Quand on parle de Heavy Metal et de Power Metal, on pense irrémédiablement à l’Allemagne, le pays qui en a édicté et popularisé les codes, et aussitôt, des images musicales viennent en tête. D’énormes riffs fiers, des rythmiques tonitruantes, des textes concentrés sur une imagerie épique, et des traves évident. Une façon de voir les choses excessive, des poncifs assumés, et une certaine tendance à la complaisance. Mais le Power Metal n’est pas l’apanage du peuple germain, et depuis son émergence dans les années 80, le style s’est vu approprié par l’Amérique du Sud, les Etats-Unis, et surtout, la Suède, et comme tout le monde le sait, les suédois ne font jamais les choses comme tout le monde. Ils le font mieux. C’est en tout cas ce que suggère le parcours d’un groupe qui a lui seul incarne tout un pan de la culture Heavy scandinave, depuis la fin des années 90. CRYSTAL EYES, c’est un peu l’outsider qui n’a jamais vraiment explosé, et qui pourtant incarne des valeurs sûres, comme cette qualité constante dans le développé de ses œuvres. Pensez donc, une carrière impeccable, sanctionnée de sept longue-durée consécutifs entre 1999 et 2014, tous gratifiés d’un score supérieur à quatre-vingt pour cent sur les sites référentiels. Mais cette reconnaissance n’a rien de subjective, chauvine ou gratuite, car les CRYSTAL EYES font partie des meilleurs musiciens/compositeurs du créneau, ce que leur dernier album en date, Killer, prouvait une fois encore il y a cinq ans. Cinq ans, la période qu’il nous aura fallu supporter pour avoir des nouvelles du combo, qui se faisait un peu trop discret au regard de la dévotion de ses fans. Et pour cause, les originaires de Borås préparaient dans l’ombre leur grand retour. Et ce grand retour se fête aujourd’hui en écoutant religieusement Starbourne Traveler, le huitième LP du gang. Et à n’en point douter, l’un des meilleurs.
L’un des meilleurs à tel point que les fans les plus hardcore du groupe n’hésitent pas à le comparer à Vengeance Descending, publié en 2003 et considéré comme l’un des plus hauts faits d’armes des suédois. Sans savoir avec le peu de recul si cette assertion est crédible, il est certain que ce nouvel album est une mine de hits et un grand retour en forme du quatuor (Mikael Dahl - guitare/chant, Jonatan Hallberg - guitare, Claes Wikander - basse et Henrik Birgersson - batterie). Mixé et masterisé par Fredrik Nordström au Studio Fredman, Starbourne Traveler est plus qu’un simple album ou une étape de plus sur le parcours des suédois. Il est une preuve d’allégeance à un style qui ne supporte plus les clichés et les poncifs, et qui réclame un équilibre stable entre figures imposées et culot. Sans faire preuve de trop d’audace, les CRYSTAL EYES se sont donc concentrés sur la qualité des compositions, et par extension, ce huitième chapitre à de fausses allures de best-of d’une aventure née dans les années 90, mais toujours aussi passionante alors que 2020 pointe le bout de son nez. On y retrouve toutes les composantes d’un genre transcendé par une passion sans failles, ces références constantes à STRATOVARIUS, ANGRA, GAMMA RAY et à l’école harmonique suédoise, pour un feu d’artifices ininterrompu osant le Speed comme contrepoint affolé d’un Heavy tirant sur le Hard Rock. Et là réside la clé de l’art scandinave en la matière, cette façon d’alléger les débats sans les rendre trop consensuels, mais leur évitant de s’embourber dans les marais d’un Heavy un peu trop épais et putassier. Plus Hard que Heavy donc, mais pas moins puissant pour autant. N’ayant pas perdu de vue qu’un excellent album de Power Metal se devait d’être hautement mélodique et épique, le quatuor nous propose donc une synthèse parfaite, assemblée de refrains fédérateurs et de licks de guitare immédiatement mémorisables, tentant parfois le pari de la composition parfaite et enchanteresse comme le démontre le hit imparable « Corridors Of Time ». Voix lyrique mais pas trop, hurlements stridents à faire remonter la glotte au niveau des dents, unisson de chœurs qui confèrent à un morceau une aura presque mystique, pour une ballade dans les couloirs du temps qui enchante, transcende et nous ramène à l’époque bénie où le genre avait encore tout à inventer.
Bien évidemment, les clins d’œil sont parfois très poussés, comme ce mid tempo sournois sur « Paradise Powerlord » qui rappelle le plus grand ACCEPT, celui de Russian Roulette et Metal Heart, ou cette rapidité limpide qui provoque le fantôme de SCANNER, invité aux agapes nordiques de STRATOVARIUS. Mais tous ces détails ne cachent pas la grande qualité d’une œuvre qui utilise tous les codes à sa disposition pour les faire siens, le talent naturel des suédois en la matière. Alors les hymnes se succèdent, sans jamais rester sur l’estomac, puisque le mot d’ordre reste la légèreté et le plaisir coupable, mais pas l’excès de guitares empesées et d’envolées opératiques à deux sous. Sans vraiment chercher à révolutionner leur petit monde, les CRYSTAL EYES en subliment les reliefs et contours, et se concentrent toujours sur une façon imparable de ne pas perdre en puissance ce qu’ils gagnent en subtilité. Et si les guitares n’ont pas oublié les enseignements de Dieux MAIDEN et PRIEST, si l’ambiance générale sait se baser sur des principes germains éprouvés, l’ensemble donne vraiment le sentiment d’un travail de passionnés, ne cherchant pas le gimmick à tout prix, et nous évitant les pathétiques « Hé, ho », qui plombent souvent le fond de ce genre d’entreprise. Evidemment, nul n’est obligé de tout apprécier, et parfois, le classicisme est encore un peu marqué (« Into The Fire », sauvé par une rythmique plus inventive que la moyenne), mais ces rares faux-pas sont immédiatement remis sur le droit chemin par des astuces purement scandinaves pour titiller l’harmonie de façon efficiente et séduisante (« Midnight Radio », pur tue Hard Rock californien de la fin des années 80).
En profitant pour replacer des titres dans des versions réactualisées, les suédois donnent un coup de jeune au classique épique « Rage On The Sea » qu’on trouvait déjà sur leur premier LP, World of Black and Silver, et qui sert ici d’épilogue bien senti. Cette version n’offre pas de véritable plus-value à l’original, mais permet de boucler la boucle, et de nous permettre un regard en arrière assez attendrissant. D’un autre côté, le poétique et héroïque « In The Empire Of Saints » démontre que le groupe n’a pas perdu son inclinaison pour l’émotion, avec cette mélodie acoustique se transformant en crise de larmes électrique. Et l’un dans l’autre, Starbourne Traveler sous sa magnifique pochette nous transporte dans le temps et l’espace, du côté d’une Suède qui a redonné ses lettres de noblesse à un genre qui avait désespérément besoin d’une nouvelle légitimité.
Titres de l’album :
01. Gods Of Disorder
02. Side By Side
03. Extreme Paranoia
04. Starbourne Traveler
05. Corridors Of Time
06. Paradise Powerlord
07. Into The Fire
08. In The Empire Of Saints
09. Midnight Radio
10. Rage On The Sea
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