Ben Vanweelden fait partie de ces acteurs underground de la scène Black Metal, qu’il agite de ses nombreux projets. On le retrouve à l’origine de CEREMONIC BURYMENT, DISTANT VESSEL, WALLOW, et évidemment VENOMOUS ECHOES, son concept le plus viable et productif. Avec un premier album paru en 2023, Writhing Tomb Amongst the Stars, Ben a imposé une certaine esthétique morbide, et proposé l’idée d’un Crossover global entre Death et Black Metal, pour un public avide de sonorités sombres et de violence sourde. Un an à peine après la sortie de ce premier long, Ben remet le couvert, et nous propose Split Formations and Infinite Mania, qui continue d’explorer les tréfonds de l’extrême le plus pur et sans compromis.
Et l’affaire fait beaucoup de bruit, pour utiliser un euphémisme.
Soutenu cette fois-ci par la référence expérimentale I, Voidhanger, VENOMOUS ECHOES peut donc compter sur une promotion conséquente qui lui permettra de se faire connaître au-delà d’un rayonnement intime. On connaît les inclinaisons du label italien pour les bestioles malformées et irascibles, pour ne pas dire les créatures aux propos les plus abscons, et retrouver dans l’écurie ce projet américain n’est donc pas une grosse surprise. D’autant que la tonalité utilisée pour ce nouveau chapitre est encore plus basse que d’ordinaire. Ce qui vous garantit quelques cauchemars sonores et autres traumas persistants.
MORBID ANGEL, HOWLS OF EBB, ESOCTRILIHUM, PORTAL, ULTHAR, voilà les noms utilisés pour les recommandations usuelles. Ces références ne sont évidemment employées qu’à titre d’exemple, et non de définition précise. La musique de VENOMOUS ECHOES se propage sur les landes du Black Metal le plus guerrier, mais les nombreuses déviations et autres fantaisies permettent à Ben de s’aménager une voie royale vers l’avant-garde et l’expérimental. J’en tiens pour preuve ce break Dub totalement incongru sur le cruel « Miscreated Pustules », qui tire parfois sur les pigeons DODECAHEDRON et WOLVES IN THE THRONE ROOM.
De l’audace donc, pour un projet bien moins simple qu’il n’y paraît. Responsable de toute l’instrumentation, de la composition et de la production, dans ses propres studios, Ben Vanweelden part donc dans des directions différentes, pour mieux faire passer la pilule de l’originalité, dont il maitrise le dosage avec brio.
Constamment sur le qui-vive, Split Formations and Infinite Mania explore un univers sans fin, propose quelques arrêts dans des galaxies ténébreuses, avant de s’envoler à la vitesse de la lumière vers un gigantesque trou noir. Mais jamais le plan de route ne dévie par pur caprice. Les circonvolutions, virages, trajectoires erratiques sont pensés, validés, et imbriqués dans une stratégie de vol imprévisible, mais logique.
N’hésitant jamais à corser sa musique de petites trouvailles en écho, en reverb’ et en constructions en gigogne, VENOMOUS ECHOES s’avère vite inclassable, et impossible à domestiquer. L’évanescence de l’intro de « For Thy Avant Void » prouve que l’américain se nourrit dans plusieurs cantines, en compagnie de clients aussi exigeants que lui. Maître des dissonances, de la discordance, de la lancinance, Ben nous présente un véritable festival de figures non imposées, n’hésitant jamais à briser une ligne droite pour s’offrir une perpendicularité bancale. Sur de longues minutes, son imagination fertile nous dessine les contours d’un monde différent, parfois grotesque, souvent impitoyable, et toujours brutal.
Il convient d’avoir déjà confié ses oreilles à des groupes décalés et portés sur l’anticonformisme. Sinon, vous risquez de vous perdre dans les dédales de ce labyrinthe musical, souffreteux, menaçant, grouillant et morbide, pour utiliser le bon mot. Jamais avare d’un riff louche, Ben provoque le chaos pour faire naître la lumière, et nous inonde de rais radioactifs qui brûlent la peau comme de l’acide (« Mucous Slathered Face Morphed into Tsathoggua »).
Cryptique et hystérique, parfois à la lisière du Mathcore le plus inextricable (le complètement dingue « The Millions ov Eyes Transformed », qui fait passer la collaboration entre DILLINGER ESCAPE PLAN et Mike Patton pour un spectacle de maternelle), mais toujours surprenant, ce deuxième album est d’une inventivité rare, mais d’une méchanceté de grosse teigne.
Les sons sont abrasifs, les bruits blancs utilisés au-delà du supportable (« Abhoth Multiplied to Thy Millennium » empiète sur le territoire du Noisecore et du Power Electronics), les astuces Ambient toujours judicieuses, et le sentiment qui se dégage à de faux airs de confusion totale, de perte des sens, et d’errance entre lucidité falsifiée et coma éthylique.
Inutile donc de prendre des drogues pour apprécier Split Formations and Infinite Mania. Cet album EST une drogue, addictive, dangereuse, et aux effets secondaires notables. VENOMOUS ECHOES reste donc fidèle à sa petite réputation, et fera le bonheur des aficionados d’I, Voidhanger. De quoi se réjouir de cette anormalité crasse, qui permet de s’extraire d’une violence prévisible pour se confronter à une brutalité presque intellectuelle.
Titres de l’album:
01. Ocular Maltosis ov Schizophrenia
02. Miscreated Pustules
03. For Thy Avant Void
04. Mucous Slathered Face Morphed into Tsathoggua
05. The Millions ov Eyes Transformed
06. Abhoth Multiplied to Thy Millennium
07. Split Formations and Infinite Mania
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