Deux groupes, un seul support, vous connaissez le principe puisque j’ai chroniqué assez de splits pour vous rentrer le concept dans le crane.
D’ordinaire, cette complémentarité sied mieux aux groupes de Hardcore, de Grind ou autres excroissances bruitistes, mais il arrive que des ensembles un peu plus « conceptuels » s’en satisfassent aussi. La preuve, ce nouvel exercice de style conjoint proposé par Halo of Flies, label exigeant parmi l’exigence, qui nous offre deux face partagées par deux combos typiquement US, que certains connaitront bien sûr déjà.
Et si vous êtes un minimum attentif, vous remarquerez que je vous ai déjà parlé des CLOUD RAT, à l’occasion de leur duo avec MOLOCH, puisque le trio produit à grande échelle, et n’est jamais avare de participations. Leur LP Qliphoth vaut aussi le détour, via ma prose ou en solitaire, et c’est donc avec une joie non feinte que je les retrouve aujourd’hui en grande forme, pour un seul morceau, mais si long qu’il aurait pu occuper un EP entier.
Toutefois, les CLOUD RAT ne sont pas seuls sur ce coup-là, sinon, pourquoi parler de split, et se voient donc rejoints dans leur entreprise de propagande par un autre combo ricain, aux préoccupations assez éloignées des leurs…
Deux titres pour quarante minutes de musique, et vous savez déjà qu’il vous faudra faire bien des efforts pour en pénétrer les nombreux et déviants arcanes. Mais faites-moi confiance, le jeu d’endurance en vaut largement la chandelle.
Certes, les DISROTTED ne jouent pas vraiment la variété ou l’ambivalence, et osent pendant plus de vingt minutes faire ce qu’ils ont toujours fait, à savoir vous flanquer un bon coup de Doom/Sludge derrière les oreilles, mais le « Holding The Picture » de leurs compères du jour présente suffisamment d’intérêt pour que vous pardonniez à ce split sa seconde entrée un peu…inamovible.
Mais un peu d’histoire, avant de plonger tête baissée dans cette expérience somme toute assez troublante.
Ordre d’apparition oblige, abordons d’emblée le cas des originaires du Michigan de CLOUD RAT. Fondé fin 2009, ce trio (Brandon – batterie, Madison – chant et Rorik – guitare) a déjà sévi sur bon nombre de supports, et a multiplié les EP, splits et LP, pour « grinder tout ce qui passe à leur portée » mais d’une approche beaucoup plus progressive et futée que la moyenne. Le trio défend des valeurs, supporte le véganisme et la cause animale, mais produit surtout une musique très fouillée est très intrigante, ce que confirme leur unique titre présent sur ce split, d’une durée très honorable de dix-huit minutes.
Avec pareil timing, vous vous doutez bien que les natifs de Grand Rapids ne vont pas blaster comme des dingues sans discontinuer, mais amener leur propos d’une façon évolutive. Et vous aurez totalement raison, puisque « Holding The Picture » passe par toutes les ambiances possibles, sans se complaire dans une violence crue et ininterrompue. Alors, Post Metal, Post Rock, Sludge, Grind, Doom, tout y passe, avec un brio impressionnant, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’écouter plusieurs pistes fondues en une seule, sans que la cohérence n’en pâtisse. C’est très bien agencé, et ça joue avec l’alternance de lourdeur et de vélocité, sans se départir d’une tristesse de ton assez étrange. On pense parfois à une version très étendue du meilleur NEUROSIS, mixé à des influences MASTODON, et diluée dans des volutes lysergiques à la PRIMITIVE MAN, un peu fatigué de toujours devoir se justifier.
Les harmonies anémiées se taillent les veines au milieu d’une indifférence rythmique palpable, et finalement, la vingtaine de minutes passe comme dans un cauchemar éveillé, assez symptomatique du travail des CLOUD RAT, mais qui ouvre quand même des pistes supplémentaires, qui donnent la ciguë à la bouche et suscitent une impatience tangible quant à leur production à venir…
Ce groupe est décidément unique, et chacune de ses interventions mérite l’attention, ce que ce split démontre sans forcer le trait.
Le cas des DISROTTED, Illinois est éminemment différent, et beaucoup plus compact. Disposant d’une production pléthorique, les originaires de Chicago privilégient quant à eux la lourdeur extrême d’un Doom tirant sur le Drone, et ne rechignant pas à se frotter au Sludge dans les passages les moins éprouvants.
Le format étiré et exagéré leur est donc plutôt familier, et « Dissipate » ne fera pas tâche dans leur discographie vouée à la pesanteur et à l’oppression rythmique et vocale.
Les fans et amateurs éclairés ne seront donc pas surpris par l’ambiance étalée sur ce morceau qui une fois encore fait la part belle à l’économie, et triturant un riff quasiment unique au-delà du raisonnable, et en le soutenant d’un tempo pachydermique. Les arrangements, sobres, sont la plupart du temps constitués d’interventions vocales abyssales, de feedback assourdissants, et d’intensité de volume qui frise nos tympans pour mieux les malmener.
On pense aux références qu’ils utilisent, WINTER, INCANTATION, mais aussi ENCOFFINATION, et pourquoi pas BORIS ou SUN O))), quoique les DISROTTED se situent un peu en convergence de toutes ces citations, en refusant de se frotter aux extrêmes les plus emphatiques.
Leur musique reste néanmoins éprouvante pour les néophytes qui se demanderont quand le morceau va décoller, question légitime mais promise à une impasse, puisque le but du jeu est justement de ne pas évoluer, pour provoquer une sorte de transe symptomatique du Doom le plus traditionnel.
Mais la gravité extrême associée au statisme des motifs exerce une sorte de libération cathartique, comme un mantra répété jusqu’à l’overdose, qui vous permet d’atteindre un niveau inférieur de perception en vous repliant sur les répétitions.
A vous de savoir si votre résistance est taillée pour supporter une telle masse, ou si votre patience ne pourra supporter plus que quelques minutes de l’effort.
Mais l’avantage de ce nouveau split est de nous offrir deux options bien scindées, et donc d’éviter le piège des deux groupes assemblés parce que très similaires. Ma préférence personnelle ira évidemment aux CLOUD RAT qui ne m’ont jamais déçu, et dont la musique me parle plus, mais à chacun d’y trouver son compte ou pas. En attendant, pour quarante minutes de « musique » et deux groupes, vous n’êtes pas perdants. Ce qui est quand même dans l’intérêt de tout le monde.
Titres de l'album:
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