Un jour d’ennui profond, les MISFITS et les CRAMPS se lancèrent un défi. Trouver les aiglefins les plus pendables pour en faire un groupe de musique putréfiée. Alors que les CRAMPS prenaient de l’avance en fréquentant les bas-fonds de Paris, les MISFITS se ressaisirent en s’incrustant dans les fêtes gothiques les plus crasseuses, y dénichant les bandits de grand-chemin les moins recommandables. Et ainsi, après une sacrée fête en compagnie des frères Rapetou et des trois petits cochons, les deux orchestres se mirent d’accord sur trois noms : Morris Duvis (guitare, décédé en 1940), Brutal Juice (guitare, pendu en 1959) et Arnie Spookingham (chant, date de décès inconnu, tout comme son origine). Une fois ces trois larrons en foire réunis outre-tombe, les idées fusèrent et les fusibles disjonctèrent : NOT BAD était né, et c’était plutôt pas mal.
Les deux parrains observèrent la croissance exponentielle de ces trois petits démons, attendant avec impatience le jour où ils pousseraient leur premier cri sur la place publique, en plein milieu d’une cour des miracles réunie à la hâte. Mais il leur fallut patienter jusqu’en 2023 pour pouvoir profiter de ce hurlement dantesque à réveiller Danton et Robespierre. Loin de la Bastille, NOT BAD s’était échappé de sa pouponnière, et entamait une carrière d’adulte/adolescent perpétuel sous les pires auspices.
NOT BAD apprit beaucoup de ses deux tuteurs, mais transposa leur langage morbide dans un vocable beaucoup plus métallique. Exit le Psychobilly, exit les franges collées à la glue, et bonjour le teint verdâtre et les réflexes conditionnés. Spook up your Life était né de l’envie de faire peur aux braves gens, ceux-là même qui se bécotent sur les bancs pubiques.
A la façon d’un détournement de mineur SPICE GIRL, Spook up your Life n’était destiné qu’à une seule mission : vous faire trépider, taper du pied, dodeliner du chef, et entrevoir quelques possibilités amusantes dans la nécrophilie de salon. Posés sur un tapis rythmique enragé, quinze chapitres d’horreur se tiraient la bourre sans tirer la chasse, et la chasse quant à elle était ouverte : contaminer le plus d’humains possibles, et les convertir au culte du formol et des arrangements de train fantôme.
Plus Scooby-Doo que Romero, NOT BAD aménagea donc une vieille calèche en mode bus de l’étrange, prêt à parcourir les routes pour en traumatiser les voyageurs. Armés d’une bordée de riffs mortels et de lignes de chant vénéneuses, les trois musiciens sentaient bien que leur créneau Horror Metal était à même de fédérer des avis tranchés, mais délicieusement enthousiastes. Entre une accolade au père de Rob Zombie et une petite calotte sur les fesses de la grande sœur des JESUS ON ECSTASY, entre les délires nocturnes de MÖRGLBL, les exactions louches de GNÔ, et les réflexions philosophiques de RUFUS BELLEFLEUR, NOT BAD s’était fait sa petite place dans le cœurs des zombies les plus farceurs, mais amateurs de talent. Et si la France en a un incroyable, ces lascars en ont un encore plus énorme.
Tentez le voyage, en aller simple évidemment, et laissez-vous bercer par ces comptines de vampires, de loups garous, de sorcières et autres créatures de cimetières. Vous ne manquerez pas de danser comme des fous sur des hymnes à la débauche sympathique, et entre le groove infernal de « Bone to be Wild », sorte d’hommage à MORBID ANGEL via un croc-en-jambe à NIGHTFALL, et « March of the Monsters » aux syncopes à filer des crampes à des squelettes de bas étage, la fête est folle, et méchamment frivole.
Bande-dessinée de l’outrance joyeuse et de la paillardise heureuse, Spook up your Life est un remède fantastique à la dépression ambiante. Une façon de festoyer et d’oublier les impératifs d’une existence consciente de ses propres dangers et écueils à passer. Avec une paire de guitaristes totalement allumés et un chanteur qui se prend pour un monsieur loyal des années Amicus, NOT BAD se range du côté d’un Creepshow de samedi soir, lorsque les gens honnêtes ont fermé leurs volets pour ne pas craindre les affres de la nuit tombée.
Blindé de hits Pop travestis en foudroîments Metal, Spook up your Life épice votre pauvre petite vie de poivre de spectres, et laisse les fantômes sortir du placard. Parfois proche d’un PSYKUP défroqué entre le curé et ses enfants de chœur, parfois plus WHITE ZOMBIE qu’un Boris Karloff décati et blanchi, NOT BAD tape de tous les côtés pour se la jouer joueur de flute nocturne, drainant dans son sillage les corps les plus fondus et les rictus malicieux de malotrus.
Et si la dextérité est évidente, elle est mise au service de porcelaine d’une musique populaire, et accessible par tous. On reconnaît bien là la patte des rebelles frenchies, qui entre CARNIVAL IN COAL et IGORRR se font un petit strip-poker à la lumière des bougies.
N’allez pas fleurir les tombes de ces trois marsouins, ils en sortent assez souvent pour en acheter eux-mêmes. Non, enfilez une cape, marchez dans l’ombre, et rejoignez les prisonniers de la lune pour une célébration d‘un hédonisme post-mortem. Car non seulement cet album n’est pas mal, mais il est en plus très bon. Les CRAMPS et les MISFITS peuvent être fiers de leur engeance : elle est colérique mais sympathique, festive et sérieuse, et surtout, suffisamment putréfiée pour déboucher quelque nez.
Spook up your Life fonctionne en double-feature dans tous les bons drive-in, de ceux que l’on ne quitte qu’au petit matin les yeux rougis et l’haleine moisie.
Titres de l’album :
01. Hell-O ! Did That Groove ?
02. Pussy Poker
03. Children of Gotham
04. Alien’s Journey
05. Bad Vigilante
06. Bone to be Wild
07. March of the Monsters
08. Spooky Baby
09. TWAT (Teenage Werewolves Attack Town)
10. Don’t Worry, be Creepy
11. Voorhees
12. Love on the Deathfloor
13. Why so Serious Belmont ?
14. Prime Time, Bitch
15. The Undead Brash
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22