Tonton Serafino continue de nous faire croire que c’est Noël tous les jours, et n’en peut plus de réunir autour de projets tous plus farfelus que viables les musiciens les plus aguerris de la planète, dans un désir constant d’imposer son label comme le plus audacieux d’Europe, voire du monde. Et sans vouloir entrer dans le débat un peu stérile qui oppose les définitions de supergroupe et de rassemblement de vieilles gloires, autant dire que le concept SPIRITS OF FIRE appartient à la première catégorie. Jugez du peu, on y retrouve quatre figures du Metal le plus pur, le plus inoxydable, éloignant justement ce projet des autres plus consensuels et mélodiques de la firme italienne. Au casting de cette nouvelle équipe de super-héros du riff chaud, des cadors, et pas des moindres. Tim "Ripper" Owens (ex-JUDAS PRIEST, ICED EARTH), Chris Caffery (SAVATAGE, TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA), Steve DiGiorgio (TESTAMENT, DEATH) et Mark Zonder (ex-FATES WARNING, WARLORD), soit quatre instrumentistes pas vraiment manchots ni aphones, qui une fois regroupés ont décidé de faire encore plus de bruit que leurs voisins, tout en respectant un cahier des charges Heavy/Power à la moindre ligne vénérée comme un dogme. D’ailleurs, on se demande où ces gens-là vont chercher l’énergie nécessaire à l’élaboration d’un répertoire inédit, puisqu’on a découvert il y a peu THE THREE TREMORS, le trio de hurleurs auquel Tim a participé, et qui avait de sales airs de IL DIVO pour fans de Hard-Rock sans façons ni manières. L’hyperactivité guette donc certains membres de cette nouvelle formation en escadron, qui ne s’est pas contentée de ses propres pilotes pour bombarder les fans, et qui a fait appel aux services d’un opérateur de tour de contrôle assez réputé dans son domaine. C’est ainsi qu’on retrouve Roy Z. (Bruce DICKINSON, HALFORD, TRIBE OF GYPSIES) aux manettes, histoire de permettre un vol en piqué et un lâché de bombes massif au-dessus des champs de doutes des amateurs de musique un peu plus élaborée et ambitieuse.
Est-ce pour autant, et au regard de ces implications fameuses, que le résultat est aussi prévisible que les éléments de biographie le laissaient paraître ? La réponse est un OUI en majuscule, puisque sans aucune surprise, SPIRITS OF FIRE joue du bon gros Heavy Metal puissant et racé, dans la plus grande tradition des JUDAS PRIEST, SAVATAGE, ICED EARTH, FATES WARNING et METAL CHURCH. La priorité a donc été donnée à la cohésion d’ensemble plus qu’à l’originalité, et ce premier LP éponyme est de ceux qui déçoivent tout en satisfaisant. Satisfaisant, parce qu’une qualité indéniable dans l’interprétation. On retrouve au micro un Tim Owens plus flamboyant que jamais, et même plus nuancé que d’ordinaire, toujours prompt à enflammer sa membrane pour justifier de son affiliation éternelle au Metal le plus lyrique. Mais on retrouve aussi un Chris Caffery qui n’a toujours pas les riffs dans son flight-case, et qui se permet comme à l’ordinaire des choses un peu plus modulées, histoire de valider son appartenance à SAVATAGE. Seul bémol à l’entreprise, dantesque, la discrétion dont fait preuve l’énorme Steve DiGiorgio, bien plus timide ici que lors de participations antérieures, et qui se contente souvent de souligner de ses lignes serpentines une batterie qui cogne, mais qui semble désespérément chercher l’inspiration percussive. L’efficacité donc plus que la simple recherche, c’est le bilan qu’il faut tirer d’un album qui pêche par son orgueil, et qui avec ses soixante-et-une minutes au compteur s’avère un peu trop long et roboratif sur la longueur. Et c’est certainement à cause de cette fringale incontrôlée que nous nous voyons servir des plats réchauffés, faisant passer ACCEPT et SCANNER pour des innovateurs chevronnés, et « Never To Return » de nous assommer de sa litanie Heavy sans chercher à transcender le classicisme pour le transformer en audace éprouvée. Dommage, mais après tout, on comprend vite que l’inédit n’est pas une valeur essentielle dans ce type de projet, et que seule la puissance la plus pure a été privilégiée.
