Lorsque IRON MONKEY a splitté après seulement cinq ans d’existence, tout le monde (ou presque, du moins les plus maboules) s’est dit « Ah ben merde alors ! ». Et à raison. Deux albums, bonne nuit les pas petits, et le nounours désabusé s’envole dans les nuages. Sauf que ce nounours-là était plus proche d’un monstre de poils qui se cache dans le placard que de la petite peluche innocente qu’on serre dans ses bras. Alors, lorsque la nouvelle d’une reformation a agité les rédactions, l’euphorie était de mise. Le vilain petit canard bruitiste était de retour, et il avait plutôt intérêt à ne pas être content.
9-13 était en effet agité, nerveux, sombre et glaireux, et parvenait presque à faire oublier la disparition précoce de Johnny Morrow en 2002. On se demandait comment le trio allait sonner sans son frontman caverneux, et la réponse a été assez claire. Jim Rushby s’est emparé du micro, et a vomi dedans avec autant de conviction. Toutefois, malgré cette saveur corsée qui rendait ses tranches savoureuses et bien faisandées, 9-13 avait comme un petit goût d’inachevé. On sentait que notre boogeyman des nineties était toujours aussi motivé, mais que ses aigreurs d’estomac allaient mieux. Sept années ont passé depuis ce comeback inopiné, et Spleen & Goad remet les pendules à l’heure d’hiver, et IRON MONKEY sort les oreillers pour une pyjama-party de l’enfer.
Tenue non-correcte exigée. A poil de préférence pour admirer les toisons pubiennes, et surtout, le cheveu en bataille pour ne pas perdre l’éthique Punk. Toujours considéré à juste titre comme l’enfant bâtard de la NOLA et de la vague braillarde Earache, IRON MONKEY remercie une fois encore ses parrains GODFLESH et EYEHATEGOD, sous l’œil bienveillant de sa nourrice CROWBAR. La lourdeur est toujours de mise, l’impolitesse aussi, la rudesse est toujours une vertu cardinale, et la motivation un péché capital.
Le son est rond, énorme, granuleux, les riffs monolithiques, et l’expression rudimentaire. Le trio (Jim Rushby - guitare/chant, Steve Watson - basse et Ze Big - batterie) n’a pas l’intention de se ranger des voitures, étant donné que c’est lui qui les vole. Le feedback reste l’arme ultime pour éloigner les rodeurs, et si les thèmes restent toujours coincés entre les trois ou quatre mêmes notes, l’ambiance est pesante, l’écoute éprouvante, et le joint bien tassé. Et il en faut pour pouvoir s’envoler avec deux parpaings qui vous lestent les pieds.
Les addicts nineties retrouveront donc ce groupe unique qui les a tant fait plonger, qui a plombé leur âme et leurs pensées, et les autres pourront découvrir in situ l’un des acteurs fondamentaux de la scène Sludge/Doom des années 90, avec de nouvelles prestations qui valent presque les anciennes. Presque, puisque le calque est efficace, mais parce qu’on voit quand même le trait de crayon gras d’il y a trente ans ou presque.
Les fans accusent un âge plus avancé, mais ça ne les empêchera pas de faire une génuflexion et tendre un majeur au passage du trio, qui les connaît par cœur et leur donne exactement ce qu’ils veulent. Quelque chose de sale, du cambouis, les deux doigts propres d’un mécanicien qui vient de voir sa petite-amie, et surtout, l’odeur du sud des Etats-Unis qui arrive jusqu’à Nottingham.
Nottingham, Birmingham, le combat est le même, ainsi que les obsessions. Sans aller jusqu’à paraphraser le SAB, les trois anglais parviennent quand même en restant Heavy à se souvenir de la scène Hardcore anglaise la plus débridée, celle que Digby avait secouée pour en faire des longue-durée. « Misanthropizer » est d’ailleurs le coup de semonce ultime, un peu comme si un pote pas très malin vous réveillait en vous frappant une guitare sur le coin de la tronche.
Jim et les autres pissent toujours dehors, parfois au vu et au su de tout le monde, et s’en tamponnent complètement. La politesse ne fait pas partie des prérogatives pour intégrer le fan-club, et « Concrete Shock » fonctionne comme un gros tampon de l’administration qu’on se cogne dans les burnes. Mais c’est véritablement le monstrueux et horrifique « C.S.P. » qui sonne l’alarme, avec sa guitare qui glisse comme des ongles sur un tableau, et son motif répétitif et concentrique qui finit par vous vriller les neurones.
Enfin, ceux qui vous restent.
« Off Switch » confirme bien les intentions néfastes, avec une fois encore un riff en mantra qui sort des égouts pour charrier toute la merde du voisinage. Comme une fosse septique pleine à ras-bord, ce titre empeste les aisselles douteuses et les rendez-vous sous les tunnels de métro. On accepte de suivre la marche, tout en sachant très bien où tout ça nous mène : près d’un asile psychiatrique désaffecté, pour un internement forcé. D’autant que Jim ridiculise les MELVINS de son jeu de plus en plus torturé, proche d’un Justin Broadrick en pleine dépression nerveuse.
Heureusement pour nous, les trois gaillards se sentent parfois d’humeur guillerette. « Rat Flag », plus volontiers Core fait monter la tension et permet de se dévisser le menton, avant que « Lead Transfusion » ne prescrive indirectement du paracétamol en masse.
Le singe en ferraille n’a donc rien oublié de ses partitions, et continue de jouer à la blanche bien tordue. « The Gurges » en assurance-décès donne les jetons de son entame à la FETISH 69 (une des pires intros de 2024, je vous le garantis), les dissonances sont reines, l’alcool frelaté et les gueules burinées. Sans pouvoir le savoir, j’imagine que cette bande-son aurait pu accompagner les mineurs anglais durant toute une saison, tant l’oppression reste au maximum pendant presque une heure.
Et une heure en compagnie d’IRON MONKEY sonne comme trois heures avec un groupe plus éduqué. Mais loin d’être un handicap, cette dilatation du temps joue en leur faveur. Ce qui leur permet d’exploiter des idées classiques, pour les souiller et les faire leur. « The Gurges » n’est d’ailleurs pas si loin d’un side-project partagé entre Mick Harris et Justin B.
Et ça, c’est un bon compliment.
Mais les compliments, on peut se les carrer dans l’oignon. Ou plutôt dans le sonotone vu l’acharnement bruitiste de « O. D. Rose ». Drôle les g(r)as, très drôle. IRON MONKEY pue toujours autant de la bouche, et avale encore l’huile à la louche. Et c’est tant mieux.
Titres de l’album:
01. Misanthropizer
02. Concrete Shock
03. C.S.P.
04. Off Switch
05. Rat Flag
06. Lead Transfusion
07. Exlexed
08. The Gurges
09. O. D. Rose
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