Sortis de nulle part. Pas de démo, un premier LP/EP, et les choses débutent sous des auspices mystérieux, avec en bande son un des BM les plus âpres et rugueux que j’ai pu écouter depuis longtemps.
Trois morceaux, une intro, pour plus d’une demi-heure de musique sans concession, avec une approche résolument personnelle, ambitieuse, mais proche des racines du style, sous son optique la plus brutale et compacte.
Ainsi pourrait-être résumée la découverte de cette première œuvre des Américains de SPEKTRAL HATCHERY qui ne donnent ni dans la facilité, ni dans la complaisance. Et une fois de plus, le sempiternel débat stérile entre art et bruit pourra trouver une nouvelle incarnation, que je vais de suite évacuer.
Si vous n’aimez pas le BM sordide, sombre, nihiliste, bordélique, à la limite d’un chaos amateuriste, alors passez votre chemin.
Celui de ces trois-là (Eh Khul – guitare/chant, Ash Fox – guitare et B. Wormcastle – batterie), nous mène tout droit à Olympia, état de Washington, dans lequel ils ont vu le jour en 2015. Une année pour se mettre en place, digérer le passé au sein de formations comme TWILIGHT FALLS, TRYBLITH, CLAN OF THE BLEEDING EYE ou BOREAL et se tourner vers un nouvel avenir, toujours placé dans l’ombre d’un soleil noir pas particulièrement réchauffant.
Trois « vrais » morceaux donc, introduits par une courte présentation de deux minutes, avant de sombrer dans le chaos sonore le plus intense qui soit, élaboré à base de coups de sang, d’atmosphères délétères et morbides, de collisions rythmiques désassemblées, d’écorchement vocaux, et de maelstrom global dont il est parfois impossible de discerner les détails.
Je comprends que le schéma puisse rebuter, mais voyez ça comme un mode d’expression global, un refus des conventions et une certaine vision d’un BM lo-fi aux ambitions progressives sachant rester hautement abrasives.
Difficile de digérer un tel pavé alors même qu’il excède à peine la demi-heure. Et pourtant, on ressort de l’écoute de « Trans-Temporal Being » complètement exsangue, sur les rotules, comme si nous avions voyagé d’un corps à l’autre à travers le temps et l’espace.
Pour suggérer un tel malaise, les SPEKTRAL HATCHERY ne reculent devant rien. Riffs cisaillés dans le Metal rouillé, parties rythmiques apocalyptiques, couches de chant qui s’empilent comme des exhortations à refuser le bonheur, et suite de plans qui s’enchaînent comme dans un mauvais rêve dont on ne sort pas forcément indemne. Quasi mélange entre le mysticisme instrumental d’un ARCTURUS et le radicalisme outrancier d’un BURZUM, ce morceau est assez symptomatique de l’absence de compromis de ce premier jet, qui pourtant fait montre d’ambitions indéniables. Le final en forme de boucles de sons spatiaux nous entraine d’ailleurs dans une autre dimension, celle proposée par la suite « Psycosmic Immersion ».
Ce second segment se pose d’ailleurs en totale contradiction sur une bonne moitié de sa durée, qui se fixe sur un riff acide à la MAYHEM, traîné le long d’un downtempo lugubre et éreinté. Aucune variation, aucune digression, juste un motif répété jusqu’à l’écœurement, fonctionnant comme un mantra négatif qui finit par nous faire passer à un niveau de conscience supérieur lors d’une brutale cassure médiane.
Dès lors, le chaos s’installe de nouveau, et devient difficilement compréhensible…La batterie semble laisser s’exprimer des désirs de heurts assez difficilement discernables, tandis que les deux guitares se livrent à un duel de riffs brouillons, qui forment en boucle une symphonie de l’étrange, une fois de plus assez dérangeante. Le chant ne fait de son côté aucun effort pour éclaircir la pénombre ambiante, et il est à ce moment-là très difficile de définir les contours de Spektral Hatchery…
A la rigueur voyons-le justement comme une figure fantomatique qui traverse des décennies de BM sans s’arrêter sur une époque en particulier, mais en en refusant tous les artifices trop esthétiques…
« Fata Morgana » (phénomène optique résultat d’une combinaison de mirages), illustre très bien son concept en superposant des couches de sons inextricables, qui finissent par former le négatif parfait d’un Black Metal aux aspirations transcendantes, vu au travers d’un prisme déformant.
Une fois de plus, la cohérence est là, tapie dans l’ombre d’un tourbillon d’idées abrasives et bruitistes, cohérence que certains jugeront un peu brouillonne, et qui se veut pourtant limpide.
Le chant de Khul se permet quelques descentes de gravité assez impressionnantes, alors même que les guitares répètent à l’envi le même thème strident.
Le son, très sec et sans écho ne se répercute nulle part et semble tournoyer autour de notre conscience, comme pour y insuffler des idées de monde parallèle, dans lequel la logique est aléatoire, et soumise à des fluctuations imprévisibles.
Mais il est terriblement difficile d’essayer d’interpréter d’une façon ou d’une autre la démarche de ce trio qui n’admet aucune entrave à ses tentatives.
Il est par contre tout à fait possible de concevoir ce premier album comme la concrétisation d’une vision noire et impénétrable, telles des voies d’un seigneur du chaos qui dispense ses dogmes d’une expression brute et nihiliste.
SPEKTRAL HATCHERY est donc un passage vers un autre monde, parfaitement inversé au notre, qui privilégie la forme à un fond dispendieux.
A vous de voir si cette construction en gigogne instable est digne d’intérêt, ou si ce premier album n’est qu’un assemblage hasardeux de sonorités rebutantes.
J’ai choisi ma version, mais mon âme est déjà pervertie depuis longtemps.
Titres de l'album:
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