Alors, on headbangue ? Oui, mais on ne fait que ça, puisque c’est l’effet recherché. Toutefois, et aussi exempt d’ambition créative soit ce premier LP, le résultat n’a pas à rougir de la comparaison avec des classiques que le temps et l’histoire ont intronisés. Ainsi, le groove démoniaque de la mise en jambes « Light Speed Marching » évoque le meilleur METAL CHURCH confronté à la quintessence du Painkiller de JUDAS PRIEST, et se pose en classique instantané que les plus pointilleux seront bien obligés d’adouber. On comprend immédiatement à son écoute pourquoi Downing et Tipton ont un jour pensé à Tim Owens pour remplacer leur chauve Halford, et les cris suraigus de la bête démontrent qu’il n’a rien perdu de son mordant, le rapprochant même des stridences de la sorcière David Wayne de la grande époque. Pas d’inquiétude à avoir au niveau des guitares maniées par le pyromane Chris Caffery, qui multiplie les effets de manche, les descentes/montées à la DREAM THEATER et les soli qui tombent pile à l’heure, et si l’ossature rythmique assurée par le tandem DiGiorgio/Mark Zonder est à peu près aussi innovatrice que celle de PRIMAL FEAR, elle assure quand même l’assise solide dont ce genre de projet a immanquablement besoin. Mais si l’originalité a été sacrifiée sur l’autel de l’intensité, ça n’empêche pas certaines idées fouineuses d’aller chercher au bon endroit l’impulsion dont elles ont besoin, en tripotant un riff à la KILLING JOKE pour transformer en tuerie absolue (« Temple Of The Soul »). Le premier tiers de l’album ne prend donc aucun risque et trempe dans une opération séduction du public « True Metal » en bonne et due forme, caressant le mid tempo dans le sens du poil pour rester fidèle à une optique à la ANVIL/JUDAS PRIEST des plus formelles (« All Comes Together »). Pas forcément chatouilleur, mais largement assez frondeur, et c’est finalement la preuve d’honnêteté la plus probante.
Le son global, peaufiné par Roy Z rappelle évidemment ses travaux passés, et les albums les plus volontairement métalliques de Bruce DICKINSON, tout comme les dernières exactions de JUDAS, avec une basse qui claque légèrement en arrière-plan, et des chœurs dynamiques. Roy Z a d’ailleurs mis l’emphase sur l’esprit de communion qui assure au LP une grosse cohésion, et n’a privilégié personne, même si les personnalités naturelles de Tim et Chris prennent les devants, eut égard à leurs rôles respectif. Et entre des accès de méchanceté revendiqués (« Spirits Of Fire », plus Thrash que la moyenne et qui a dû faire plaisir à Steve et ses quatre ou cinq cordes), des accalmies mélodiques bienvenues évitant la niaiserie la plus affligeante (« It's Everywhere », dansant et assez malin), quelques velléités progressives et/ou évolutives permettant une percée d’émotion dans la voix d’Owens (« A Game », DT, TESTAMENT et SAVATAGE en villégiature), Spirits Of Fire trahit une richesse que les premières écoutes ne laissaient pas forcément soupçonner, et de pose en travail bien fait, même s’il semble souvent manquer d’ambition pour vraiment marquer. C’est parfois tellement cliché qu’on se laisse quand même arnaquer (« Stand And Fight »), mais tel est le propre de l’amour que ces musiciens portent à leurs origines qu’ils ne sont pas prêts de trahir. Bonne opération de com’ pour Serafino qui peut être satisfait de cette nouvelle union, plus particulièrement destinée aux amateurs de Heavy/Power aux petits oignons qu’aux esthètes en pâmoison.
Titres de l'album :
01. Light Speed Marching
02. Temple Of The Soul
03. All Comes Together
04. Spirits Of Fire
05. It’s Everywhere
06. A Game
07. Stand And Fight
08. Meet Your End
09. Never To Return
10. The Path
11. Alone In The Darkness
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