Entre Alternatif nerveux, Metalcore décomplexé et Metal moderne mal dans son époque, DECEIT MACHINE exprime ses émotions les plus sincères et sa rage la plus décuplée sur ce deuxième album, intervenant six ans après leur émergence via Resilience en 2016. Alors, en six ans, on a largement le temps d’agencer sa pensée et de structurer son discours, et Spettri se devait d’être largement supérieur à son aîné, ce qu’il est à tout point de vue. Un petit second débordant de haine et de gravité, de hurlements et de protestations contre un avenir trop bien tracé, pour une musique compacte, forte, percutante, qui laisse des séquelles irréversibles, et qui se fraie un chemin sur les étagères des œuvres furieuses mais pertinentes.
Michela Di Mauro (chant), Gabriele Ghezzi (guitare), Matteo Busnelli (basse) et Pietro Battanta (batterie), quatuor aux rangs resserrés, pour une explosion de colère qui fait froid dans le dos. Et si les amateurs de Metal moderne seront aux anges après avoir découvert le contenu de ce second chapitre, les allergiques trouveront le tout très digeste et puissant, et digne d’intérêt. On peut donc dire sans trop exagérer que les milanais ont tapé le centre de la cible en fédérant tous les publics possibles, et dès lors, il convient de leur laisser la parole pour expliquer le quand/comment/pourquoi de ce Spettri, qui est certainement l’un des albums les plus marquants de sa génération :
Cet album s’est fait dans le sang. Pas avec du fric, ni ces emmerdes que nous subissons jour après jour depuis des années. Notre seule devise est l’entêtement, sans vraiment savoir pourquoi. Nous vivons une époque de plus en plus folle, et nous espérons que cet album vous offrira ce qu’il nous a offert : la paranoïa, l’arrogance, le mépris, l’indifférence, le désir de revanche, la solitude, l’échec, le rejet et la colère. Cet album est un nouveau départ pour nous, comme chaque nouveau jour l’est je suppose, pour tout le monde.
La paranoïa, l’arrogance, le mépris, l’indifférence, le désir de revanche, la solitude, l’échec, le rejet et la colère.
Notez bien cette énumération, car elle résume à merveille les intentions de Spettri qui va fouiner dans les poubelles de l’espoir de quoi alimenter sa chaudière du ressentiment. Construit autour de structures simples laissant la place parfois à une délicieuse arythmie, sur des riffs puissants et sobres, et des arrangements gonflés aux graves laissant place à des soli tout à fait capables, Spettri montre un groupe maîtrisant parfaitement son vocabulaire, et nous hurlant sa rage à la gueule. Le résultat est donc simple et facilement constatable : les italiens contournent tous les problèmes inhérents au Metal alternatif moderne en ne jouant PAS de Metal alternatif moderne.
Rappelant parfois une rencontre fugace dans les couloirs du temps entre ROLO TOMASSI et MY RUIN, DECEIT MACHINE nous offre de véritables chansons, originales, décoiffantes, ébouriffantes mais aussi terrifiantes. On se dit que le résultat de cette saine ire mise en musique dépasse tout ce que la concurrence peut produire de plus vilain, même si de temps à autre la calme parvient à trouver une place au milieu du chaos. Le mètre étalon de ce disque est sans conteste son milieu, avec un « Maelstrom » développé à outrance, et qui fait honneur à son titre d’une évolution progressive pour un final harmonieux joué acoustique. Petite merveille de synthèse, ce morceau mérite l’attention, et reste symptomatique de la démarche des italiens. Violents certes, sombres évidement, mais intelligents, et en mode oracle de temps de ténèbres à venir.
Ces ténèbres, le quatuor les accepte, ce qui ne l’empêche guère de nous éclairer une autre route, plus plaisante, mais bien cachée derrière la forêt de l’outrance. Ainsi, « Mirage » nous plonge dans une oasis de mélodies superbes, et admirablement bien mises en valeur par le timbre de Michela Di Mauro. Chanteuse en dualité de tonalités, entre hurlements stridents et vibrato naturel, Michela Di Mauro sert la cause et ne se met pas en avant, pour ne pas rompre l’équilibre du quatuor.
Un quatuor qui connaît les bons riffs et qui sait placer des décalages intéressants dans sa rythmique. On ne s’en rend pas compte dès « Trail », entame classique mais efficace, mais plus l’album avance, plus les intentions de DECEIT MACHINE sont claires : éviter les redites et évidences du Metalcore, ne pas se lancer dans un discours alternatif rebattu, mais constater les travers et ignominies de l’époque avec une belle lucidité Metal. Lucidité qui ose l’Ambient et l’électronique (« Rejection »), l’occupation de tout l’espace sonore pour se rapprocher d’un SENSER expurgé de ses tics Hip-Hop (« Program Failed »), et un combat dans la boue pour se salir sans se compromettre DEFTONES (« Mud »).
Un album solide, un groupe crédible. Je n’ajouterai rien de plus, Spettri parle de lui-même.
Titres de l’album :
01. Trail
02. Killer Machine
03. Mud
04. Indifference
05. Maelstrom
06. Mirage
07. Program Failed
08. Rejection
09. Sacrifice
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Merci beaucoup pour ce compte-rendu sur le vif. Je reviendrai avec plaisir à Rochefort !
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C'est pas mal du tout, assez Marduk dans la période blast à tout va en effet. Je regrette juste toujours que sa musique ne soit pas aussi audacieuse que ses provocations, comme s'il s'arrêtait à mi-chemin, c'est plus un choix esthétique qu&apo(...)
24/02/2025, 13:31
Il y a un clin d'oeil à David Martin dans la chronique, on peut même aller jusqu'à "Enjoy The Violence" :-) les " vétérans" comprendront....
24/02/2025, 13:04
Complètement fan Merci holy records.J ai découvert bon nombre de groupe de metal à grâce à vous et ce catalogue que j epluchais à quête de la nouvelle pépite... que de nostalgie etque d heure de lecture.Et just(...)
24/02/2025, 11:28
Superbe Label en effet . J'ai justement decouvert le Metal Extrème avec ces groupes cités et inconnus jusque là
24/02/2025, 10:26