuse, tout du moins pas peureuse, qui assume ses penchants rétrogrades et les illustres de hurlements de plantigrade.
Speed & Violence, tout est dans le texte et le trait, et les dix morceaux de ce second effort sont calqués sur une pochette au dessin grossier. N’attendez donc rien de plus fin qu’un gros sel de Speed/Thrash un peu plus malin qu’à l’époque, mais aussi rude et mastoc, basé sur des rythmiques pas toc et des riffs taillés dans le roc. Dimi Pontiac (basse/chant), Miko (batterie), Mickael et Ville (guitare) savent s’y prendre pour recréer ce climat de violence qui a déclenché bien des vocations féroces il y a une trentaine d’années, et parfois, leur admiration acharnée tend à proposer des plans qui sentent bon le passé (« Satanic Panic », plus Show No Mercy et « Black Magic » que ça, je ne vois que les clous de Kerry plantés sur un tronçon de bois). SLAYER donc, mais aussi DESTRUCTION, DESTRUCTOR, WHIPLASH évidemment, et toute cette première vague de Metal en fusion venant conjointement d’Allemagne et des Etats-Unis. Telles sont les tables de loi à la Finlandaise, qui nous mettent à l’aise et nous présentent devant un autel encombré d’une vierge prête à être sacrifiée au nom d’un Thrash pas pompier, mais sec et tranchant comme une dague de sorcier.
Nous en sommes là, et autant apprécier l’œuvre pour ce qu’elle est. Un condensé de savoir-faire traditionnel, qui ne ménage ni les guitares en scie circulaire, ni la basse ronflante et fière, et encore moins les incantations vocales infernales et déviantes, qui partent souvent dans les cris suraigus et les sifflantes.
Pas de Metal Revolution depuis le premier album, aucun changement dans la continuité, juste une poignée d’hymnes bien troussés, qu’on apprécie sans doute encore plus entouré des bons potes avec une bonne bière fraiche - ou pas - ramenée du supermarché.
Néanmoins, ces guerriers de la franchise aiguisée n’en oublient pas pour autant de faire preuve d’une finesse assez distillée, comme le démontre l’interlude « Evil Barrier », qu’on franchit la sensibilité exacerbée, et qu’on apprécie pour qu’il peut apporter.
Mais pas de doute, de « Speed & Violence » à « Last Breath », tout est dit et bien hurlé, et le rythme ne faiblit jamais, rappelant mêmes les débuts d’EXODUS (« Night Slasher »), et les moments les plus clairs et sans bavure d’un VENOM pas encore perdu sans sa faucille dans les limbes d’un enfer de pacotille (« Shock Troops » et son thème proche du séminal « Black Metal »).
RANGER, c’est du solide, mais surtout, un travail d’exhumation mené à la perfection. Vous aurez beau fouiller les moindres recoins vous ne trouverez rien qui ne vous rappelle pas les années 80, des envolées lyriques sadiques d’un chanteur vraiment épique, aux duels de guitare à la tierce si chers à la NWOBHM, en passant par une section rythmique aussi inamovible que l’enclume des ANVIL.
Plus qu’un disque, Speed & Violence est un album souvenir qu’on feuillette avec les oreilles, et qui nous replonge dans les années Enfer Magazine et Metal Attack, lorsque les premiers vinyles purement Thrash affolaient des rédactions médusées, et ce, de l’interprétation jusqu’à cette production qui réussit la gageure de reproduire le son et la dynamique des groupes mixant Heavy fumant et Speed en fusion.
D’ailleurs, ce fameux Heavy n’est jamais très loin, et le final « Last Breath » suggère quelques réminiscences du MAIDEN de référence, tout en flirtant avec la nostalgie d’un SATAN en incandescence.
Certes, tout ça n’est ni très fin, ni très novateur. Mais à la question « à quoi ça sert de faire les malins avec une musique qui renie l’inconnu du lendemain ? », j’opposerai un tonitruant « qu’est-ce qu’on en a à f****** ??? » puisque justement, RANGER est le genre de groupe qui ne s’en pose aucune, et qui se contente de jouer une musique tout sauf bidon, avec le cœur, les tripes, et les gosiers à l’unisson.
Alors, si d’aventure vous cherchiez une occasion de sortir à nouveau vos bracelets cloutés, votre perf’ usé, et vos vieux vinyles de Thrash rayés, soyez ravis, vous allez pouvoir headbanger, avec un CD de qualité.
Speed & Violence, c’est tout dans l’intitulé, sans mystère ni prix à payer. Et que les culs bénis aillent se l’essuyer, puisque de leur avis nous saurons nous passer.
Je peux même leur fournir le papier !
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09