Nouvelle semaine, et comment mieux l’entamer qu’en s’occupant du cas éminent de deux groupes lusophones ET énervés ?
A force de me concentrer sur les grosses sorties, j’en négligeais l’underground, et je commençais à me croire à la solde des grosses corporations…Que nenni, la foi est toujours là, ainsi que l’allant, et les deux héros de mon lundi matin se sont avérés être de solides affaires de musique bruitiste éminemment puissante et percutante. Deux groupes, un split, un seul pays et une seule ville, Leiria, Portugal.
Petit tour sur les Bandcamp respectifs, sur la page Facebook du label Untamed Records, et comme d’habitude, un minimum d’infos, qui finalement suffisent amplement pour expliquer le pourquoi du pas comment.
Grind donc, des deux côtés, mais aussi Crust, Darkcore, le tout joué avec une haine farouche d’une quelconque forme de mélodie, le truc parfait pour le lundi. Commençons pas une bio vite expédiée, puisque les deux gangs ne perdent pas de temps dans d’inutiles présentations.
Commençons donc par les premiers à balancer la sauce, les Portugais de MANFERIOR. Si l’on en juge par les parutions disponibles, le groupe semble assez récent, mais a déjà proposé un premier EP en juin 2016, Corporate Scum.
En quatre petits segments, les lusophones ne perdent pas de temps, et transcendent un Anarcho-Punk de tradition en Crust incendiaire de saison, qui ne rechigne pas à dégénérer en Grind tout juste sorti de prison. Le ton est grave, l’interprétation aussi, et les interventions passent très vite, se posant en jonction entre la tradition des DISCHARGE et la folie des TRAP THEM, avec cette petite touche Anglaise traduite en Portugais, qui rend leur musique très sombre en plus d’être agressive.
Le savoir-faire de la perfide Albion traduit dans le langage du sud, ça nous donne une bonne rasade d’extrême pas forcément facilement classable, mais hautement tendu et dense. En expulsant des riffs semblant sortis des bas-fonds du pays du Fado, les MANFERIOR font preuve de beaucoup de véhémence, et savent ajouter une grosse dose de noirceur à leur violence somme toute assez classique, quoique très, très tendue. Du très bon boulot, qu’on a hâte de découvrir en format long pour un LP qu’on espère à venir, mais même un simple EP ferait l’affaire pour patienter.
Le cas suivant est donc celui des NIHILISTIC BASTARD, qui viennent donc de la même ville que leurs copains qui le sont certainement, et qui ne font pas moins de boucan. D’ailleurs, musicalement, les deux dossiers pourraient être rangés dans le même tiroir, tant les similitudes d’approches sont évidentes, même si les NB semblent insuffler à leur chaos un peu plus de…chaos justement. Leurs trois interventions doivent beaucoup au bordel qui émanait des côtes Anglaises à la fin des années 80, traitées via un filtre Noise contemporain. La production est à l’image du son global, très rêche et sans artifices, et si les Portugais affectionnent la vitesse débridée (mais pas forcément sans limites), ils ne crachent pas pour autant sur de gros passages en mode Sludge/Doom, qu’ils détruisent à grands coups d’accélérations brutales et Crust, en gardant en tête cet esprit Punk qui les caractérise.
On pense à une version sauvage et libre des AARGH FUCK KILL, la densité en moins et le feedback en plus, mais il est clair que les trois segments balancés par les boucaniers font le job à merveille dans le créneau Post Crust énervé et incontrôlable.
Quelques accroches rythmiques sympathiques en mid tempo (« War », disponible sur leur Bandcamp), pour prouver qu’ils ne sont pas qu’un simple troupeau de taureaux, et quelques minutes d’agacement bordélique de très bon niveau. Un bouquet de riffs typiquement Death, et le tout atteint un très haut degré de violence instrumentale bien agencée façon Crossover décalé et revêche.
Le Portugal s’exporte, pour le meilleur et pour le Crust, et ce split recense quelques forces en présence qu’il serait idiot de négliger.
Vous pouvez vous procurer l’œuvre en tape en passant par la page Facebook du label, ou bien télécharger les morceaux sur les Bandcamp des groupes, sachant que les NIHILISTIC BASTARD ne vous en offriront qu’un seul pour un dollar.
Titres de l'album:
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